Décryptage

Luxe : les métiers qui recrutent

Derrière le top model, de nombreux professionnels travaillent pour créer, façonner, vendre les robes présentées lors des défilés.
Derrière le top model, de nombreux professionnels travaillent pour créer, façonner, vendre les robes présentées lors des défilés. © VALERIO MEZZANOTTI/The New York Times-REDUX-REA
Par Catherine de Coppet, publié le 24 janvier 2017
1 min

La Fashion Week haute couture qui bat son plein à Paris, du 22 au 26 janvier 2017, est l'occasion parfaite d'un focus sur les secteurs du luxe. Les métiers qui recrutent dans la mode, la cosmétique, la parfumerie et la filière cuir ne sont pas toujours ceux que l'on associe généralement à cet univers glamour. Décryptage.

De la joaillerie à la parfumerie, en passant par la haute couture et la maroquinerie, le luxe renvoie à plusieurs secteurs professionnels bien différenciés, avec des métiers et des formations qui leur sont propres. Locomotive de l'image de la France à l'international, celui-ci offre de belles perspectives d'emploi, mais pas toujours là où on l'imagine.

Impossible de parler du luxe sans évoquer d'abord le vêtement. Haute couture ou prêt-à-porter, les deux univers ont tendance à être de plus en plus perméables. Quand on dit mode, on pense souvent studios de stylisme et ateliers de fabrication. "Beaucoup de jeunes aspirent à devenir stylistes, c'est en quelque sorte le métier-star", explique Sabine Mozar, responsable "carrières" à l'École de la chambre syndicale de la couture parisienne. Le métier de directeur artistique, qui impulse les collections, est lui aussi très prisé." Deux métiers qui sont extrêmement concurrentiels.

Modélistes et maquettistes

Les jeunes diplômés ont donc plus de chances d'être recrutés sur d'autres fonctions, moins connues. "À commencer par les postes de modélistes", explique Sabine Mozar. Ce sont eux qui donnent forme aux idées des directeurs artistiques en façonnant les premiers vêtements, les prototypes qu'on appelle les moulages. Environ 25 % de nos diplômés arrivent sur ce type de postes."

Autre fonction sur laquelle la demande est importante dans la mode, le métier de maquettiste. "Il participe au processus créatif du studio, en proposant une sorte de maquette de ce que sera le vêtement, à partir de dessins, de collages, de pièces vintages restructurées", explique Sabine Mozar.

Selon la responsable carrières de l'École de la chambre syndicale de la couture parisienne, les salaires des jeunes diplômés sur ces métiers du studio et de l'atelier sont très variables en fonction de la structure qu'ils intègrent. "Globalement les étudiants issus de notre école se situent entre 24.000 € et 26.000 € bruts par an pour leur premier poste."

Lire aussi : Le classement 2016 des écoles de mode

Développeurs, merchandisers et artisans

Le recrutement dans la mode est également important pour la "coordination et le développement produit". "Ce sont les personnes qui font le lien entre le studio et l'atelier, qui passent les commandes de tissus par exemple, sont en relation avec le marketing, définissent le budget des ateliers, etc", précise Sabine Mozar.

"On parle de développeurs, qui travaillent sous la houlette des directeurs de collection", renchérit Karine Piotraut, directrice recrutement et gestion des carrières à l'IFM (Institut français de la mode), mais il ne faut pas oublier les merchandisers, qui analysent les marchés pour que les collections soient en adéquation avec les prix, la demande, etc. Il y en a de plus en plus dans les maisons de luxe. Pour être merchandiser, il faut à la fois bien maîtriser la gestion et les marchés, mais aussi posséder une réelle sensibilité au produit."

Une fois dans l'atelier de fabrication, d'autres postes sont très demandés : "mécanicien", c'est-à-dire le couturier main et machine, et patronnier, celui qui façonne les patrons de couture à partir des moulages. Des métiers très recherchés pour façonner également les accessoires, de la même façon que tous les artisans spécialisés, notamment dans le cuir. Selon le Conseil national du cuir, une part importante des emplois de la filière est absorbée par les entreprises du luxe : 80 % des emplois dans la maroquinerie, 20 % dans la chaussure et la totalité des emplois dans la ganterie.

Des ouvriers dans l'industrie cosmétique

Qui dit luxe dit également parfums et cosmétiques. Un secteur peu connu dans sa partie industrielle, qui emploie quelque 150.000 personnes en France. "La spécificité de ce secteur est de proposer de nombreux d'emplois sur le territoire national, en raison du 'made in France'", explique Soline Godet, la directrice congrès et formation de la Cosmetic Valley, un pôle de compétitivité représentant 800 entreprises de l'industrie cosmétique implanté dans les régions Centre, Normandie et Île-de-France. Mais nous ne faisons pas de différences entre le luxe et le reste, car les fabricants sont souvent les mêmes."

Ce secteur industriel emploie essentiellement des ouvriers, mais les recrutements visent de plus en plus des ouvriers qualifiés pour des postes de conducteurs de ligne de fabrication. "Les entreprises recrutent souvent à bac+2 sur ces postes, mais les compétences demandées ne sont pas toujours aussi élevées, indique Soline Godet. En revanche, les possibilités d'évolution dans le secteur sont nombreuses."

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Chercheurs et métiers du "retail"

De fait, à l'horizon 2025, le secteur de la cosmétique devrait également embaucher un bon nombre d'agents de maîtrise (techniciens de production, de laboratoire), mais aussi des ingénieurs et cadres, en particulier des ingénieurs d'études et de recherche. "La recherche ne recrute pas beaucoup en volume, mais c'est un secteur en tension et qui va le rester", explique Sébastien Odon, chargé d'études économiques au sein de la Maison des entreprises et de l'emploi de l'agglomération de Chartres.

Mais la mode et le luxe doivent aussi être regardés en aval des défilés et de la fabrication. "On voit apparaître de nouveaux besoins, liés au e-commerce, notamment dans le marketing, explique Karine Piotraut de l'IFM. Le discours doit être adapté aux exigences de ce type de ventes, qui offre une rotation plus forte des produits". La distribution est également un domaine-clé en termes de perspectives d'emploi. "C'est tout ce qu'on appelle le retail, ou la présence en boutique", poursuit Karine Piotraut. On devient assez vite directeur de boutique. Ainsi, on est amené à manager des équipes."

À savoir : les marques de luxe, qui gèrent souvent leur propre réseau de distribution, proposent de plus en plus des "programmes retail" destinés aux jeunes diplômés, pour démarrer leur carrière en boutique. "Ils ont besoin de personnes formées, capables de bien comprendre les produits."
Restent enfin les métiers de la communication et de l'image. "La scénographie des boutiques prend de plus en plus d'importance. La mode emploie de plus en plus de visual merchandisers", explique Karine Piotraut. Il s'agit de concevoir des stratégies visuelles qui vont se répercuter dans toutes les régions où la marque est présente." Autant de pistes qu'il vous reste à explorer !

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