Interview

Nicolas Dupont-Aignan : “Je suis opposé à la sélection à l’entrée de l’université”

Nicolas Dupont-Aignan propose une forme de sélection progressive à l'université, plutôt que postbac.
Nicolas Dupont-Aignan propose une forme de sélection progressive à l'université, plutôt que postbac. © Gilles Rolle/REA
Par Cécile Peltier, publié le 12 avril 2017
1 min

Des bourses au mérite pour certains étudiants, le doublement des heures de cours en licence, la limitation des redoublements… Pour l’Etudiant, le candidat de “Debout la France” détaille ses propositions. Cette interview s'inscrit dans une série d’entretiens avec les candidats à l’élection présidentielle, tous sollicités par notre rédaction.

Vous envisagez le principe de bourses au mérite sur concours pour les jeunes issus de milieu modeste. Que se passera-t-il pour ceux qui ne réussissent pas le concours ? Seront-ils privés d’études supérieures ?

Non, bien sûr ! Ces bourses au mérite n'ont pas vocation à remplacer mais à compléter les bourses sur critères sociaux. Les bourses au mérite accessibles sur concours pourraient constituer une aide supplémentaire pour des étudiants qui ont un projet d'études qu'ils n'ont pas les moyens de financer entièrement, qu'ils soient issus de milieu socialement défavorisé ou de classe moyenne.

Il serait d'ailleurs possible de cumuler les deux. Au total, je prévois 40 millions d'euros par an pour développer ces bourses. Le but est de renouer avec la méritocratie républicaine et de relancer l'ascenseur social. L'enseignement supérieur doit rester accessible. Qu'il y ait un petit droit d'entrée, certes, mais pas d'augmentation importante des frais de scolarité comme certaines universités publiques envisagent aujourd'hui de le faire.

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Vous voulez interdire le tirage au sort ou toute forme de sélection à l’entrée de l’université. Comment faire pour assurer des bonnes conditions d’études dans les filières en tension ?

Le tirage au sort est inacceptable et antirépublicain. Il faut investir davantage dans l'enseignement supérieur, et en particulier dans l'université, afin d'améliorer les conditions d'accueil des étudiants. Il faut aussi faire comprendre aux élèves, en amont, que certaines formations offrent aujourd'hui peu de débouchés.

Les deux premières années de licence à l’université doivent donner lieu à une forme de sélection progressive. 

Je suis également opposé à la sélection à l'entrée de l'université qui risquerait de brider des vocations. On a le droit d'être moyen dans certaines matières en terminale, et de se révéler ensuite dans le supérieur lorsqu'on a trouvé sa voie.

En revanche, les deux premières années de licence doivent donner lieu à une forme de sélection progressive. Cela passe par un doublement des heures de cours et un encadrement drastique des redoublements, de manière à ce que les étudiants qui n'ont pas le niveau puissent arrêter suffisamment tôt.

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À combien comptez-vous limiter le nombre de redoublements ? Que se passera-t-il pour les étudiants qui auront atteint la limite ? En contrepartie, prévoyez-vous un accompagnement renforcé à la réussite en licence ?

Il ne faudra pas dépasser deux redoublements sur un cycle de 3 ans. Quant aux étudiants qui échouent, ils feront autre chose ! En parallèle, il est important de renforcer l'accompagnement des étudiants au cours des deux premières années d'université. Aujourd'hui, entre la terminale et la fac, les jeunes passent de la pataugeoire au grand bain. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'une partie d'entre eux se noie !

En amont, il faut améliorer l'orientation, en généralisant, dès le collège, les troisièmes des métiers afin de permettre à certains élèves de faire le choix d'une filière professionnelle. Beaucoup d'élèves, aujourd'hui, n'ont pas leur place dans l'enseignement général. Cela passe naturellement par une revalorisation de l'enseignement professionnel et la multiplication des passerelles qui sont, l'une comme l'autre, dans mon programme présidentiel.

“In fine”, cela permettra de rehausser le niveau du bac, qui doit être une vraie porte d'entrée vers l'enseignement supérieur.

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En quoi consisteront les heures de cours doublées pendant les deux premières années d’université, et de quelle manière comptez-vous les financer ?

Par un effort historique, je ferai passer le budget de l'Enseignement supérieur et de la Recherche de 1,08 % du PIB [produit intérieur brut] à 1,30 %. Une partie de cette augmentation sera affectée à ce doublement d'heures dont la gestion et l'organisation seront confiées aux universités, en concertation avec le nouveau ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, que je veux rétablir de plein droit et muscler. L'augmentation des heures de cours sera variable selon les filières concernées, inégalement concernées par l'absentéisme et l'échec en première année.

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 Je dis non aux procédures dérogatoires telles que les conventions ZEP

Vous refusez le principe de recrutement “hors examen unique” dans les grandes écoles. Dans la mesure où, aujourd’hui, la majorité des étudiants est recrutée via les admissions parallèles, pensez-vous qu’un quota en prépa sera suffisant pour garantir une vraie égalité des chances ?

On parle de choses différentes. Je n'ai rien contre des voies d'entrée différenciées selon le parcours de l'étudiant, qui sont des passerelles. De même que je suis favorable à des systèmes d'aides ou d'accompagnement pour les élèves issus de ZEP [zones d'éducation prioritaire] ou de zones rurales, tant qu'au final, ils passent le même concours.

Mais je dis non aux procédures dérogatoires telles que les conventions ZEP mises en place par Science po Paris. C'est une atteinte à l'égalité républicaine. Le meilleur moyen de faire bouger les lignes, c'est de multiplier les bourses, les internats...

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