Portrait

Mode : les débuts de Raphaël, jeune diplômé en stylisme

Par Sophie de Tarlé, publié le 25 septembre 2009
1 min

A 26 ans, Raphaël travaille est en CDI depuis un an chez Alexis Mabille, jeune créateur en vogue. C’est à la suite d’un stage qu’il a décroché ce poste d’assistant styliste. Un parcours qui illustre bien l’importance du diplôme et de la détermination pour percer dans un métier où les débouchés restent limités.

L’Ardèche : c’est la région d’origine de Raphaël Bouvet, qui a passé son bac L spécialité arts plastiques au lycée privé Saint-Denis d’Annonay (07). Avec des parents qui travaillent dans un laboratoire pharmaceutique, il n’avait à priori aucune raison de se retrouver dans une maison de couture parisienne. "Tout petit, je ne pensais pas devenir styliste, mais j'étais très attiré par la création en général, le dessin , bricolage, tricot, couture, décoration, et je savais que j'allais faire un métier manuel", raconte t-il.

Deux ans dans le "merchandising" après son BTS stylisme


raphael jeune diplome stylismeAprès son bac, il part pour Lyon préparer un BTS de stylisme à l’école de Condé. "Mes parents m’ont toujours soutenu dans cette voie et dans mes choix en général", avoue-t-il, reconnaissant. Une fois diplômé, il envoie sa candidature à des entreprises du secteur, et trouve, au bout d’un mois de recherches, un emploi dans le "merchandising". Il apprend comment mettre les vêtements en valeur dans une boutique pour mieux les vendre. "J’ignorais qu’il y avait autant de techniques !", explique t-il. Il y restera deux ans. Mais Raphaël ne perd pas espoir de travailler comme styliste. Il décide alors de reprendre ses études. "L’école de Condé était une école très créative, mais je manquais de bases en couture", dit-il.

Il reprend ses études pour se perfectionner en couture

Raphaël monte alors à Paris, et s’inscrit à L’école de la Chambre syndicale de la couture parisienne. "J'ai choisi cette école pour approfondir mes compétences techniques, car l’école est très réputée pour ça", raconte t-il. L’école a formé des créateurs célèbres tels qu’Yves Saint-Laurent, Dominique Sirop et Jean-Louis Scherrer. Il est sélectionné sur dossier et entretien. "Les études duraient quatre ans, mais avec mon BTS j’ai pu rentrer directement en deuxième année", explique t-il. En fin de troisième année, Raphael fait partie des "happy few" sélectionnés pour participer au défilé qui a lieu chaque année au Carrousel du Louvre, et qui réunit de nombreux professionnels. Un succès qui lui permet de faire partie des 10 heureux élus qui intègreront la quatrième année.

Son école le présente à trois maisons de haute couture


En effet, seule une poignée d'élèves peut suivre cette dernière année d’études créée à l’origine par le "Cercle Saint Roch", qui est constitué de DRH (directeurs des ressources humaines) des entreprises membres de la Fédération française de la Couture. L’école ayant un partenariat avec l’ENSAD (école nationale supérieure des arts décoratifs), Raphael commence par y suivre 3 mois de cours. Il suivra également des conférences sur le management des entreprises de mode. Et le plus important : l’école le présente à trois maisons de couture pour son stage de fin d’année. Dans son cas, il s’agissait de Dior, Balmain et Alexandre Mabille. Les entretiens se succèdent. "C’était assez effrayant car on avait quand même l’impression de jouer notre avenir. Mais comme cette année était de toute façon très stressante (il y a beaucoup de concurrence entre les élèves), ça ne changeait pas beaucoup du rythme habituel", raconte t-il. Et d’ajouter : "C’est un peu l’effet entonnoir". À chaque fois, Raphael vient avec son book, des photos des créations qu’il a réalisées afin de montrer ses compétences techniques. Il répond également aux questions. "Ils voulaient savoir si j’étais flexible, passionné et compétent aussi, mais le feeling compte aussi beaucoup".

Neuf mois de stage puis un CDI


Finalement, il passera 9 mois de stage chez Alexis Mabille à Paris, un créateur qui monte. Ce jeune styliste de 32 ans est depuis deux ans membre invité lors des prestigieux défilés de haute couture. "Au départ, je réalisais les toiles des modèles qui servent aux essayages, maintenant je m’occupe de la production du prêt-à-porter, et je donne le travail aux responsables d’atelier", explique t-il. Et ce stage s’est apparemment bien passé, puisque le je jeune homme a été embauché il y a un an en contrat à durée indéterminée. Et l’avenir ? Raphaël souhaite évoluer, passer d'assistant styliste à styliste junior. "Mais je ne souhaite pas, pour le moment, créer ma propre marque, car je pense qu'il faut acquérir suffisamment d'expérience pour le faire, savoir clairement ce que l'on veut raconter et être bien entouré", conclut-il, réaliste.
 

L’avis de Valérie Carré, consultante chez Chantal Baudron, cabinet de recrutement spécialisé (mode et luxe)

"Raphaël a bien mené sa barque. C’est un beau parcours où l’on voit bien qu’il a avancé étape par étape. À chaque fois, il a choisi des écoles intéressantes, l’école de Condé puis l’école de la Chambre syndicale, qui sont des écoles reconnues. On voit bien que pour un jeune, le choix d’un établissement est primordial. C’est ce qui va lui permettre d’ouvrir des portes, de créer son réseau. Je trouve aussi qu’il a eu le courage de reprendre ses études et de monter à Paris. C’était une bonne décision. Lorsqu’on débute, il faut avoir une réflexion sur ce qu’on a envie de faire, ses projets, ses ambitions. Si l’on veut travailler dans la haute couture ou dans le prêt-à-porter haut de gamme, il est essentiel de choisir une école à Paris comme l’Esmod ou l’école de la Chambre syndicale. Mais si l’on préfère travailler dans le prêt-à porter moyen de gamme, ou dans la grande distribution, ce n’est pas forcément nécessaire. Mais il faut être cohérent avec ses choix car un recruteur aime être rassuré et convaincu."

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