Médecine : un QCM révélateur du sexisme ordinaire
Une question sexiste posée lors d'un examen blanc à des étudiants en médecine a déclenché la polémique sur Internet. S'il rappelle que sous couvert de perpétuer une tradition, l'humour carabin dérive parfois un peu trop, l'incident montre aussi que les mentalités évoluent aujourd'hui.
La formulation de la question posée à des étudiants parisiens de médecine lors d'un ECNi (examen classant national informatisé) blanc, le 8 avril 2016, était déjà d'un goût douteux : "Une patiente de 35 ans reçoit une fessée sur son lieu de travail par son supérieur hiérarchique devant ses collègues. Elle consulte aux urgences." L'une des réponses proposées, clairement sexiste ("Vous lui demandez d’aller au coin car elle n’a pas été sage"), est apparue à certains comme inacceptable. Parmi eux, Pauline(tte) qui publie le QCM sur Twitter.
Le harcèlement sexuel au travail fait beaucoup rire les médecins qui rédigent les examens blancs de ma fac. Honteux pic.twitter.com/HGenXbveBy
— Pauline(tte) (@pziou) 8 avril 2016
Les réactions ne tardent pas, y compris celle de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine :
La question se voulait humoristique ? C'est raté. Et sexiste. Donc inacceptable. #ECNi
— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 11 avril 2016
De son côté, l'ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France) condamne "clairement" l'incident, d'autant plus, explique Maxime Rifad, vice-président de l'association, que la "blague" émane d'un praticien : "Certains étudiants pourraient se sentir autorisés à le faire, ce qui est très dérangeant."
Une évolution des mentalités
Pour s'inscrire dans la tradition carabine qui, dans l'esprit du carnaval médiéval, fait une large place à la provocation, la pornographie et la paillardise, cet épisode rappelle que ce genre a des limites.
Aux yeux de Maxime Rifad, cela témoigne également d'un "conflit générationnel". "Les mœurs changent, insiste-t-il. D'ailleurs, les étudiants en médecine eux-mêmes se sont indignés de tomber sur une telle question dans un examen."
Reste le caractère "très particulier" des études de médecine. "On se trouve face à des choses pas faciles à voir, on découvre la mort et la catharsis est nécessaire. Mais on peut faire des blagues plus subtiles. Aujourd'hui, on n'y va plus avec de gros sabots."