Reportage

Médecine : le premier test grandeur nature des ECNi raté, les étudiants dépités

Jour de test des ECNi à l'UVSQ, en décembre 2015
Jour de test des ECNi à l'UVSQ, en décembre 2015 ©
Par Virginie Bertereau, publié le 07 décembre 2015
1 min

Lundi 7 décembre 2015, près de 8.300 étudiants en médecine étaient prêts à tester les premières ECNi (épreuves classantes nationales informatisées) blanches au niveau national. Un avant-goût de ce qui devrait les attendre "pour de vrai" en juin 2016. Mais les serveurs ont saturé et l'épreuve du jour a été annulée... au grand dam des étudiants. Reportage à l'université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

Grincements de dents chez les étudiants de sixième année de médecine. Ce lundi 7 décembre 2015, les ECNi (épreuves classantes nationales informatisées) blanches ont débuté à l'échelle nationale. Dans 34 facultés, 8.279 étudiants devaient se connecter simultanément sur des tablettes numériques labellisées fournies par leur université (toutes strictement identiques) pour traiter des dossiers cliniques progressifs, "comme dans la vraie vie de médecin".

Au total, deux jours et demi d'épreuves sont prévus. Mais un bug sur un serveur a bouleversé ce premier après-midi.

Un début d'épreuve dans le calme

Pourtant, à 13 h 55, à l'UVSQ (université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), tout semblait bien commencer. Dans l'amphi 1, 70 externes discutent, en apparence peu stressés, en attendant le feu vert de l'administration. À 14 heures, légère désorganisation : deux centres d'examen ne sont pas connectés à l'heure. Mais cela semble "imminent".

Six minutes plus tard, apparaît une radio pulmonaire sur les tablettes. "Je n'ai rien !" clame alors un étudiant à droite. Des mains se lèvent à gauche. Un informaticien de l'université passe entre les rangs. Un membre du CNG (Centre national de gestion), une instance rattachée au ministère de la Santé chargé d'organiser l'ECN, est également présent. "Actualisez !" lance la personne de la scolarité.

Moins d'une minute plus tard, tout l'amphi est connecté et commence à travailler. En théorie, les étudiants ne doivent pas sortir de la salle avant 17 heures.

Une "première mondiale"

Dans son bureau, Djillali Annane, le doyen de la faculté de médecine de l'UVSQ, a lui-même une tablette à portée de main. "Toutes les facultés sont en ligne. Nous avons un système de chat pour dialoguer en direct. Cela nous permet de réagir sur les consignes du CNG." Quelques minutes après le début de l'épreuve, l'organisateur vient de décréter l'interruption de l'épreuve jusqu'à 15 h 45.

"Une pause est demandée pour remettre à zéro les serveurs, annonce Djillali Annane. Il vaut mieux que le système plante aujourd'hui plutôt qu'en juin, lors des épreuves réelles. Cela permet au CNG de savoir ce qu'il faut corriger", relativise-t-il.

Et de rappeler qu'il s'agit d'une "première mondiale". "Tous les étudiants d'une même filière, à l'échelle d'un pays passent ensemble des épreuves par voie numérique", s'enthousiasme-t-il.

On annule tout

Mais aux portes de l'amphi 1, les étudiants rient jaune. "Les serveurs ont planté, ce qui a entraîné des problèmes de connexion simultanée. Nous n'arrivions pas à valider nos réponses", explique Klervie, 22 ans. "On prend cela avec le sourire, mais on est au bout du rouleau. La sixième année de médecine est une année d'études difficile au terme de laquelle on est censé connaître toute la médecine. À ce stress, s'ajoutent des problèmes techniques liés à une réforme que l'on expérimente et le manque d'annales sur lesquelles travailler. On ne peut se baser sur rien", déplore Yann, 24 ans.

Quelques minutes plus tard, les étudiants sont rappelés à l'ordre et doivent réintégrer leur place, qu'ils n'auraient pas dû quitter. Le doyen Annane passe dans les rangs. À 15 h 45, l'examen reprend mais, de nouveau, les serveurs saturent "au-delà de 5.000 étudiants connectés et en cours de composition", indique le CNG.

Finalement, à 16 heures, l'organisateur décide d'annuler les ECN du jour. Pour le lendemain, mardi 8 décembre 2015, il prévoit "une augmentation de la puissance et l'optimisation de serveurs". Sur les réseaux sociaux, les étudiants en médecine, oscillent entre raillerie et dépit.

Un second test national est programmé pour mars 2016. De quoi se mettre une certaine pression avant l'épreuve du feu en juin.

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