Décryptage

Emplois d’avenir : êtes-vous concerné ?

Par Fabienne Guimont, publié le 30 août 2012
1 min

Vous en avez sans doute entendu parler : 150.000 contrats d’avenir seront proposés à partir de janvier 2013 aux 16-25 ans. Si les jeunes peu ou pas qualifiés seront les principaux bénéficiaires de ce dispositif proche des anciens emplois-jeunes, les étudiants se destinant au métier d’enseignant sont aussi visés. L’objectif affiché est d’en faire une marche vers un emploi stable alors que le chômage des jeunes est de plus en plus menaçant.

Qui signera ces 150.000 contrats d’emploi d’avenir (100.000 en 2013 et 50.000 en 2014) ? Le public phare de ces contrats – proposé soit sous forme de CDI (contrat à durée indéterminée), soit, plus probablement, de CDD (contrat à durée déterminée) de 1 à 3 ans – sont “en priorité” les 16 à 25 ans résidant dans des ZUS (zones urbaines sensibles), peu ou pas qualifiés et n’accédant pas à l’emploi.

Plus précisément, selon l'esprit du dispositif, sont ciblés les jeunes sortis du système scolaire sans diplôme ou avec un CAP, un BEP ou un baccalauréat mais éprouvant des difficultés d’insertion. Un décret précisera ultérieurement le niveau de qualification maximal pour accéder à ces emplois. Une opportunité à saisir pour échapper au chômage alors que la moitié des jeunes sans diplôme sont aussi sans emploi. Ces emplois seront subventionnés par l’État à hauteur de 75 % maximum pendant les 3 premières années.
  

Dans quels secteurs seront créés ces futurs emplois d’avenir ?

Si un décret doit encore préciser les branches d’activité éligibles, l’aide à la personne, l’animation socioculturelle et sportive, le social, le médico-social, le tourisme, le numérique ou le secteur de l’entretien sont visés car ils sont susceptibles de pouvoir offrir des perspectives de recrutements. Les entreprises privées mais surtout les associations, les organismes à but non lucratif de l’économie sociale et solidaire, les collectivités territoriales (régions…) seront les futurs employeurs des signataires de ces emplois d’avenir. Les durées de travail de ces contrats seront au moins des mi-temps. À plein temps, ces emplois seront rémunérés au SMIC soit 1.425 € brut par mois.
  

Que peut-on attendre de ces emplois d’avenir ?

Comme leurs “grands frères” des emplois-jeunes (lire l'encadré ci-dessous), les emplois d’avenir sont censés donner une première expérience professionnelle, et des compétences permettant de trouver des emplois plus pérennes dans des secteurs en développement. Après les 3 ans maximum de contrat en CDD, l’emploi ne sera plus aidé par les subventions publiques et est censé être pérennisé, mais sans garantie.


À qui s'adressent plus particulièrement les “emplois d’avenir professeur” ?

 
Si vous rêvez de devenir enseignant, les emplois d’avenir peuvent aussi vous intéresser. Quelque 18.000 “emplois d’avenir professeur” seront réservés, à partir de 2013 (6.000 par an jusqu’en 2015), aux étudiants boursiers en deuxième année de licence de moins de 25 ans.

Les contrats sont cette fois, au plus, des mi-temps. Les étudiants devront se présenter à un concours de l’enseignement. Ils recevront une bourse de 900 € au total cumulant l'aide de l’emploi d’avenir professeur et leur bourse sur critères sociaux. Seront prioritaires les étudiants venant d’académies manquant de candidats au concours de professeurs des écoles et les étudiants de disciplines comme les mathématiques, la physique ou les langues anciennes où la relève est difficile. Les étudiants venant des ZUS ou ayant fait leurs études secondaires dans des établissements relevant de zones d’éducation prioritaires sont aussi visés par ce dispositif.

Ils seront employés dans un ou plusieurs établissements scolaires. Leurs missions seront évolutives entre la deuxième année de licence et la première année de master en commençant par des études surveillées jusqu’à du soutien scolaire. Ces emplois d’avenir ne pourront remplacer des enseignants devant les classes a promis le ministre de l’Education nationale. Ils sont conçus pour cumuler une formation à la fac et un emploi pendant les études en rapport avec le métier d’enseignant. Une manière d’acquérir une expérience professionnelle dans les écoles, collèges ou lycées en rapport avec métier d’enseignant visé.

Le gouvernement veut en faire une véritable filière de prérecrutement des enseignants. À l’époque des emplois-jeunes, des aides-éducateurs avaient été recrutés dans l’Éducation nationale : près d’un quart d’entre eux étaient finalement devenus enseignants, titulaires ou non, à la suite de ce contrat aidé.
  

C'est pour quand ?

Le projet de loi sur les emplois d’avenir doit être discuté au parlement dès le 10 septembre 2012 pour une mise en application début 2013. Un dispositif de formation associé à ces emplois d’avenir est aussi en projet pour permettre aux bénéficiaires d’avoir plus facilement accès aux plans de formations, DIF (droits individuels à la formation), période de professionnalisation…
  


Emplois-jeunes : que sont-ils devenus ?
Quelque 400.000 emplois-jeunes ont été signés entre 1998 et 2002. À la fin de leur contrat, 70 % avaient un emploi, 20 % en recherchaient un et 10 % étaient en formation. Quatre jeunes sur 10 ont suivi une formation pendant leur emploi-jeune et 8 sur 10 estimaient avoir acquis des compétences professionnelles.

Pour le Céreq, les emplois-jeunes ont connu les mêmes parcours d’insertion professionnelle que les autres. Les emplois-jeunes les ont préservés du chômage et de la précarité à moyen terme, en leur donnant un “sas” vers l’emploi. Mais leur accès à un CDI n’a pas été plus facile. En revanche, recrutés sur de faibles rémunérations, ils n’ont pas rattrapé leur retard salarial à moyen terme. Sur une moyenne de 1.690 € par mois, les ex-emplois-jeunes subiraient une perte de salaire de l’ordre de 230 € par rapport aux autres jeunes de leur génération.

À noter, la comparaison avec les nouveaux contrats proposés par le gouvernement Ayrault doit être relativisée. Contrairement aux emplois d’avenir réservés prioritairement aux jeunes peu ou pas qualifiés, le niveau de qualification n’était pas un critère de sélection pour les emplois-jeunes. 

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