Reportage

Étudiants vs loi Travail : objectif mobilisation malgré les vacances et les partiels

24.000 personnes ont manifesté le 5 avril 2016 contre la loi Travail, à l'appel de plusieurs organisations de jeunesse (Unef, Unl, Fidl). // Cortège parisien
24.000 personnes ont manifesté le 5 avril 2016 contre la loi Travail, à l'appel de plusieurs organisations de jeunesse (Unef, UNL, FIDL). Cortège parisien. © Camille Stromboni
Par Camille Stromboni, publié le 05 avril 2016
1 min

Lycéens et étudiants ont défilé une nouvelle fois le 5 avril 2016 contre le projet de loi Travail. Un avant-goût de la mobilisation du 9 avril, assure l'Unef, alors que les vacances approchent et que la question de l'aménagement des partiels commence à être discutée dans quelques universités.

"Assez, assez, assez d’cette société qui n’offre que le chômage et la précarité !" Plusieurs milliers de lycéens et étudiants ont manifesté le 5 avril 2016 à l’appel des organisations de jeunesse (Unef, UNL, FIDL) contre la loi Travail, dans toute la France. Plusieurs syndicats de salariés (CGT, FO, FSU et Solidaires) étaient présents dans les cortèges pour les soutenir.

Cette journée marque le début de l’examen du projet de loi porté par Myriam El Khomri, en commission, à l’Assemblée nationale. Elle intervient à la veille des consultations prévues entre les organisations étudiantes et lycéennes et la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, Myriam El Khomri et Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.

“Maintenir le rythme et la pression”

À Paris, entre 3.200 et 3.400 manifestants ont marché de la Bastille à Denfert-Rochereau, selon les chiffres de la préfecture de police. Selon le ministère de l'Intérieur, près de 24.000 personnes ont participé aux 100 cortèges qui se sont tenus en France. Soit une mobilisation plus faible que lors des dernières journées, qui n'avaient rassemblé que les lycéens et étudiants (les 17 et 24 mars). 35 lycées ont été bloqués en début de matinée, d’après le ministère.

“Nous sommes dans la même configuration qu’à la veille de la grande manifestation du 31 mars, assure William Martinet, président de l'Unef. Le samedi 9 avril sera la grande journée de mobilisation de la semaine.”

“C’est normal, juge également Sarah, en licence 1 d'histoire à l'université Paris Ouest-Nanterre-La Défense, venue battre le pavé parisien. Ce n’est pas une journée interprofessionnelle. Mais c’est bien de maintenir le rythme et la pression.”

“Travailler plus pour gagner moins, faire primer les accords d’entreprise sur le droit, pouvoir se faire licencier comme des Kleenex, ce n’est pas possible !” dénonce l'étudiante, qui avait un job alimentaire d'une quinzaine d'heures par semaine au premier semestre.

“On ne lâchera pas”, renchérit Marouan, 16 ans, en seconde au lycée François-Villon à Paris et militant à la FIDL (Fédération indépendante et démocratique lycéenne). Avec les vacances qui commencent, “l’idée est de se relayer, selon les zones, pour que la mobilisation continue”, décrit-il. “Nous allons mobiliser fortement sur les réseaux sociaux et Internet. C’est comme ça que le mouvement a commencé”, ajoute William Martinet.

C’est également le bac qui approche pour les élèves de terminale. “Évidemment, on s’inquiète pour eux, assure Marouan, en seconde. On réfléchira peut-être à des barrages filtrants pour les laisser passer s’ils le souhaitent. Mais, pour l’instant, ils sont très mobilisés chez nous.”

La validation du deuxième semestre en question

Du côté des étudiants, le cortège de l'université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis est l'un des plus présents dans le défilé parisien.“Nous voulons dire non à la loi Travail, à la précarité, mais aussi à l’état d’urgence et à la déchéance de nationalité”, élargit Saad, en deuxième année de philosophie. Son département fait partie des plus mobilisés.
La question de la validation du deuxième semestre est discutée depuis plusieurs semaines dans son département. “Deux assemblées générales ont voté pour la validation du deuxième semestre pour tous, avec une moyenne de 12/20”, détaille le jeune homme de 21 ans. L'UFR arts, philosophie et esthétique s'est prononcée en tous cas pour ne pas pénaliser les grévistes, détaille un enseignant-chercheur.
“En science politique, les enseignants ont décidé de proposer des modalités de validation adaptées”, décrit quant à lui Jean-Raphaël Bourge, enseignant du département.
“À Nanterre, les discussions sur le sujet sont ouvertes, confie Sarah, 19 ans, en L1 d’histoire et militante à l'Union des étudiants communistes. Les partiels commencent le 23 avril. Nous demandons la banalisation des cours les jours de manifestation et la validation des examens. Ou au moins que les partiels soient adaptés en raison de la mobilisation, espère-t-elle. La présidence a reçu hier une délégation d’étudiants et doit nous donner sa réponse pour le 18 avril.”

La coordination nationale étudiante veut faire converger les luttes

Des étudiants de Paris 8 échangeant avec des agents de la RATP ou encore des étudiants de Nanterre avec des ouvriers de l'usine Peugeot de Poissy… Faire converger les luttes, c'est ce que souhaite la Coordination nationale étudiante, élue à Rennes le week-end des 2 et 3 avril 2016. Elle compte des représentants dans 70 universités et établissements.

"Il est grand temps que les étudiants et les salariés s'unissent. On a le même objectif : faire reculer le gouvernement", déclare Pauline, étudiante à Paris 7 dont elle est l'un des porte-parole, le 5 avril 2016 place de la Sorbonne.

Outre la mobilisation prévue le 9 avril, la Coordination promet des actions collectives les 12, 14 et 20 avril. “La Coordination appelle les étudiants à rencontrer les travailleurs pour les convaincre de la nécessité de cette grève générale reconductible”, explique Dimitri, étudiant à l'université de Toulon.

Étienne Gless

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