Portrait

Les dérivés OTC : naissance de nouveaux services à forte valeur ajoutée

Par Marie-Anne Nourry, publié le 05 novembre 2012
3 min

David Baert, Head of Investment Management & Banking Services au sein de CACEIS Bank Luxembourg, est diplômé d’un master en économie de l’université Notre-Dame-de-la-Paix, Belgique (1993).

La crise financière de 2008 a mis les dérivés OTC (Over the counter ou de gré à gré) sur le devant de la scène. Ils ont été accusés d’avoir propagé le séisme qui a ébranlé les institutions financières.

Il est vrai qu’avec un encours notionnel avoisinant les 600.000 milliards de dollars, volume multiplié par 6 sur les 10 dernières années, et dépassant de loin la capitalisation de toutes les bourses au monde, ces instruments financiers ont de quoi susciter de l’intérêt.


Se protéger contre les risques


Un dérivé OTC est un contrat conclu entre deux parties et dont la valeur est "dérivée" d’un actif sous-jacent, tel qu’un taux d’intérêt, une devise, une action... La vocation première de ces contrats est de se protéger contre les risques de taux, de change, de crédit, mais aussi climatique, de volatilité...

Ces contrats ne sont pas standardisés et ne sont donc pas négociés sur des marchés organisés (pas de prix sur une bourse). Par exemple, le détenteur d’une obligation à taux fixe émise par le Brésil, pourra :

– se prémunir contre une hausse des taux en achetant un interest rate swap (IRS) qui permet d’échanger un taux fixe contre un taux flottant ;

– se protéger contre un éventuel défaut de paiement du Brésil en achetant un credit default swap (CDS), comparable à une assurance couvrant le risque de crédit.

Une telle défiance s’explique parce que certains de ces instruments manquent de transparence (le sous-jacent est par exemple un panier de crédits hypothécaires ou de cartes de crédit), mais aussi parce qu’ils peuvent être utilisés pour spéculer. De plus, ils sont émis par une poignée de banques d’investissement (risque systémique en cas de crise importante) et échappent aux régulateurs.


Une utilisation s’adaptant aux politiques d’investissement


Les fonds d’investissement utilisent bien évidemment ces instruments de manière plus ou moins importante en fonction de leur politique d’investissement. Les banques dépositaires étant responsables de la garde et de la surveillance des actifs des fonds d’investissement, elles ont dû s’adapter pour traiter les dérivés OTC : s’équiper de nouveaux systèmes auparavant réservés aux banques d’investissement, former et recruter du personnel spécialisé (opérationnels, juristes...).

Mais certaines banques dépositaires et administrateurs ont également profité de l’essor formidable des dérivés pour mettre en place de nouveaux services à forte valeur ajoutée : la valorisation et la modélisation indépendante de ces instruments, les services de middle-office (matching des transactions, gestion des contrats...), mais aussi la gestion complète du collatéral lié à cette activité (garanties pour sécuriser la contrepartie exposée).


Des profils pointus


Ces nouveaux services nécessitent des profils particuliers, assez pointus. Par exemple, des connaissances en mathématique financière pour la valorisation des dérivés. Ils permettent de travailler dans un environnement très dynamique dans lequel l’innovation est omniprésente. Sans oublier les fonctions de support (gestion des risques associés à ces nouveaux processus, suivi des évolutions réglementaires, etc.) qui doivent également appréhender la complexité liée à ces instruments. 

Contenus supplémentaires

Articles les plus lus

Partagez sur les réseaux sociaux !