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Service civique : des missions à valoriser auprès des recruteurs

Par Marie-Anne Noury, publié le 16 décembre 2010
5 min

Le service civique permet aux jeunes de 16 à 25 ans, sans condition de diplôme, de s’engager dans une mission indemnisée en faveur de la collectivité. Et, par la même occasion, d’acquérir des compétences qui peuvent être un atout lors de la recherche du premier emploi. À condition de savoir les "vendre" en tant que telles sur son CV. 

"J’ai un a priori favorable quand je vois une expérience associative sur un CV, déclare Patrick Baboin, directeur général de Timberland France et vice-président de l’association Unis-Cité. Ça saute aux yeux et ça garantit une ouverture d’esprit, une capacité à se remettre en question." Si certains recruteurs partagent cet avis enthousiaste, d’autres doivent se laisser convaincre qu’une telle mission est un atout pour le candidat : un testing de l’AFEV (*) auprès de recruteurs souligne ainsi que l’effet "bénévolat" n’est pas toujours probant sur un CV. Alors, comment en faire un atout à coup sûr au moment de postuler ?

Une parenthèse avant la vie professionnelle


Selon Patrick Baboin, le meilleur moment pour effectuer une mission et "réaliser les rêves d’une société plus juste" se situe entre la fin des études et le début de la vie professionnelle. C’est la période qu’a choisie Ghislain Ménard, aujourd’hui consultant en électronique dans une SSII (société de services en ingénierrie informatique), pour aller au bout de ses rêves. Engagé depuis plusieurs années dans le bénévolat auprès de personnes handicapées, il a décidé d’effectuer un service civique à la sortie de Polytech’Nantes, en 2006 (service civil volontaire à l’époque). "J’ai eu envie de m’accorder une parenthèse avant d’entrer dans la vie active, pour m’investir plus longtemps et plus efficacement sur des projets qui me tiennent à cœur."

Le jeune homme, alors âgé de 24 ans, rejoint l’association Unis-Cité pour travailler avec des personnes en difficultés. À titre d’exemple, il met en place un événement, dans le cadre des JMJS (Journées mondiales des jeunes solidaires) : une journée autour de la solidarité, en partenariat avec d’autres associations nantaises.

Sur le CV, dans "Expériences professionnelles"


Sur son CV, Ghislain place le service civique parmi ses expériences professionnelles, en le décrivant ainsi : "Ce volontariat à temps plein m'a permis de mener des projets concrets autour de la solidarité. Prendre des décisions, assumer des responsabilités, avoir une vision large et travailler dans une équipe de 8 personnes d’origines sociales et culturelles très différentes ont permis de mettre en œuvre ces compétences et de mener au succès ces actions."

Un vrai "plus". Deux mois plus tard, il commence à travailler chez Thalès comme consultant. "Quand j’ai décidé de changer d’entreprise, au bout de 3 ans, j’ai réduit la description de mon service civique sur mon CV mais je ne l’ai pas supprimée. Les recruteurs m’en parlent encore. Ça leur plaît et ça fait une vraie différence par rapport à d’autres CV", affirme-t-il.

Identifier et "vendre" les compétences acquises


Tous les volontaires bénéficient d'un accompagnement de la part de leur structure d'accueil pour faciliter le déroulement de leur mission et pour réfléchir à leur "projet d’avenir". Le réseau d’associations étudiantes Animafac propose, par exemple, le programme "Bénévolat et conduite de projets : des atouts pour l'insertion professionnelle".

D’après Bastien Engelbach, chargé de mission à Animafac, les volontaires et les bénévoles n’osent pas toujours présenter leur expérience sur leur CV ou ne savent pas comment en parler à un recruteur du secteur privé. "Avec cet accompagnement, nous les aidons à prendre du recul sur leur expérience pour la formaliser, puis la traduire en compétences pouvant être réinvesties dans un cadre salarial."

Fransez Poisson a effectué un service civique parallèlement à sa licence 3. Sa mission : relais pour le réseau Animafac à l’université Rennes 1. "C’était l’occasion de m’investir à temps presque plein (26 heures hebdomadaires) dans une mission concrète, d’établir des contacts avec des associations étudiantes ou des institutionnels, tout en étant indemnisé." Aujourd’hui inscrit en master 1 science politique et vice-président du réseau d’associations Animafac, Fransez n’a pas encore défini son projet professionnel, mais il est persuadé que le service civique pourra être valorisé sur le plan professionnel. "J’ai acquis des compétences en termes de montage de projet, de coordination, et j’ai découvert différentes problématiques (santé, Europe…) qui m’ont ouvert l’esprit et ont enrichi ma culture générale".

(*) L’AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville) est un réseau national qui fait intervenir, chaque année, environ 7.500 étudiants bénévoles, pour aider et accompagner des enfants dans leurs parcours scolaires

Le service civique en bref


Le service civique peut être réalisé en France ou à l’étranger, pendant 6 à 12 mois, auprès d’une association, d’une fondation, d’une ONG (organisation non gouvernementale) ou d’un organisme public. Chaque mission donne lieu à une indemnité nette mensuelle de 440 € versée par l’État (quelle que soit la durée hebdomadaire) et à une prestation en nature ou en espèces d’un montant de 100 € versée par la structure d’accueil, correspondant aux frais d’alimentation et de transport. Toutes les missions sont détaillées sur www.service-civique.gouv.fr.

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