Témoignage

Ludovic Michetti, fondateur de Bubble Pro : "Je n'ai pas souhaité faire de levée de fonds au départ, pour rester seul maître à bord"

Par Emmanuelle Souffi, publié le 26 janvier 2012
5 min

Ludovic Michetti, diplômé de l'École internationale de Montpellier et d'un master de l'ESCP-Europe, a créé Bubble en 2011. Une société qui fabrique, vend ou loue du mobilier gonflable à des professionnels et à de l'événementiel. Ce jeune entrepreneur pressé prévoit, en 2012, 300 000 euros de chiffre d'affaires. Il revient sur ses premiers pas dans la création d'entreprise.

Il a beau avoir laissé les crampons au vestiaire, sa vie est encore une histoire de ballon. Ancien joueur de l’Olympique lyonnais, Ludovic Michetti a vécu dans sa bulle foot de 13 à 19 ans. Aujourd’hui, il conçoit et vend du mobilier gonflable pour les professionnels et l’événementiel. Des canapés et des chaises design, des poufs et des tables basses aux couleurs de l’entreprise, ronds comme des ballons et qui rappellent l’enfance, quand on aimait se lover dans ses oreillers en discutant avec ses amis. Personnalisables et faciles à transporter, ces meubles quasiment tout-terrain dynamisent le hall d’un bâtiment ou le stand d’un salon professionnel.


Le démarrage du projet

Diplômé de l’École internationale de Montpellier et d’un master de l’ESCP, Ludovic navigue durant deux ans entre la France, les États-Unis et l’Angleterre. Là-bas, il flashe sur le canapé gonflable rose fluo d’un ami qui lui vante tous les mérites de ladite trouvaille : facilité de transport, faible coût et originalité.

Dans un premier temps, l’ancien footeux réfléchit à monter un service de location de meubles pour les étudiants un peu fauchés et qui ont la bougeotte. Puis il se ravise et se concentre sur une offre 100 % gonflable à destination des entreprises. Il met près de six mois à développer le produit. Pas simple quand on n’a aucune connaissance industrielle ou technique. Or le jeune patron est exigeant. "Soit j’arrivais à faire du design, soit je remballais", résume-t-il.

Les premières pièces sont commercialisées en avril 2011. Quicksilver Pro en commande une trentaine pour décorer le Pro France 2011, l’épreuve phare du surf masculin. Les bascules au look étudié font mouche. En un mois de prospection, Ludovic Michetti décroche une dizaine de clients pour l’année 2012.

Plug, Bubble, Smart, Patapoof ou Donuts... Le vocable emprunte volontiers aux comics américains. Déclinée en tons acidulés, la ligne de mobilier est en constante évolution. Car le gonflable, bien que résistant et confortable, suppose néanmoins quelques ajustements en fonction de son point de chute. "Sur un événement, 30 000 personnes peuvent s’asseoir dessus, les meubles sont parfois dehors... ce ne sont pas les conditions normales d’utilisation dans un appartement, souligne le créateur. Il faut compter au moins deux ans pour peaufiner le produit. Le développement, c’est le nerf de la guerre ! » Améliorer les soudures, diminuer les risques de crevaison, réfléchir à de nouvelles gammes et de nouvelles housses... Ludovic sait que c’est en diversifiant son catalogue qu’il assurera l’avenir de sa société.

Tout en PVC, dans un matériau proche des "boudins" des Zodiac, les Bubble sont fabriqués en Chine et en Europe, les Asiatiques étant les plus réactifs pour produire dans des délais parfois très courts. À terme, Ludovic Michetti souhaite se rapprocher de la France "pour diminuer les coûts de transport".

Le financement

Ludovic Michetti finance sa petite affaire tout seul. C’est suffisamment rare pour être souligné. Il a mis 12 000 euros de fonds propres pour lancer ses premiers prototypes. Deux associés sont ensuite ar- rivés dans l’aventure. "Je n’ai pas souhaité faire de levée de fonds pour rester seul maître à bord, raconte-t-il. Continuons d’abord à nous structurer avant d’aller chercher des investisseurs." Bubble Pro table sur 300 000 euros de chiffre d’affaires en 2012. D’ici là, le fougueux patron enchaîne les rendez-vous en vue des prochains salons professionnels. Les poufs et canapés sont disponibles à la vente (de 300 à 450 euros HT) et à la location (de 80 à 120 euros HT). Le marché principal du fabricant restant celui de la location pour des événements clés, réceptions, fêtes ou salons. Léger, facile à transporter et à stocker : en misant sur le gonflable, la société limite les frais fixes. Un stock tampon est conservé à Lyon, le reste est fabriqué à la demande. Pour multiplier les recettes, Ludovic et son équipe proposent également d’aider le client à monter le mobilier et de le personnaliser aux couleurs de l’entreprise, afin d’apporter une valeur ajoutée à l’événement.

Les premières galères

Petit génie du ballon rond, Ludovic ignore, en revanche, tout des process de production, des normes de qualité ou encore de la roublardise de certains sous-traitants. La production est une étape difficile. « Ça prend du temps et je suis un garçon pressé ! Il faut trouver les bons partenaires, qu’ils soient disponibles, qu’ils fassent passer le produit en tête de liste... », égrène cet impatient, qui se désole de ses premières livraisons. La joie, puis la déconfiture. Un jour, il a dû crever des produits d’une valeur de 2.000 euros pour comprendre comment ils étaient faits et pourquoi ils n’étaient pas conformes. Une autre fois, c’est un fabricant qui se « dégonfle » dix jours avant un événement. « Si j’avais choisi directement de tout faire en Chine, cela aurait été plus rapide », avoue-t-il. De quoi faire réfléchir nos PME françaises... Autre souci : réussir à convaincre les clients de s’engager tout de suite, même si leur "party" est dans six mois. Un gain de temps et de trésorerie. Mais la prudence, aujourd’hui encore plus qu’hier, est de mise.

À la loupe
- Lancement : avril 2011
- Activité : conception et fabrication de mobilier gonflable design à usage des professionnels et de l’événementiel
- Chiffre d’affaires : 300 000 € prévus en 2012

Réalisé en partenariat avec

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