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Thomas Jestin, cofondateur de KRDS : "Depuis le départ, nous avons une croissance à 3 chiffres d’une année sur l’autre"

publié le 27 octobre 2011
1 min

Thomas Jestin, 28 ans, diplômé de Telecom EM, a cofondé KRDS en 2008. Une société de marketing spécialisée dans les applications et campagnes publicitaires sur Facebook qui emploie aujourd’hui une cinquantaine de personnes. Il revient sur ses débuts de jeune entrepreneur, sur ses premiers succès… et ses premières (petites) galères.

La vie d’entrepreneur de Thomas Jestin a commencé par un flop. C’était en 2007, quelques mois après l’obtention de son diplôme de Telecom École de management (Évry). Thomas voulait lancer le "Facebook français".

Associé à Antoine Sandrin, un copain de promo, il planche plusieurs mois sur son prototype de réseau social : Cancoon.fr est mis en ligne en septembre de cette année-là. Cette plate-forme permettait de retrouver des camarades de lycée, de créer son profil, etc. "C’était un petit bijou, notamment en termes de design. Mais nous arrivions trop tard, car c’est pile à ce moment-là que Facebook a explosé."

Quelques mois plus tard, le projet est abandonné. "La perte a été assez limitée, juge Thomas. Nous étions hébergés gratuitement dans l’incubateur de notre école et fonctionnions avec des stagiaires, payés grâce à mon job de livreur de journaux."

Le démarrage
Le déclic a lieu quelques mois plus tard. Dans la suite logique de Cancoon, Thomas et Antoine bidouillent une petite application pour Facebook, appelée "cursus", qui permettait elle aussi de retrouver des amis d’enfance. "Nous l’avons envoyée à nos amis, et ça a cartonné. En quelques semaines, nous avons eu 200.000 utilisateurs. Nous n’avons pas gagné un centime avec, mais cela nous a fait mesurer le potentiel viral de Facebook."

Dans la foulée, les deux copains, rejoints par leurs stagiaires (Thomas Guenoux, de Telecom EM, et Guillaume Simon, jeune diplômé de Sup Info), fondent KRDS, sans aucune mise de départ. Son objet : concevoir sur Facebook des applications, des campagnes de pub et des "fan pages" pour des marques. "Nous cherchions un sigle percutant. Nous avons trouvé KRDS, formé des initiales des noms de jeune fille de nos mères respectives", confie Thomas.

Au printemps 2008, KRDS décroche son premier contrat auprès d’Eurosport avec la création d’une application de pronostics pour déterminer les résultats du championnat d’Europe de football. Sans budget promotion, leur application enregistre 100.000 utilisateurs en quelques jours.

Le financement
Les contrats s’enchaînent, et leur affaire devient très vite rentable. "Nous faisions tout nous-mêmes, nous ne dépensions rien pour nos locaux et nous avons pu nous rémunérer dès le premier contrat", explique le jeune dirigeant.

Au fur et à mesure, l’équipe s’étoffe. En 3 ans, KRDS a réalisé plus de 300 campagnes et applications sur Facebook pour plus de 100 marques dans 9 pays d’Europe et d’Asie. Ses clients sont une bonne partie des entreprises du CAC 40 : BNP-Paribas, Nestlé, Renault, Dior, TF1, SFR, L’Oréal, Air France…

"Depuis le départ, nous avons une croissance à 3 chiffres d’une année sur l’autre", calcule Thomas. Plusieurs facteurs expliquent ce succès, selon lui. La prime à l’ancienneté : KRDS était l’une des premières agences sur ce créneau. Et une approche sur mesure : pas question de proposer la même "fan page" à deux clients.

Surtout, KRDS dispose d’une botte secrète. Début 2010, l’agence a été adoubée par Facebook, en obtenant le label convoité de "Preferred Developer". À savoir un réseau de 90 agences dans le monde recommandées par l’entreprise de Mark Zuckerberg. "Cela nous a amené pas mal de clients. Et ça nous permet d’être en contact permanent avec Palo Alto, de tester en avance les nouveautés." Cette très bonne connaissance de Facebook et de ses derniers développements est devenue leur argument de vente. "Plus l’offre Facebook s’étoffe, plus le besoin d’experts se fait sentir."

KRDS emploie aujourd’hui 50 personnes, et réalise un chiffre d’affaires "de plusieurs millions d’euros" – Thomas Jestin en garde le montant secret. Au mois de septembre, le fonds Axa Private Equity est entré dans son capital à hauteur de 20 %. Une première levée de fonds "à sept chiffres", affirme le chef d’entreprise, qui refuse d’en dire plus car "ce secteur est devenu ultra-concurrentiel", affirme-t-il.

Les (petites) galères
D’ailleurs, cette concurrence commence à lui peser. La chose qui préoccupe le plus Thomas Jestin, c’est aujourd’hui sa difficulté à trouver des développeurs informatiques "talentueux" pour des projets sur Facebook. "C’est la pénurie totale, nous nous retenons de signer des contrats à cause de cela", s’inquiète-t-il.

Son autre préoccupation est managériale. "Il est difficile de garder une ambiance start-up et de conserver notre flexibilité alors que nous nous développons énormément. Tous ces contrats et ces recrutements sont déstabilisants. Il faut inventer de nouveaux process, sans être trop rigide. Le risque, c’est de créer des organigrammes trop figés, qui ne permettent pas aux salariés de révéler leur potentiel."

Conséquence de cette croissance rapide, les locaux sont devenus trop étroits. À l’automne 2011, KRDS dira adieu à sa pépinière "bobo" proche du Père-Lachaise (à Paris), partagée entre autres avec Rue 89, pour basculer dans le chic quartier de l’Opéra, à Paris. En doublant, au passage, sa superficie. À 28 ans, Thomas Jestin voit grand.

KRDS à la loupe

Lancement : 2008
Activité : agence de marketing sur Facebook
Capital social : 63.200 euros
Effectifs : 50 personnes
Chiffre d’affaires : NC

Jessica Gourdon

Réalisé en partenariat avec

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