Témoignage

Voyages de la mémoire : Louise se souvient de sa visite des camps de concentration en terminale

Louise, 24 ans, a visité les camps de concentration Auschwitz en terminale
Louise, 24 ans, a visité les camps de concentration Auschwitz en terminale ©
Par Virginie Bertereau, publié le 14 janvier 2014
3 min

Certains mots ou gestes, comme la "quenelle", ne sont pas anodins. Pour le faire comprendre à des élèves, et leur apprendre à refuser toutes les formes de racisme et de discrimination, il y a les cours d’histoire. Plus concrets, mais aussi plus polémiques, il existe des voyages de la mémoire dans les camps de concentration. Comment les aborder, les préparer ? Qu’en reste-t-il des années plus tard ? Louise, 24 ans, témoigne.

En janvier 2007, Louise a effectué un voyage de la mémoire de quatre jours à Cracovie, en Pologne, avec sa classe de terminale. Sept ans ont passé mais la jeune femme de 24 ans, diplômée en théâtre, se souvient encore de l'atmosphère dans les camps de concentration d'Auschwitz I et d'Auschwitz-Birkenau.

"Le voyage de la mémoire auquel j'ai participé avait été organisé par mon professeur d'histoire. Nous avons passé deux jours à visiter les camps de concentration et le quartier juif et deux jours à visiter la ville de Cracovie. Il n'y avait pas de neige, chose rare à cette période de l'année. Cela rendait le voyage un peu moins rude. Néanmoins, neige ou pas, personne dans mon groupe ne prenait cette visite à la légère... 

“Les camps m'ont paru beaucoup plus grands que je ne l'imaginais”

En arrivant, les camps m'ont paru beaucoup plus grands que je ne l'imaginais. Nous avons tous été surpris de voir qu'un supermarché était implanté à proximité. Je me souviens d'avoir été très émue devant le lac qui avait recueilli des tas de cendres. Je me souviens également des chaussures, des cheveux, des photos... dans le musée. Cela rendait le tout concret, glaçant, effroyable. Il n'y a pas vraiment de mots. Passer le portail où est inscrit ‘Arbeit macht frei’ [‘Le travail rend libre’] – une image que l'on voit dans tous les manuels – m'a aussi donné une sensation d'oppression.

Le soir, il fallait décompresser. Chacun avait sa façon de réagir et on respectait cela. Moi, j'avais besoin de parler de mes impressions. La nuit, je faisais des cauchemars. J'étais pourtant encadrée... Quand notre professeur nous a annoncé que nous allions partir, j'avais de l'appréhension. Je savais que cela ne serait pas facile. Mais j'étais aussi consciente que c'était une véritable chance. Je sentais que nous allions être bien préparés. Depuis la classe de première, notre prof nous faisait travailler sur la Shoah. En terminale, nous avons étudié les plans des deux camps, nous avons vu le film ‘Shoah’, nous avons fait des lectures et accueilli d'anciens justes et déportés pour écouter leurs témoignages. Au retour, nous avons réalisé un DVD documentaire pour garder une trace du voyage et nous avons écrit des articles dans le journal du lycée.

“On a trop tendance à banaliser les choses...”

Le voyage m'a vraiment marquée. Récemment, et même avant l'affaire Dieudonné, je me suis fait la réflexion que j'aimerais y retourner, en parler autour de moi. On a trop tendance à banaliser les choses... Je recommanderais donc à tous de partir. Pour moi, c'est important de prendre conscience sur place, au-delà des témoignages. Mais à certaines conditions : en ayant fait un travail en amont et en étant bien encadré."

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