Décryptage

Étudiants en santé, des mesures pour améliorer votre bien-être

Des internes de medecine au sein de l'hopital Henri Mondor a Creteil.
Mardi 3 avril, 15 mesures ont été présentées pour améliorer le bien-être des étudiants en santé. © Anthony MICALLEF/HAYTHAM-REA
Par Erwin Canard, publié le 03 avril 2018
5 min

La ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation et la ministre des Solidarités et de la Santé ont présenté, ce mardi 3 avril, quinze mesures pour améliorer le bien-être des étudiants en santé. Des jeunes souvent confrontés aux angoisses et à la pression liées à leurs études.

Comment améliorer le bien-être des étudiants en santé ? C'est pour trouver une réponse à cette problématique que Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, et Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, ont missionné, en juillet 2017, la docteure Donata Marra, qui a mis en place le BIPE (Bureau d’interface professeur étudiant) de la faculté de médecine de Sorbonne Université.

14 % des étudiants et jeunes médecins auraient eu des idées suicidaires

La situation est inquiétante. À la question "Y a-t-il un problème de mal-être des étudiants en santé ?", Donata Marra répond sans ambiguïté : "Oui". Les deux ministres pointent des "événements dramatiques". Dans son rapport, Donata Marra évoque, par exemple, une enquête du Conseil national de l'Ordre des médecins de 2016 qui montrait que 14 % des étudiants et jeunes médecins avaient déjà eu des idées suicidaires.

En 2017, un sondage pointait, lui, des situations de maltraitance chez les étudiants en soins infirmiers. Une étude de la FNESI (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers), citée dans le rapport, indique que 34% des 14.000 étudiants en soins infirmiers interrogés étaient victimes de crises d'angoisses et 20 % consommaient des anxiolytiques.

Plus du tiers des étudiants en santé victimes de crises d'angoisses
Plus du tiers des étudiants en santé victimes de crises d'angoisses © ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche

Et la situation empirerait, explique Donata Marra, en raison de l'évolution de la société (changements culturels, réseaux sociaux…), de la modernisation des métiers et des difficultés du système de soins "soumis à une pression constante vers la rentabilité". Mais aussi à cause de l'augmentation du nombre des étudiants sans augmentation du nombre d'enseignants, de la diminution du nombre d'encadrants en stage ou encore de la perte de la dimension collective dans les équipes de soins. Selon le Dr Marra, "il est temps d'intervenir, pour les étudiants, pour les soignants et pour les patients".

Des structures d'accompagnement dans toutes les facs

S'appuyant sur le rapport de Donata Marra, les deux ministres "s'engagent" sur quinze mesures. Parmi elles, la création d'une structure d'accompagnement des victimes de violences dans chaque université est prévue. Une cellule d'accompagnement psychologique verra aussi le jour dans les facultés de santé. Elles seront ouvertes à tous les étudiants, tout en garantissant la confidentialité. Les étudiants en santé qui le souhaitent devraient pouvoir bénéficier d'un avis psychiatrique. Grâce à des personnes formées à cela, la structure devrait pouvoir dépister les signes de souffrance mentale.

Les deux ministres promettent également davantage de moyens pour les centres de santé universitaires.

Par ailleurs, toutes les formations en santé contiendront désormais un module concernant notamment les risques psycho-sociaux et la gestion du stress.

Mieux encadrer les stages

Afin de limiter les situations de maltraitance des étudiants stagiaires, une mesure évoque l'évaluation systématique des lieux de stage. En cas d'évaluation "insatisfaisante", une "procédure de réexamen de l'agrément" sera déclenchée. Les conditions de travail en stage seront améliorées, avec notamment le "respect strict du repos de sécurité et la limitation à 48 heures du temps de travail hebdomadaire".

Outre la création d'un module d'informations sur les formations en santé sur Parcoursup dès la rentrée 2018, une mesure préconise de "sortir d'une logique de compétition" et de poursuivre les expérimentations d'alternative à la PACES. Un module de préparation du projet professionnel dans toutes ces expérimentations sera par ailleurs créé.

Aussi, en cas de "situation exceptionnelle", une cellule nationale pourra assurer un changement de filière ou de subdivision, en dehors des règles liées au classement à l'ECN (Épreuves classantes nationale). Les passerelles à tout niveau d'études seront également facilitées.

Les deux ministres prévoient enfin d'améliorer les liens avec les associations étudiantes afin de créer des structures régionales pour gérer les difficultés des internes en particulier, et de réaliser des enquêtes "à jour fixe".

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