Mal-être des étudiants infirmiers : un diagnostic et des remèdes
Le 18 septembre 2017, la FNESI (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers) a publié une enquête choc sur le mal-être des étudiants infirmiers. Constat chiffré et recommandations pour sortir d'une situation qualifiée d'alarmante.
Intitulé "Mal-être des étudiants en soins infirmiers : il est temps d’agir", l'enquête de la FNESI (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers) compile plus de 14.000 réponses, soit environ 15 % de la totalité des étudiants en soins infirmiers. 2.100 d'entre eux ont joint un témoignage au questionnaire. Regroupés dans un fichier informatique de 300 pages, leur contenu fait froid dans le dos.
Petite forme, grands dangers
Les stages, "vecteurs de stress"
"On constate notamment que les stages (environ 50 % de la formation) sont de plus en plus vecteurs de stress", explique Antoine Jourdan. La charge émotionnelle inhérente au métier d'infirmier (confrontation à la maladie et à la mort) n'explique pas tout. Les restrictions budgétaires que connaissent les services hospitaliers entraînent une dégradation des conditions d'apprentissage et de travail, ainsi qu'une certaine tension entre les professionnels de santé. Ainsi, un tiers des étudiants déclarent avoir déjà été harcelés par un soignant.
Un conseil : en parler
Difficultés financières et refonte du concours
L’enquête constate par ailleurs "une différence non négligeable entre les étudiants de toutes les filières confondues et les étudiants de la filière soins infirmiers quant aux déclarations sur leurs situations financières". Près d'un ESI sur deux estiment avoir des difficultés, deux fois plus que l’ensemble des étudiants selon les données de l'Observatoire national de la vie étudiante. Plus étonnant encore au regard de leur cursus, 37,6 % des ESI ont renoncé à des soins pour des raisons financières, contre 13 % de l’ensemble des étudiants.
Un accès difficile aux services du CROUS
Des différences qui s’expliquent notamment par le fait que les étudiants infirmiers sont globalement issus de catégories socio-professionnelles modestes, comme l’a révélée une étude publiée en 2016 par la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques).
D’autres phénomènes viennent s’ajouter à ces inégalités de départ. "Il s’avère souvent compliqué, pour les IFSI éloignés géographiquement de leur université de rattachement, de bénéficier des services du CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires)", ajoute l’étude. Parmi ces services, citons notamment les restaurants ou les logements universitaires.
Limiter le nombre de concours
La FNESI condamne une certaine sélection par l’argent. Elle pointe notamment du doigt le prix élevé des organismes de préparation (1.800 € en moyenne), ainsi que le coût des concours (une centaine d’euros à chaque fois) et les frais qu’ils occasionnent (déplacements, logement, nourriture). "Les prépas encouragent les étudiants à passer le plus de concours possible, explique le vice-président de la FNESI, avant d’ajouter : si l’on est bien préparé, il n’est pas nécessaire de passer cinq concours ou plus dans toute la France."
Conclusion : l’association demande une "refonte de l’accès à la formation en supprimant toute sélection, afin de démocratiser [son] accès". Elle propose de répartir les candidats dans les quelque 328 IFSI via APB (Admission-postbac), en prenant notamment en compte leur lieu d’habitation. Mais pour la FNESI, la priorité est surtout de créer un observatoire du bien-être des étudiants en santé afin de poursuivre le travail de cette enquête.