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Les débuts de Benjamin, jeune diplômé dans la communication

publié le 02 février 2012
1 min

"Ma région sinon rien !" Pour son premier emploi, Benjamin, 23 ans, souhaitait rester à proximité de Nancy où il a décroché en 2010 sa licence professionnelle de création publicitaire. Sites d’emploi, candidatures spontanées, petites annonces… il finit au bout de 6 mois de recherche par décrocher un poste d’assistant communication chez un concessionnaire Renault situé à 30 km de chez lui. Il raconte.


Quand Benjamin entend parler de la filière STG option communication, à la fin de la seconde, il est immédiatement emballé. "Je savais que j’étais fait pour travailler dans ce secteur !" Après le bac, il s’inscrit à l’IUT communication des organisations de Nancy. Son unique vœu sur Admission postbac. Un pari a priori risqué, mais le jeune Lorrain a déjà un projet d’études bien ficelé en tête. Son plus grand défi consistera à décrocher un emploi dans sa région.
Une licence pro pour se constituer un "bagage suffisant"
La scolarité de Benjamin se déroule sans encombre. Il effectue un premier stage de découverte à l’Imagerie d’Épinal, puis un deuxième dans une association scientifique. L’occasion de participer à la conception de plaquettes et d’un film d’entreprise.



L’étudiant a hâte d’entrer dans la vie active mais il craint que le DUT ne soit pas "un bagage suffisant". Il s’inscrit donc en licence professionnelle de création publicitaire, afin d’approfondir son cursus. À la fin de l’année, une partie de ses camarades continue leurs études, l’autre s’exile à Paris ou à Lyon pour chercher du travail. "Moi, je ne voulais pas quitter ma région."

Diplômé en juin, il attendra septembre pour envoyer ses premières candidatures. Il sait que ce n’est pas la stratégie la plus efficace, mais il n’a guère le choix : "J’occupais un job étudiant tout l’été, impossible de me rendre aux entretiens." Le jeune homme mettra 6 mois à décrocher son premier emploi, en envoyant des candidatures à tour de bras. Une durée raisonnable mais qui lui paraît néanmoins "très longue".
Jusqu’à 30 candidatures par semaine
Le matin, Benjamin se lève au plus tard à 8h30 et s’attelle à sa recherche d'emploi après le petit déjeuner. Il inspecte d’abord des sites d’emploi généralistes (Pôle Emploi et Est Job principalement), des sites spécialisés dans la communication et des sites d'agences de publicité. Il tape aussi des mots-clés dans les moteurs de recherche pour s’assurer de ne passer à côté d’une offre en Lorraine. "J’ai tout fait pour trouver sur Internet". Tout… sauf s’inscrire sur les réseaux sociaux professionnels. "On ne les a pas étudiés à l’université et je ne voulais pas aller à l’aveuglette sur Viadeo et LinkedIn."

Benjamin se lance dans un "matraquage" de candidatures mais il n’oublie pas d’adapter son CV aux annonces, en changeant notamment les visuels. "Pour me démarquer, j’ai créé un CV original très coloré. Chaque rubrique est illustrée par une image. Une tablette tactile pour les compétences, par exemple."

Après 10 jours, si la candidature de Benjamin demeure sans réponse, il passe à l’action. "Dans 75% des cas, je me déplaçais dans l’entreprise pour demander si l’offre était toujours d’actualité." Sa stratégie ? Jouer la carte de l’innocence. En général, la réponse est négative ou il lui est demandé de repasser plus tard. "Au début, c’est décourageant, mais il faut se faire violence pour décrocher un entretien." Et faire preuve de culot !
Miser sur les offres publiées dans les journaux régionaux
Benjamin complète sa recherche Web en épluchant chaque jour les offres d’emploi dans l’Est républicain, le quotidien régional. "Les offres en communication sont rares mais comme c’est une méthode que les jeunes diplômés ont un peu abandonnée, ça augmente les chances d’être sélectionné." Une intuition payante.

Un matin, le jeune homme tombe sur une offre d’assistant communication chez un concessionnaire Renault situé à 30 km de chez lui. Il envoie aussitôt sa candidature. Deux jours plus tard, il est convoqué à un entretien. "Le recrutement s’est fait très vite. J’ai eu un entretien le vendredi, et ils m’ont rappelé dans la journée pour me dire que je commençais le lundi en CDI [contrat à durée indéterminée]."

En poste depuis un an, Benjamin s’occupe essentiellement de la communication des opérations portes ouvertes, pour une rémunération brute mensuelle de 1.600 euros. "Je suis en charge des relations presse, des mailings, et je conçois les maquettes, les affiches et les flyers." Et il est ravi d’avoir trouvé un emploi dans sa région : "En train, je mets un quart d'heure pour me rendre au travail !"

L'AVIS DE L'EXPERT
Damien Créquer, associé du cabinet de recrutement Taste RH spécialisé dans le recrutement des cadres


Rester dans sa région, un choix risqué
"Chercher uniquement dans sa région ? Un choix très risqué car le marché de la communication est centralisé dans les grandes villes. Il vaut mieux être mobile. 6 mois pour trouver un emploi, c’est long, mais ça tient compte de ce choix personnel. En s’arrêtant après la licence professionnelle, Benjamin a fait le minimum syndical. Ça aurait été bien qu’il poursuive en master ou en école de commerce. Un effort sur les stages aussi aurait été appréciable. En Lorraine, il y a une antenne de l’agence Publicis ou Mars France, des références en communication !"

Se déplacer dans les entreprises
"Un point très positif : il a fait preuve d’efficacité en se déplaçant dans les entreprises. Et bravo pour le matraquage de candidatures ! C’est un garçon très proactif. En revanche, un CV original est un repoussoir. Même dans la communication. Ça peut plaire à certains recruteurs, mais je trouve que ce n’est pas du meilleur goût."

Ne pas oublier les réseaux sociaux
"Enfin, c’est étonnant qu’il soit absent des réseaux sociaux. Une entreprise qui embauche quelqu’un pour s’occuper de sa communication va forcément lui demander ce qu’il peut proposer sur les réseaux. Il a fait là une grosse impasse. D’autant que plus de la moitié des postes se trouvent par cooptation. Il ne faut négliger aucun canal. La preuve, il a fini par décrocher un emploi grâce à une annonce parue dans le journal ! Sa personnalité proactive a dû plaire et le volume de candidatures a fini par payer. Avec un petit coefficient de chance…"

Marie-Anne Nourry

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