Reportage

Ma rentrée à la fac : la PACES à Paris, est-ce vraiment l'enfer ?

Début d'année pour les étudiants de PACES de l'UPMC.
Début d'année pour les étudiants de PACES de l'UPMC. © Aurore Abdoul-Maninroudine
Par Aurore Abdoul-Maninroudine, publié le 15 septembre 2016
1 min

Amphis mouvementés, désorganisés, remplis d'étudiants angoissés... La PACES (Première année commune aux études de santé) est-elle un mythe ou une réalité ? Quelques jours après le début des cours, on est allé juger sur place à l'UPMC (université Pierre-et-Marie-Curie), à Paris.

8 h 10. On m'avait prévenue : pour avoir une place dans l'amphi de PACES (Première année commune aux études de santé), il fallait arriver au moins une demi-heure en avance. Autant dire qu'en déboulant à 8 h 10 devant le 91, boulevard de l'Hôpital, le bâtiment regroupant les amphis de PACES de l'UPMC (université Pierre-et-Marie-Curie), j'avais presque l'impression d'être en retard. Et là, grosse déception : il n'y a quasiment personne dans le hall... Trois étudiants errent comme des âmes en peine dont Mitzy, déjà en train de lire un polycopié.

8 h 20. Les étudiants commencent à arriver, tranquillement. Un vigile à l'entrée du bâtiment contrôle les sacs. Certains discutent un peu devant les amphis mais la plupart vont s'installer directement dans la salle qui leur a été affectée en fonction de leur groupe.


Contrôle des sacs à l'entrée de l'UPMC.

8 h 30. Début du cours. L'amphi qui accueille le prof de biochimie est quelque peu clairsemé... Comment est-ce possible ? Suis-je bien en PACES ? Farida Khennane, la responsable de la scolarité, n'est pas surprise : "Nous accueillons 2.500 étudiants divisés en deux groupes : la moitié des étudiants a cours le matin et suit des TD l'après-midi. C'est l'inverse pour l'autre moitié. C'est une grosse logistique. Mais pour éviter que les amphis soient pleins, nous rediffusons en simultané le cours dans deux amphis et les étudiants ont la possibilité de le regarder en direct sur la plate-forme de l'université."

Autre particularité de l'UPMC : afin d'empêcher toute perturbation pendant le cours, les surveillantes d'amphis, Françoise, Chantal et Farida ferment les portes au bout de cinq minutes. Ce sont également elles qui veillent à ce qu'il n'y ait aucun bruit. "En cas d'étudiants perturbateurs, nous n'hésitons pas à sévir", annonce Chantal, avant d'ajouter dans un sourire "mais cela n'arrive jamais...". De fait, on entendrait une mouche voler. Seules deux copines rigolent de temps en temps. Discrètement.

Autre surprise, aucun ordinateur n'est visible dans l'amphi : les étudiants prennent leurs notes sur des polycopiés qu'ils ont visiblement déjà lus et stabilotés de toutes les couleurs possibles !

Un jour en amphi, en PACES à l'UPMC.

10 h 00. "Aujourd'hui, c'est la fête, vous avez droit à 10 minutes de pause." L'annonce du professeur est suivie par un élan de la moitié de l'amphi qui se lève pour aller prendre un café.

Stressés, les étudiants ? Ils semblent plutôt détendus. "On nous dit tellement qu'on va travailler comme des fous que, finalement, ça va", sourit Juliette, d'autant plus que tous les TD n'ont pas encore commencé. La jeune étudiante de 18 ans a suivi une prépa privée, jugée plus "intensive" que le stage de pré-rentrée proposé par l'université, avant de plonger dans l'inconnu. "Cela permet de se mettre dans le bain et de comprendre la quantité de travail nécessaire."

Clotilde et Erwan se sont, eux, rencontrés lors de la pré-rentrée de l'UPMC : 4 heures de cours tous les matins, même le samedi. "C'est le bon point de ce stage, ça permet de rencontrer du monde, explique Clotilde qui arrive d'Espagne. En plus de prendre de l'avance sur le programme", s'empresse-t-elle d'ajouter. Erwan de son côté a réalisé un doublé : prépa gratuite et prépa privée. "Les cours de l'université avaient lieu le matin, ceux de la prépa l'après-midi, donc c'était possible de faire les deux...", détaille-t-il.

La prépa tout au long de l'année est également un sujet de conversation récurrent : tutorat ou prépa privée ? Si certains ne se posent pas la question comme Mitzy ou Léa – "le privé, c'est trop cher" – d'autres n'ont pas hésité. C'est le cas de Jeanne : "Tout le monde me l'a conseillé et mes parents pouvaient me l'offrir. Mais c'est vrai que cela entraîne des inégalités entre étudiants", admet-elle.

12 h 30. Des étudiants déjeunent par terre ou sur des tables devant les amphis. L'UPMC dispose pourtant d'une cafeteria à proximité et le Crous (Centre régional des oeuvres universitaires et scolaires) est à 10 minutes à pied... "C'est toujours bondé, me répond en chœur un groupe d'étudiants : il y a trop de monde, c'est trop loin, c'est une perte de temps !"

Pause déjeuner pour les étudiants de PACES de l'UPMC.

Dans ce groupe, on parle cours, entraînement, stratégie. "On est doublants, alors cette année, il faut que ce soit la bonne", m'explique Laetitia. Interrogés sur la 15e manifestation contre la loi Travail, ce 15 septembre, ils rigolent. "Franchement, je suis au courant des manifs parce que, en général, un avis de grève est affiché à l'entrée de la bibliothèque universitaire", fait savoir Igor. Un autre réagit : "Il ne faut pas exagérer. Ce n'est pas parce qu'on est en PACES qu'on est coupé du monde. Je regarde quand même les informations !" Un débat est lancé, mais la conclusion arrive vite : ils n'ont pas trop suivi le mouvement. En tout cas, ils sont d'accord sur un point : "Quand le trajet des manifestants part de la place d'Italie, ils passent à côté des salles de TD et c'est casse-pied, on n'entend plus rien".

14 h 00. Début d'un TD de biologie cellulaire. Les étudiants sont 50 dans la classe. Le prof, trentenaire, arrive, ton dynamique : "Cela sert à quoi un TD ? À réviser, à s'entraîner, à s'assurer que vous avez bien compris. C'est l'endroit où vous pouvez poser des questions". Sans transition, il se lance dans un QCM (questionnaire à choix multiple). À tour de rôle un étudiant lit une question et doit tenter d'y répondre. Le reste de la classe peut participer.

Tout le monde est actif même si les premiers rangs sont plus dynamiques : ils répondent aux questions et en posent de nouvelles, certaines étant très compliquées ! Derrière moi une voix souffle : "Pfff... Elles sont saoûlantes avec leurs questions, c'est juste pour montrer qu'elles sont fortes !" Et oui, ce sont surtout les filles qui sont devant...

16 h 00. Fin du TD. Les étudiants en enchaîneront un deuxième jusqu'à 18 h 15. C'est alors la fin de cette journée de PACES ! Mais la plupart continueront à travailler chez eux...

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