Témoignage

Les débuts de Marie, jeune diplômée vétérinaire : "Stagiaire, j'avais hâte de pratiquer seule des césariennes"

Par Séverine Tavennec, publié le 24 mars 2011
1 min

Diplômée en 2007 de l’Ecole nationale vétérinaire de Nantes, Marie, 28 ans, a fait le choix d’exercer son métier à la campagne. Installée dans le Morbihan, elle sillonne chaque jour les routes pour soigner les animaux de la ferme. Elle revient sur ses débuts dans la profession. Des premiers pas commentés par le Dr Hubert Jouandon, vétérinaire libéral, membre du Conseil de l’ordre des vétérinaires de Bretagne.

Pour rien au monde, Marie ne troquerait ses bottes contre la blouse d’un confrère en ville : "J’aime le terrain, la boue ne me fait pas peur et j’apprécie le contact avec les exploitants agricoles". Depuis maintenant trois ans, la jeune femme exerce sa profession de vétérinaire rural. Elle dépend d’un cabinet dans lequel officient 11 autres collègues. Elle y est associée minoritaire. Marie est bien consciente qu’elle n’a pas trop "galéré" depuis l’obtention de son diplôme d’Etat de docteur vétérinaire. Malgré cela, "le chemin a tout de même été long et j’ai bossé très dur pour y arriver" confie la jeune femme.

Deux années de prépa très studieuses


Après un bac S dans un lycée agricole dans le Morbihan, Marie entre en prépa agro-véto à Rennes : "J’avais une grande passion pour les animaux et pour les chevaux en particulier. L’exercice du métier de vétérinaire a été très vite une évidence". Malgré sa motivation, la jeune femme avoue avoir passé deux années difficiles : "J’étais en internat, le rythme était soutenu. Il a fallu que je m’accroche pour tenir bon pendant deux années. Quand j’ai intégré l’Ecole nationale vétérinaire de Nantes, j’étais heureuse de faire enfin des stages !".

Avide de terrain, Marie multiplie les stages

Marie se souvient de ses premières expériences professionnelles : "J’ai travaillé 15 jours dans une exploitation agricole chez un éleveur de bovins laitiers. J’ai également découvert durant un autre stage une autre facette du métier de vétérinaire en intégrant pendant deux semaines un laboratoire d’analyses vétérinaires. Cela m’a confortée dans mon projet d’activité rurale". Avide d’autres expériences et de terrain, la jeune femme décide de faire des stages hors cursus durant les vacances scolaires mais aussi le samedi. Elle suit ainsi des vétérinaires ruraux durant leurs tournées dans les fermes. Elle assiste notamment à de nombreuses naissances de petits veaux : une vocation est née. Marie raconte : "J’avais hâte de pratiquer ces actes toute seule. Je rêvais même la nuit de sauter dans mes bottes pour aller faire des césariennes".

Un premier travail à mi-temps dans deux cabinets

C’est donc tout naturellement qu’elle choisit durant la cinquième année d’études à l’ENV Nantes la spécialisation bovine et qu’elle passe sa thèse en octobre 2007 sur le thème du porc, précisément sur la croissance et l’immunité chez le porcelet. A l’obtention de son diplôme d’Etat de docteur vétérinaire, elle intègre très vite deux cabinets de vétérinaires travaillant en libéral en Loire-Atlantique: "Je faisais un mi-temps chez ces deux professionnels qui se connaissaient bien et dont les cabinets étaient proches. J’ai beaucoup appris avec eux. L’essentiel de mon travail consistait à soigner les animaux de la ferme dont principalement des bovins mais aussi à pratiquer des accouchements, à délivrer et administrer des vaccins et remèdes en cas de maladie ou d’accidents. Il pouvait m’arriver de prodiguer des soins à des chats, des chiens accidentés. J’assurais deux gardes de nuit par semaine et je travaillais un week-end sur deux. Le rythme était certes intensif mais j’étais tellement heureuse de pratiquer pour de bon mon métier. A cette époque, je gagnais environ 2.200 € net".

Elle intègre un cabinet plus grand

En avril 2008, Marie quitte ses premiers "patrons" pour un cabinet dans le Morbihan, qui compte 11 vétérinaires. "Avec quatre autres de mes collègues, nous exerçons donc en milieu rural. La clientèle n’était pas habituée à voir une femme véto. Il leur a fallu un peu de temps pour s’y faire" raconte la jeune femme. Forte d’une première expérience, elle s’intègre vite et s’investit dans son nouveau cabinet. Les 6 associés historiques lui proposent même de devenir associée minoritaire avec d’autres jeunes collègues.

"Les éleveurs ont des connaissances techniques pointues"

Aujourd’hui, Marie enchaîne les journées avec toujours autant de plaisir. Et d’avouer : "Il faut dire aux jeunes qui souhaiteraient devenir vétérinaire rural que ce métier demande beaucoup de disponibilité, puisque nous sommes soumis aux gardes mais aussi une bonne résistance physique, notamment lorsqu'il faut immobiliser des animaux à fort gabarit. Il y a aussi beaucoup de travail administratif : gestion des dossiers sanitaires, bilans sanitaires d’élevage, mise en place de protocoles de traitement préventif et curatif... Et puis bien sûr, il faut aimer le terrain. C’est un métier passionnant, très varié et très riche humainement". La jeune femme apprécie entre autres ses contacts avec les éleveurs : "Ils sont de plus en plus compétents : ils ont souvent des connaissances techniques très pointues. Notre rôle de conseiller d’élevage est vraiment appelé à se développer". Comment la jeune femme se voit dans 10 ans ? : "Je pense que je resterais toujours à la campagne, je ferais peut-être dans les petits ruminants".

"Plus d’opportunités de postes dans le milieu rural"Dr Hubert Jouandon, vétérinaire libéral, membre du Conseil de l’ordre des vétérinaires de Bretagne, commente le parcours et les démarches de la jeune diplômée.

"Marie a très vite choisi d’exercer en rural. En cela, son parcours est un peu atypique puisque la majorité des jeunes diplômés préfèrent s’orienter vers la pratique d’animaux de compagnie en milieu urbain. C’est d’autant plus louable car, comme elle le raconte, il faut davantage s’imposer pour faire sa place en tant que femme, à la campagne. L’avantage de se tourner vers le milieu rural, c’est que vous trouverez plus facilement un poste : il y a en effet moins de concurrence qu’à la ville.
Cette jeune femme était motivée dès le départ. Ses stages hors cursus montrent sa volonté d’apprendre sur le terrain et d’être rapidement confrontée à la réalité du métier. Grâce à ses expériences professionnelles, elle a pu rapidement intégrer un cabinet à l’obtention de son diplôme.
Aujourd’hui, elle travaille au sein d’un grand cabinet où elle a accepté d’être associée minoritaire. On ne peut qu’encourager cette décision. De plus en plus de jeunes font ce choix d’intégrer un cabinet de grande structure. L’organisation du travail est ainsi plus modulée, notamment quant aux gardes.
Elle a raison aussi de dire que le vétérinaire rural a de plus en plus un rôle de conseiller d’élevage. Aujourd’hui, les jeunes éleveurs savent ce qu’ils font et sont de plus en plus compétents. Enfin, il faut aussi dire que tout n’est pas rose dans notre métier : nous travaillons avec des gens qui connaissent la crise économique. Nous devons soutenir le moral des troupes. Nous faisons en fait un peu partie de la famille".

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