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Quel avenir pour les métiers du luxe ?

Par Agnès Morel, publié le 10 janvier 2013
4 min

Le luxe fait rêver, et pas seulement ceux qui ont les moyens de se l’offrir. Derrière les jolies vitrines, beaucoup de métiers rares et très spécialisés. Et qui échappent à la crise !

"Les diplômés s’insèrent avant leur sortie de l’école"

Michel Baldocchi, Directeur de l’École de la bijouterie-joaillerie de Paris, dite École de la rue du Louvre

"La bijouterie-joaillerie ne connaît pas la crise. Le bijou continue de se vendre en France comme à l’international : le luxe et le savoir-faire français sont très recherchés par la clientèle russe, chinoise, indienne… Louis Vuitton, Chanel ou Dior investissent actuellement la haute joaillerie. Résultat, les 40 diplômés du brevet des métiers d’art s’insèrent, avant même leur sortie de l’école, dans des ateliers de fabrication de la place Vendôme, à Paris. Ils sont recrutés par les grandes maisons, en interne, ou, plus souvent, par les sous-traitants : ces ateliers sont deux fois plus nombreux et ont de larges équipes de production.

Près de 90% des diplômés sont bijoutiers-joailliers, mais nous formons aussi des sertisseurs, lapidaires, graveurs, orfèvres aux débouchés plus confidentiels. Certains titulaires du diplôme des métiers d’art se lancent dans la création, parfois en indépendant. Peu s’expatrient. Enfin, avec les nouvelles technologies, un nouveau métier est né : l’infographiste-prototypiste. Tous sont accueillis à bras ouverts par les professionnels, très présents dans nos formations."


"Nous recrutons surtout des artisans d’art et des commerciaux"

Élisabeth Ponsolle des Portes, Porte-parole de l’association Comité Colbert

"Avec une croissance de 10% en cinq ans, le luxe est l’un des rares secteurs qui créent de l’emploi malgré la crise. Toutes les spécialités recrutent, mais surtout l’hôtellerie-restauration, le cuir et les accessoires, les vins et spiritueux, l’horlogerie et la bijouterie. Les maisons ont même du mal à trouver des artisans d’art, comme des maîtres horlogers ou des prototypistes de mode. Ils détiennent un savoir-faire unique, auquel nous sommes attachés.

Nous recherchons aussi des commerciaux pour travailler dans les boutiques, à la direction et à la vente, à condition qu’ils parlent plusieurs langues : notre premier client est chinois. En revanche, nous recevons beaucoup de can­didatures issues des meilleures écoles de mana­gement, d’ingénieurs ou d’IEP [instituts d’études politiques] pour des fonctions liées au management et au marketing du luxe, alors qu’il y a peu d’opportunités. La concurrence est moindre pour tout ce qui touche la gestion de la production. Ce qui fait la différence ? La formation, la motivation et l’ouverture à l’international : plus de 80% de notre production est destinée à l’export."


"Nous nous entourons des meilleurs talents"

Olivier Sastre, Directeur des ressources humaines de Louis Vuitton

"Fabrication, marketing, relation clientèle… au siège ou en magasin, tous nos métiers s’adressent aux jeunes diplômés. Nous recrutons des maroquiniers, issus notamment du BTS [brevet de technicien supérieur] maroquinerie que nous avons lancé à Cholet [49]. Ils suivent ensuite une formation interne, garantissant la transmission du savoir-faire et de l’excellence de la maison.

Nous nous entourons aussi de créatifs, afin de garantir l’émergence de nouveaux modèles
. Nous recrutons enfin des ingénieurs pour la fabrication, la logistique et la supply chain, ainsi que des collaborateurs dans le domaine du merchandising et de la vente, dotés d’un sens du service adapté aux hautes exigences de la clientèle internationale. L’idéal est une personne talentueuse et passionnée, voulant se surpasser et ayant un profil international : les Chinois constituent la première clientèle du luxe, nos vendeurs doivent donc parler mandarin. Sinon, la langue de travail est l’anglais : à Paris, nous avons 50 nationalités dans nos équipes. Une expérience à l’international est un plus."

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