Décryptage

Ingénieurs et scientifiques : vos autres compétences qui intéressent les recruteurs 

Par Sophie Blitman, publié le 23 mai 2013
1 min

Au-delà des compétences techniques des jeunes ingénieurs et scientifiques, les entreprises jugent les candidats sur le niveau d'anglais, l'aisance à l'oral ou encore l'esprit d'équipe. D'où l'importance de ne pas négliger ces autres qualités que votre formation peut vous permettre de développer.

Si les entreprises attendent des jeunes ingénieurs et scientifiques qu'ils soient bien formés techniquement, ces compétences sont souvent considérées comme "un prérequis", selon la formule de Catherine Langlais, directrice adjointe de la R&D du pôle Matériaux innovants de Saint-Gobain.


Anglais incontournable

La maîtrise de l'anglais figure parmi les premières exigences des recruteurs, surtout au sein de groupes internationaux ou ceux dont les activités sont tournées vers des pays étrangers. Toutes les formations scientifiques ou d'ingénieurs proposent, voire imposent, des cours d'anglais. Alors profitez-en pour rattraper d'éventuelles lacunes ou parfaire votre accent !

Si le score au TOEIC ou au TOEFL donne une première indication sur le niveau d'un candidat, mener une partie de l'entretien d'embauche en anglais est une manière assez simple, et efficace, pour les recruteurs d'évaluer la capacité à travailler en anglais : "Nos ingénieurs ont souvent de la documentation à lire en anglais, aussi doivent-ils maîtriser un vocabulaire assez technique", précise Cristelle Jacq, responsable recrutement et diversité d'Assystem, société d'ingénierie et de conseil.

Si "l'anglais est un minimum, parler une seconde langue étrangère est un véritable plus", ajoute Annika Bergman, directrice adjointe des ressources humaines d'Air Liquide. Sans compter que la maîtrise des langues est un indicateur parmi d'autres de "l'appétence d'un jeune pour l'international", une qualité recherchée par le groupe.


Expression correcte exigée

Parler français correctement peut sembler une évidence quand on a suivi ses études en France. Et pourtant, il n'est pas toujours évident de présenter clairement les projets, notamment scientifiques, que l'on a pu mener au cours de sa formation et ceux que, plus tard, on développera au sein d'une entreprise. Or, dans le domaine de la R&D notamment, "il est très important de bien s'exprimer et de savoir communiquer", souligne Catherine Langlais de Saint-Gobain.

En interne, un chef de projet doit savoir défendre ses idées et présenter ses résultats de manière synthétique. Devant un comité de pilotage composé de responsables de R&D, de marketing et de production, il doit convaincre et proposer des solutions. En externe, quand un collaborateur présente ses résultats, c'est l'image de l'entreprise qui est en jeu". De même, "l'ingénieur qui intervient sur la conception d'un projet technique doit être en mesure de synthétiser son travail afin de permettre à d'autres de l'exploiter", complète Cristelle Jacq de chez Assystem.

Dans cette perspective, vous pouvez considérer des discussions en famille ou entre amis comme autant d'entraînements, surtout si vos interlocuteurs ne sont pas des scientifiques : "Certains jeunes ont appris à verbaliser leur expérience de manière non technique en racontant ce qu'ils faisaient à leur entourage", confirme Cristelle Jacq. En entretien d'embauche, demander au candidat de présenter un projet réalisé pendant sa scolarité permet aux recruteurs de se faire une opinion, surtout quand ils ne sont eux-mêmes pas scientifiques.

Quant à l'écrit, "s'il n'est pas testé systématiquement, les échanges de mails préalables à l'embauche peuvent être instructifs, observe Catherine Langlais : ils révèlent les capacités rédactionnelles du candidat, si le ton est adapté au contexte et au destinataire".

Signe de l'importance accordée à l'expression, et des lacunes de certains élèves, de nombreuses formations d'ingénieurs et scientifiques ont remis l'orthographe au goût du jour, parfois sous forme d'un concours de dictées. Plus largement, les exposés, comptes rendus de travaux pratiques ou présentations d'un projet sont autant d'occasions de vous exercer à communiquer, à l'écrit ou à l'oral, sur votre travail. (Voir aussi notre dossier “Les trucs pour améliorer votre orthographe et votre grammaire” et notre article “Certification Voltaire : les fautes d'orthographe en ligne de mire”.)

Esprit d'équipe et "interculturalité"

Quoique difficiles à mesurer, les qualités humaines et relationnelles (les "soft skills") sont appréciées des recruteurs, à commencer par l'ouverture d'esprit. Si celle-ci peut transparaître de certaines remarques lâchées cours de l'entretien, elle se décline aussi dans la capacité à intégrer une équipe et à travailler sur un projet commun.

"La R&D est un travail en groupe où les équipes sont internationales et pluridisciplinaires. Il faut savoir évoluer dans cet environnement, explique Catherine Langlais, de Saint-Gobain. C'est pourquoi toutes les expériences, scolaires et extrascolaires, qui ont permis au candidat de développer des capacités relationnelles sont importantes pour nous. Pour autant, on ne va pas systématiquement embaucher celui qui a été président de son association ! Tout dépend du profil que l'on cherche : un manager, un profil très créatif ou plutôt expert..." Leur point commun ? "De bons élèves, solides scientifiquement et ouverts aux autres."

De même, Air Liquide attend de ses collaborateurs qu'ils sachent "prendre la parole dans un groupe de personnes de nationalités et de profils différents", avance Annika Bergman. Un exercice qui demande, selon elle, de l'entraînement. D'où l'importance de "saisir l'opportunité de travailler à plusieurs sur des projets durant ses études".

Plus largement, la capacité à s'adapter à des cultures et des environnements différents témoigne aussi d'une ouverture d'esprit. Rassurez-vous, il n'est pas indispensable de connaître tous les codes en vigueur dans tel ou tel pays. Cependant, confie Cristelle Jacq, "certains jeunes ont assisté à des conférences sur l'interculturalité, accueilli un étudiant étranger chez eux ou vécu dans un autre pays. Si nous voyons qu'ils ont quelques connaissances de base, nous aimons aller plus loin en entretien. En effet, il peut être utile, dans le cadre d'une mission, de savoir, par exemple, qu'on ne fume pas à l'accueil d'entreprises japonaises ou de connaître les différents modes de présentation quand on entre en réunion avec des personnes de nationalités différentes".

Ainsi, qu'il s'agisse de l'ouverture à d'autres cultures, de la capacité à communiquer sur les résultats de son travail et à développer des arguments ou de la maîtrise de l'anglais, toutes ces compétences non scientifiques sont loin d'être seulement des critères pour départager les candidats : elles vous permettront de vous sentir plus à l'aise dans votre premier emploi. Alors, profitez de votre formation pour développer ces qualités !

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