Décryptage

Réserve opérationnelle : les clés si vous voulez vous engager

Le ministère de l'Intérieur a lancé un appel à tous les volontaires qui voudraient renforcer la sécurité du pays.
Le ministère de l'Intérieur a lancé un appel à tous les volontaires qui voudraient renforcer la sécurité du pays. © Fred MARVAUX/REA
Par Julie Chapman, publié le 20 juillet 2016
1 min

Intégrer la gendarmerie ou la police en tant que réserviste et protéger le pays, cela vous dit ? Voici les critères de recrutement et les témoignages de ceux qui se sont lancés.

Le 16 juillet 2016, deux jours après l'attentat de la promenade des Anglais, à Nice, le ministère de l'Intérieur postait une annonce sur les réseaux sociaux :

Le but : trouver des volontaires pour venir en aide aux forces de sécurité en France. Il existe deux réserves opérationnelles dans lesquelles vous pouvez vous engager en tant que civil : la police et la gendarmerie. Pour chacune d'elles, les recrutements se font sur des critères bien spécifiques. Témoignages de réservistes et mode d'emploi.

S'engager, pour quoi faire ?

C'est décidé. Antonin, élève de première de 17 ans, souhaite s'engager dans l'armée. “Pendant les vacances de la Toussaint 2016, je vais faire ma PMD. Et dès janvier 2017, je commencerai les démarches pour intégrer l'armée.” Être réserviste pour ce jeune d'Albi, c'est mettre un premier pas dans le monde militaire. Depuis quelques mois, les recrutements ont augmenté suite aux attentats. Le budget de l'État dédié aux réservistes doit progresser de 77 % entre 2014 et 2018. “Comme chacun, je me suis senti touché par les attaques. Mais je pense qu'il ne faut pas s'engager pour des raisons politiques ou religieuses.”

Pour aider les autres

Mathurin, lui, a sauté le pas il y a un mois et demi. À 21 ans, cet étudiant de l'ISEP Paris a décidé de s'engager en tant que réserviste dans l'armée de terre. “L'armée m'intéresse depuis longtemps, mais je ne voulais pas en faire mon métier.” Il a eu le déclic au moment des attentats de “Charlie Hebdo”. “Je n'ai pas supporté d'être sur mon canapé à regarder les infos et de ne rien pouvoir faire pour aider ces gens. Il approuve totalement l'appel du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve : “Plus on est, mieux c'est. Avec plus de réservistes sur le territoire, les gendarmes pourront s'occuper de missions plus délicates et mieux protéger la France.”

Pas le travail du GIGN

De son côté, Pascal, 22 ans, est étudiant à l'IEP (institut d'études politiques) de Bordeaux et réserviste depuis 4 ans. Poussé par la curiosité, il s'est engagé dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie de Gironde. Pour lui, être réserviste, c'est “mettre son existence au service de la communauté”. Avec un père gendarme, il était évident pour lui de “passer de l'autre côté du mur”.

Même si le patriotisme n'est pas sa motivation première, il comprend l'engouement actuel pour devenir réserviste. Cependant, il met en garde : “Être réserviste, c'est soulager le travail du gendarme. Il ne faut pas s'attendre à faire ce que fait le GIGN. On est plutôt déployés pour faire des patrouilles ou contrôler des lieux de rassemblements.” Conscient de mettre parfois sa vie en jeu, il appréhende les nouvelles recrues : “J'ai peur que certains nous mettent plus en danger qu'autre chose, par manque de formation.”

Comment intégrer la réserve de la police ?

Composée de 3.000 volontaires, la réserve opérationnelle civile de la police est accessible aux citoyens français dès 18 ans et jusqu'à 65 ans. Pour y entrer, il faut avoir fait sa JDC (Journée défense et citoyenneté), avoir un casier judiciaire vierge et être en forme physiquement. Si vous remplissez ces critères, vous suivrez une formation de 10 jours dans une école nationale de police pour acquérir des bases juridiques et techniques, passerez un entretien de motivation et une visite médicale.

Ensuite, vous pourrez être mobilisé jusqu'à 90 jours au maximum par an. Généralement, en tenue civile, vous pouvez porter un gilet pare-balles si vous exercez des missions sur la voie publique. En revanche, vous n'êtes pas armé. En fonction des compétences requises – dépendantes de votre mission – vous serez indemnisé, brut, de 50 € à un peu plus de 200 € par jour.

Comment intégrer la réserve de la gendarmerie ?

La réserve opérationnelle de la gendarmerie (il en existe également une dans l'armée) comprend aujourd'hui 25.000 réservistes de niveau 1 (composée à 70 % de civils). Citoyen français, vous pouvez l'intégrer dès 17 ans et jusqu'à 30 ans. Comme pour la police, les critères de sélection sont l'aptitude physique, le certificat de JDC ainsi qu'un casier judiciaire vide. Si vous rassemblez tous ces critères, vous passerez un test psychotechnique pour attester de votre aptitude mentale ainsi qu'un test de connaissances générales et de compréhension de textes.

Les étudiants ou diplômés de l'enseignement supérieur peuvent présenter le concours d'officier en suivant une préparation militaire supérieure de 30 jours. Les autres pourront candidater à celui de sous-officier et effectuer la préparation militaire de gendarmerie pendant 15 jours. Ces préparations vous permettront d'acquérir les fondements du métier : les actes réflexes, la déontologie, le secourisme, ainsi que les bases légales et réglementaires. Vous apprendrez aussi à manier une arme.

Après cette préparation, vous serez intégré dans une brigade près de chez vous, où votre formation continuera pendant 3 ans, même si vous aurez déjà le statut de réserviste. Vous pouvez être mobilisé jusqu'à 30 jours par an. L'indemnisation journalière est calculée en fonction de votre grade (comptez en moyenne 85 €, net, par jour). Prêt à sauter le pas ?

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