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"On est un contact supplémentaire pour qu'ils trouvent leur voie" : les missions locales au secours des jeunes pour l'entrée dans le monde du travail

Les missions locales s'adressent aux jeunes de 16 à 25 ans ni en emploi, ni en formation.
Les missions locales s'adressent aux jeunes de 16 à 25 ans ni en emploi, ni en formation. © Marta NASCIMENTO/REA
Par Rachel Rodrigues, publié le 14 mars 2024
6 min

S'adressant aux jeunes de 16 à 25 ans ni en emploi, ni en formation, les missions locales représentent une ressource supplémentaire pour l'orientation et l'insertion professionnelle.

Pousser les portes d'une mission locale n'est pas un réflexe pour tout le monde. "Des idées reçues persistent, déplore Jean-Luc Collin, directeur de la mission locale Val d'Yerres-Val de Seine. Beaucoup pensent encore qu'on ne s'adresse qu'aux personnes en difficulté." 

Et pour cause, il y a quelques années encore, Eden avait "honte" de dire qu'elle "allait à la mission locale". Aujourd'hui, la jeune accompagnatrice d'excursions de 22 ans se réjouit du chemin accompli grâce à son suivi. "Quand on est très motivé, ce n'est pas l'apparence qui compte, c'est ce qu'on en fait." 

Si elles s'adressent prioritairement aux jeunes sortis du système scolaire, les 437 missions locales du territoire sont surtout un relais pour tous les jeunes de 16 à 25 ans qui ont besoin d'aide. Une seule condition : ne pas être scolarisé. "Et encore, nous ne refusons jamais un jeune qui vient à nous", précise Pascale Quaix, directrice de la mission locale Terres-de-Lorraine.

Travailler le projet professionnel

Lorsqu'un jeune se présente à l'accueil, il est reçu, si possible, "sans rendez-vous". "Nous faisons en sorte qu'ils n'attendent pas trop", affirme Claire, conseillère en emploi et insertion professionnelle à la mission locale de Yerres-Val de Seine. Avant de débuter l'entretien, il faut d'abord remplir un premier dossier et y renseigner ses informations personnelles (nom, prénom, numéro de sécurité sociale, niveau d'études ou encore conditions de ressources).

Puis, le premier entretien peut commencer. "On fait connaissance, on lui demande pourquoi il est là, quel est son projet ou quelles sont ses envies", détaille Samantha, aussi conseillère à la mission locale de Yerres. "C'est aussi l'occasion de situer le contexte social, professionnel et familial de chaque jeune pour adapter ensuite le suivi qu'on lui proposera", ajoute Claire. 

Inutile d'avoir son projet de vie tracé. Si le jeune ne sait pas encore ce qu'il veut faire, "on va essayer de définir avec lui ses centres d'intérêt, dans quel contexte il aimerait travailler", illustre Claire. Le ou la conseillère peut décider de le rediriger vers le pôle dédié à l'orientation. 

Il pourra "travailler son projet professionnel" à travers différents ateliers, ou en réalisant des tests d'orientation. Les équipes peuvent être épaulées par des psychologues intervenant en appui des tests réalisés, "si le jeune est d'accord pour les rencontrer", précise Claire.

Stages et immersions

Pour confirmer cette envie professionnelle, la mission locale propose généralement aux jeunes une expérimentation du métier envisagé. Avant d'enclencher quelques cursus de formation que ce soit, "nous suggérons à certains des périodes de mise en situation en milieu professionnel", détaille Pascale Quaix. 

Puis, en fonction du niveau de qualification dans le domaine, les conseillers orientent la personne vers le type de formation le plus adapté. "Cela peut aller du stage de quelques semaines, que nous sommes à même de conventionner, à l'apprentissage", détaille la directrice de mission locale.

Une aide pour les dossiers Parcoursup

Une fois la formation réalisée, s'il est nécessaire de passer par les inscriptions Parcoursup, les missions locales peuvent également attester d'un suivi de formation au sein des dossiers envoyés dans le cadre des vœux.

Apprendre à démarcher les entreprises

Place ensuite à la recherche d'emploi. Plusieurs ateliers permettent de travailler CV et lettres de motivation. "Nous organisons aussi des simulations d'entretiens avec des parrains bénévoles", ajoute Pascale Quaix.  

Souvent en relation avec de nombreuses sociétés du tissu local, les missions locales peuvent proposer des offres d'emploi, dans différents domaines, aux jeunes qu'elles reçoivent, en fonction des centres d'intérêt de chacun. Finalement, "dans leur réseau, on est un contact supplémentaire pour qu'ils trouvent leur voie", résume Samantha. 

Pour sensibiliser les jeunes au monde du travail, les missions locales mettent aussi l'accent sur les droits et devoirs des salariés. Qu'est-ce qu'une démission implique ? Comment accéder à ses congés payés ? "Lors d'un atelier, une juriste était là pour nous expliquer qui on pouvait contacter en cas de difficulté", raconte Eden.

Un suivi personnalisé

La jeune travailleuse, diplômée d'une école privée d'hôtellerie, a eu du mal à s'insérer directement à la fin de sa formation, "en pleine période de Covid-19". Elle raconte que la mission locale a, à la fois, été un soutien "financier et psychologique" pour trouver sa voie. "Les conseillers sont disponibles, plusieurs fois par semaine parfois, si on en a besoin", pointe-t-elle. 

Les actions proposées dépendent entièrement "du jeune qu'on a en face de nous", assure Claire. Et pour cause, "s'il n'est pas à l'aise en public, nous évitons de lui proposer des ateliers en groupe". Plus généralement, "si le jeune n'adhère pas à nos propositions, on peut chercher d'autres solutions", abonde Samantha. 

Pour assurer une prise en charge entièrement individualisée, les personnes sont accompagnées par le même conseiller tout au long de son suivi par la mission locale. "On est comme le médecin généraliste. On traite toutes les problématiques et on réoriente en fonction", résume Samantha. C'est également eux qui déterminent, avec le jeune, le choix d'entrer dans un des nombreux dispositifs proposés (CEJ, PACEA…).

Au-delà du professionnel

Et Samantha le précise : "nous ne parlons pas que d'emploi avec eux." L'accompagnement comprend aussi une vision globale de la situation en tant que citoyen. "On vérifie que tous les droits sont ouverts : s'il n'est pas inscrit à Pôle emploi, on le fait avec lui", décrit la conseillère. 

Côté santé, la mission locale s'assure que les jeunes reçus sont bien affiliés à la Sécurité sociale, voire à une complémentaire. "On vérifie que le bilan santé a bien été fait, et sinon, on les accompagne au centre de médecine préventive", ajoute Pascale Quaix, qui précise que ce bilan est souvent proposé par le travail ou la formation. "Quand on est ni en formation, ni en emploi, il n'est plus systématique."

Après avoir passé plusieurs mois à être "hébergée", Eden a, quant à elle, trouvé son logement grâce à la mission locale, qui l'a aidé à monter son dossier pour une offre qu'elle avait reçue. En définitive, il s'agit de "prendre en compte tous les pans de la vie" du jeune, résume Pascale Quaix. Et de l'orienter, sans décider à sa place, vers les solutions qui l'aideront à avancer dans sa vie sociale et professionnelle.

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