Reportage

À Lyon 1, les étudiants en médecine se forment aux soins post-attentat

Pour leur examen, les étudiants en médecine de Lyon 1 doivent prendre en charge deux mannequins qui présentent des blessures par balle et des membres arrachés.
Pour leur examen, les étudiants en médecine de Lyon 1 doivent prendre en charge deux mannequins qui présentent des blessures par balle et des membres arrachés. © Morgane Jacob
Par Morgane Jacob, publié le 11 avril 2016
4 min

Jeudi 7 avril 2016, une vingtaine d’étudiants en médecine de Lyon 1 ont participé à un exercice d’intervention d’urgence sur des blessés de guerre ou d’attentat. L’événement était organisé en partenariat avec l’armée pour sensibiliser ces apprentis médecins aux gestes qui sauvent. Une journée plus utile que jamais, alors que la menace terroriste est dans toutes les têtes.

"On a un pouls ?" Tanguy va et vient entre quatre étudiantes, penchées sur deux blessés. "Toujours pas de pouls ?" Un attentat vient d'avoir lieu dans l'université et il faut faire vite. Il s'agit de maintenir les victimes en vie en attendant leur transport à l'hôpital. La scène de guerre est réaliste, mais c'est un exercice. Les blessés sont des mannequins haute-fidélité qui saignent et gémissent.
Tanguy et ses camarades, Eva, Camille, Aurélie et Manon, sont en quatrième année de médecine. Jeudi 7 avril 2016, déclarée Journée nationale du réserviste, ils passent un examen pour valider une unité d'enseignement (UE) un peu spéciale : "Évolution de la santé, évolution des risques". Depuis octobre 2015, ils sont formés à la prise en charge de victimes selon les protocoles de sauvetage au combat. Pour Tanguy, ce cours est indispensable. "L'intitulé de l'enseignement ne donnait pas forcément envie. Mais, en fin de compte, tout le monde devrait y passer. On est étudiants dans le civil, pas militaires, et ça c'est un enseignement militaire, des gestes pratiqués en zone de combat ou lors d'attentats. Mais on devrait savoir poser un garrot, faire une perfusion. Notre formation ne nous l'apprend pas forcément, alors que cette UE optionnelle, si", explique l'étudiant. À ses côtés, Eva est pragmatique : "Quand il y a eu l'attentat au Bataclan, je me suis dit 'heureusement que je n'y étais pas', car je n'aurais pas du tout su quoi faire. Maintenant, je me dis que je peux au moins arrêter une hémorragie."

Les étudiants en médecine sont évalués sur la prise en charge de la victime dans sa globalité : rapidité, pertinence des gestes, réalisation technique.

Une formation adaptée aux menaces émergentes

Cette UE existe depuis 2011 à l'université Lyon 1. Créée et gérée par le commandant Géraldine, réserviste et maître de conférences, elle réunit 25 à 30 élèves autour de problématiques émergentes, comme les risques NRBC (nucléaire, radioactif, biologique et chimique) ou liés au virus Ebola. Chaque année, la liste des candidats à cette option s'allonge. "Son côté pratique et l'apprentissage par simulation qu'elle propose intéressent de plus en plus. D'autre part, entre Fukushima, Ebola, les attentats que nous avons vécus et dont nous sentons la menace prégnante, c'est une UE optionnelle dont les étudiants reconnaissent de plus en plus l'utilité."

Les gestes qui sauvent à portée de tous

Un peu plus loin, sous une autre tente, les étudiants, tous niveaux et spécialités confondus, sont initiés à la pose d'un garrot. Geste essentiel en cas d'hémorragie, il ne peut être improvisé. Julie a 20 ans, elle est en troisième année de médecine. Si elle n'a pas encore choisi sa spécialisation, cet événement lui apporte des réponses. "De manière générale, la médecine d'urgence m'intéresse. Ici, c'est du concret, on peut s'exercer, confie-t-elle en sortant de la tente. En plus, il y a des mannequins qui saignent vraiment. On peut donc mesurer l'efficacité de notre geste. Je trouve ça bien d'être préparé." Car il s'agit bien de ça : être préparé à des situations d'urgence, comme l'attaque du Bataclan, que chaque étudiant en médecine présent ce jeudi garde en tête. Quentin vient de passer une heure à discuter des gestes qui sauvent avec un médecin du Samu de Lyon. "Dans nos familles, on nous demande : 'Si ça arrive demain, est-ce que tu pourras faire quelque chose ?' Jusqu'à aujourd'hui, je me disais que je ne saurais pas quoi faire. Alors, je trouve ça intéressant d'avoir un aperçu. Cela me pousse à aller me former."

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