Interview

Les conseils d'Alexandre Mars, entrepreneur à succès, pour créer son entreprise avant 25 ans

Alexandre Mars
Pour Alexandre Mars, "il ne faut pas avoir peur de se lancer". © Photo fournie par le témoin
publié le 17 novembre 2017
8 min

À 40 ans et fortune faite, Alexandre Mars, entrepreneur à succès, a décidé de se mettre au service des autres : Epic, sa fondation philanthropique, convainc les entreprises de développer leur impact social par le don. Ce "serial" entrepreneur applique aujourd’hui les méthodes des start-up à la philanthropie. Pour l’Etudiant et à l’occasion du lancement de la plate-forme Kangae dédiée à l’entrepreneuriat des 15-25 ans, il livre ses conseils pour réussir dans la création d’entreprise.

Quelles sont les erreurs à ne pas commettre ou les écueils à éviter lorsque l’on envisage de créer son entreprise ?

Il ne faut pas avoir peur d'oser et de se lancer, ma devise préférée a toujours été "100 % des gagnants ont tenté leur chance". Par ailleurs, il faut savoir où l'on va et ce que l'on veut accomplir, toute création d'entreprise doit commencer par une étude de marché. Quand tu crées une entreprise, tu essaies toujours de trouver un trou dans la raquette : où sont les gens, où veulent-ils aller, que veulent-ils faire ?

Depuis ma première entreprise qui permettait d’organiser des concerts dans les lycées, à 17 ans, c’est le modèle que j’ai suivi : j’allais voir des gens et j’essayais de comprendre leurs besoins. Si tu vois qu’il y a un écart fort entre ce que les gens font et ce qu’ils aimeraient faire, alors tu peux développer un business.

Créer une entreprise, c'est accepter de se remettre en question et s'adapter chaque jour davantage au marché que l'on cherche à servir. Il faut être capable d'évoluer en permanence pour rester pertinent. Le timing, enfin, doit être le bon. C’est là où j’ai toujours eu de la chance : en 1998 en me lançant dans le numérique, et en 2002 sur le mobile.

Quelles sont les principales qualités pour réussir en tant qu’entrepreneur ?

Je pense qu’il faut avant tout avoir une réelle envie de résoudre des problèmes. Par exemple, lorsque j'ai fondé Epic, je cherchais à résoudre des problèmes spécifiques à la philanthropie, en développant des solutions innovantes d’impact et de collecte pour que le don devienne la norme.

Il faut aussi savoir se remettre en question, ne pas avoir peur d’explorer de nouvelles voies, être patient, avoir un bon sens du réseau et l'aptitude à s’entourer de la meilleure équipe possible.

L’entrepreneuriat suppose aussi de savoir gérer la prise de risque tout comme la perspective de l’échec. Comment l’abordez-vous ?

La prise de risque fait partie intégrante de l’entrepreneuriat. Il faut ne pas avoir peur de l’échec, bien au contraire ! Dans la mesure où l’on est capable de se remettre en question, les échecs ne sont pas une fin en soi, mais bien la clef de futurs succès.

En France, l’échec est toujours mal perçu et les innovateurs sont trop souvent réticents à se lancer. Heureusement, la situation est en train d’évoluer.

Est-il plus facile aujourd’hui qu’hier en France d’entreprendre lorsque l’on est jeune ?

En dix ans la culture de l’entreprenariat a beaucoup changé en France, ce qui est une excellente nouvelle ! Il y a quinze ou vingt ans, les success stories étaient américaines. Aujourd’hui, avec la révolution digitale, il n’y a plus de frontière pour entreprendre et pour réussir.

Si vous avez une bonne idée, vous pouvez vous lancer très rapidement, sans gros apport de fonds. Les barrières à l’entrée sont plus faibles, les chances d’échouer sont plus fortes, mais l’entreprenariat est désormais ouvert à tout le monde.

Votre fondation Epic relève de la même démarche entrepreneuriale ?

Avec Epic c’est un peu la même chose : c’est une start-up ! Nous avons identifié que les jeunes étaient dans une quête de sens : les millenials et la génération Y et Z recherchent aujourd’hui un sens à leur action et à leur vie professionnelle. Nous sommes dans un monde hyper social, et cette jeunesse se reconnait un peu moins dans le "moi" et davantage dans le "nous", plus inclusif.

Dans leurs entretiens d’embauche, ces jeunes veulent savoir ce que les entreprises font pour avoir un impact positif. Les questions ne portent plus sur la voiture de fonction ou la taille du bureau, mais bien sur l’impact positif de la mission exercée. Si l’entreprise n’a pas travaillé sur ces questions, elle risque de rater ces talents. Les entreprises éprouvent en outre une difficulté à garder ces profils et à les fidéliser.

Or cette génération a besoin de transparence, et d’informations sur l’impact social de leur employeur.

Ce raisonnement n’est-il pas réservé à une catégorie de jeunes, diplômée des grandes écoles et très courtisée par les grandes entreprises, et qui peuvent s’offrir le luxe de rechercher un métier qui a du sens plutôt qu’un job tout court ?

Je pense que c’est une tendance partagée par toute une génération, grande école ou pas. Certains peuvent se le permettre plus que d’autres, c’est vrai. Mais ce ne sont pas seulement les étudiants qui sortent d’HEC qui aspirent au sens. Mais ce sont sans aucun doute ces jeunes-là qui donnent le tempo, en incitant les entreprises à changer de modèle.

Ce mouvement est-il de la même intensité dans tous les pays ?

Ce sont des thématiques qui existent dans toutes les villes et quel que soit le continent dans lequel on ait pu aller. Nous constatons une profonde aspiration au changement dans l’ordre des valeurs, avec un rôle puissant de transformation pris par la société civile contre la politique, l’État, les partis et la religion.

Cette jeunesse se propose de répondre aux problèmes sociaux avec leur propre "actif", à savoir qui ils sont. L’entrepreneuriat est très en phase avec cette idée que la société civile est LA solution.

Quelle est l’action d’Epic et comment parvenez-vous à convaincre les entreprises de développer leur impact social ?

Epic est un mouvement qui a pour ambition de faire que le don devienne la norme dans les entreprises et en développant pour les employeurs des solutions pour répondre à cette aspiration. Or, en réponse au besoin de sens des nouvelles générations, les entreprises ont besoin d’outils pour donner.

Les sociétés Derichebourg et Dior ont par exemple opté pour un système d’arrondi solidaire sur les fiches de paie. Leurs salariés votent ensuite pour les organisations ou associations qu’ils veulent soutenir. Nous passons ainsi beaucoup de temps à identifier des organisations qui ont un impact fort en termes de gouvernance et de leadership.

Nous comptons 30 organisations et 45 critères de sélection notamment autour de l’insertion et l’accès au premier emploi. Les organisations que nous soutenons aujourd’hui comme Simplon et Sport dans la ville, proposent une insertion professionnelle de publics défavorisés par l’informatique ou par le sport. À terme, notre objectif est de changer la trajectoire de jeunes moins favorisés.

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