Décryptage

PACES : le tutorat, une prépa privée ou les deux ?

Prépa ou tutorat : deux options pour vous aider à réussir la PACES.
Prépa ou tutorat : deux options pour vous aider à réussir la PACES. © plainpicture/Design Pics
Par Martin Rhodes, Mersiha Nezic, publié le 24 juillet 2019
8 min

D'un côté, le tutorat, l’aide au concours de la PACES (première année commune aux études de santé) des universités. De l’autre, la prépa privée, structurante mais onéreuse. À l’issue de ce match, les deux dispositifs pourraient se liguer pour multiplier vos chances de réussite.

Seulement un bachelier sur trois réussit à passer en deuxième année des études de santé, après une ou deux tentative(s) à un concours de PACES. Pour mettre toutes les chances de leurs côtés, les aspirants médecins, pharmaciens, sages-femmes, chirurgiens dentaires et kinésithérapeutes s'inscrivent au tutorat et/ou en prépa privée. Ces deux dispositifs facultatifs d'aide au concours viennent compléter, et non remplacer, les cours de mathématiques, physique et chimie dispensés par la faculté. Ne pas s’inscrire à l’un deux, c’est courir à l’échec.

Le tutorat, obligé ou presque

Quelle que soit la faculté, la quasi-totalité des étudiants en PACES sont inscrits (mais pas toujours assidus) au tutorat, dont le volume horaire avoisine les deux heures par semaine. Une popularité en partie due à la gratuité, ou au faible coût, de cette aide au concours. Selon l’ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France), il vous en coûtera en moyenne 25,66 € en région et 18,23 € en Île-de-France par an.

Le tutorat présente plusieurs atouts, à commencer par son fameux "esprit de compagnonnage". "Le tutorat est assuré par des tuteurs, c'est-à-dire des étudiants brillants inscrits en deuxième ou troisième année. Bénévoles, ils sont sélectionnés et parfois même formés [à la communication orale, par exemple] par des enseignants de la faculté", explique Ryane, tout juste admise en deuxième année de chirurgie dentaire à l'université de Lille. Les tuteurs ont une récente expérience de la PACES, et quasiment le même âge que vous. Vous devriez donc vous sentir à l'aise pour poser toutes les questions qui vous passent par la tête, concernant les doutes inhérents aux concours, les méthodes de travail, la nature des épreuves et les débouchés. Le tutorat peut vous attribuer un parrain ou une marraine, qui sera à la fois votre coach et votre confident(e). Le tutorat, "c’est vital", commente Pierre-Adrien Girard, vice-président de l’ANEMF. "Les tuteurs, qui ont déjà réussi leur PACES, partagent des astuces, guident et offrent un soutien psychologique primordial."

Les concours blancs révélateurs de votre niveau

Particulièrement suivis, les concours blancs constituent l'autre point fort du tutorat. Ces entraînements généralement bimensuels sont réalisés dans les conditions réelles du concours. Vous plancherez en amphithéâtre, sur des grilles de QCM (questionnaires à choix multiples), pendant une durée plus courte ou équivalente à la véritable épreuve. Les questions sont rédigées par les étudiants issus de la PACES, à partir des annales, puis relues par des enseignants de la faculté - ceux-là même qui créent le concours final, variable d’un établissement à l’autre. Le contenu des concours blancs, ainsi que le classement qui en découle parfois, sont à la fois pertinents et révélateurs de votre niveau par rapport au reste de la promotion. La correction est assurée par les tuteurs. Précisons que les prépas organisent leurs propres concours blancs hebdomadaires, avec un classement plus ou moins significatif par rapport au nombre de participants.

L’accompagnement par des étudiants peut être un point fort comme un point faible… En effet, les tuteurs sont peu habitués à rédiger des épreuves et les enseignants ne disposent pas toujours du temps nécessaire pour préciser, ajuster et compléter les questions. Certains étudiants et responsables de la PACES constatent donc que la qualité des concours blancs n’est pas toujours au rendez-vous. La correction des QCM serait parfois bâclée et écourtée. Mais de manière générale, le tutorat est un dispositif sérieux, plus spontané et moins formalisé que la prépa.

Une prépa privée pour les moins autonomes

Une journée type en PACES comprend en moyenne quatre heures de cours magistraux, deux heures d'enseignements dirigés (exercices de préparation au concours), et entre quatre et six heures de bachotage. Étudiants et enseignants s'entendent pour dire que le travail maison demande beaucoup d'implication et de discipline.

Le concours constitue la seule et unique échéance en PACES. La première partie a généralement lieu au mois de décembre, c'est-à-dire trois mois seulement après la rentrée universitaire. Par conséquent, vous aurez très peu de temps pour prendre vos marques et vous adapter. Les prépas, qui ne sont pas obligatoires, accueillent en moyenne deux tiers des étudiants en première année. Elles peuvent constituer un cadre rassurant. Les enseignements et entraînements réguliers (4 heures par semaine en moyenne), ainsi que les cours dispensés par des enseignants en petit comité (35-40 élèves) peuvent être utiles si vous ne vous sentez pas capable de trouver rapidement un rythme et une méthode de travail efficaces.

Comptez 5.459,71 € en Ile-de-France

"Ma prépa réalisait des fiches, généralement claires et complètes, à partir des cours dispensés à l'université", rapporte Rayan, en deuxième année de médecine à Paris-Diderot. Pour le jeune homme, "c’est là le vrai plus des prépas". Ces fiches prennent la forme d'un résumé, plus ou moins visuel, des différents chapitres au programme. Ce service proposé par les prépas divise... Pour certains, il permet de gagner un temps précieux, tout en évitant les erreurs de prise de note, sur les termes d’anatomie par exemple. "Au début, il m’arrivait de mettre 4 heures pour résumer un cours de 4 heures", rapporte Chloé, reçue en deuxième année de maïeutique, après deux années de PACES à Lille.

Pour d'autres, les fiches sont inutiles (certains tutorats délivrent les polycopiés des enseignants), voire préjudiciables. "Le plus important n'est pas d'apprendre les fiches, mais bien de les faire. Pour synthétiser et hiérarchiser les informations, il faut comprendre, et cela permet d'apprendre durablement", assure Emmanuel Durand, président du jury à l’université Paris-Sud, avant d'ajouter : "Contrairement aux idées reçues, les QCM permettent de tester la réflexion et la compréhension des candidats". À l'inverse, il est un point qui met tout le monde d'accord : le prix excessif des prépas privées. Selon l'ANEMF, il faut compter en moyenne 3.978,77 euros en région et 5.459,71 en Île-de-France par an.

Trop de cours tue le concours

Les tutorats et les prépas ont certains points communs, comme les concours blancs. Il est donc parfaitement inutile, et même épuisant en termes d’organisation et de charge de travail, de suivre l'ensemble des cours de chacun des deux dispositifs, en plus de la fac. "Les étudiants qui le font arrivent exténués au concours et le ratent, constate Marie-Agnès Sari, responsable PACES à l’université Paris-Descartes. Le tutorat est censé être suffisant, mais pourquoi pas y ajouter une prépa et piocher ici et là en fonction des matières dans lesquelles on est le moins à l’aise." Une complémentarité qui peut permettre de passer en deuxième année.

Article initialement publié le 28 juin 2018, mis à jour le 24 juillet 2019.

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