Coaching

Trop jeune pour être chef ?

Être un leader né, c'est possible !
Être un leader né, c'est possible ! © DreamWorks
Par Catherine de Coppet, publié le 15 juin 2017
1 min

Décrocher un poste à responsabilités à 25 ans a de quoi réjouir. Mais votre jeunesse peut aussi déranger ou, au moins, faire réagir autour de vous. À partir des témoignages d'Anna, de Robin et de Brieuc, voici quelques conseils pour vous aider à tracer votre route en toute sérénité.

Il n'est pas nécessaire d'avoir 39 ans et d'être un jeune président de la République pour vivre cela... Que vous soyez cadre, chef d'équipe, directeur ou responsable, si vous avez moins de 30 ans et que vous décrochez votre premier poste à responsabilités, vous risquez de vous mettre la pression. "Une fois qu'on a le poste, cela ne sert à rien de se sentir illégitime, il faut faire confiance à ceux qui vous ont recruté", estime Brieuc, 34 ans, qui s'est retrouvé, à 25 ans, à la tête d'une équipe de 14 personnes, comme chef de rayon d'un magasin.

"Je ne me suis pas posé la question, j'y suis allée à fond ! De toutes façons, j'avais tellement de travail que je n'avais pas le temps de souffler", témoigne Anna, 24 ans, en fin d'école de commerce. Pour son premier stage, à 21 ans, elle a dû gérer une équipe de 600 bénévoles pour un événement sportif.

1. Être à l’écoute dès le départ

De fait, si votre hiérarchie vous soutient, il n'y a pas de raison que l'expérience se passe mal. "Les équipes dirigées font confiance si l'entreprise a l'habitude de recruter des personnes compétentes", indique Brieuc. "Les autres responsables étaient très bienveillants, cela m'a aidée", souligne Anna. "À partir du moment où les résultats sont là, il ne faut pas trop s'inquiéter", pointe Robin, 26 ans, directeur exécutif d'un organisme de formation depuis un an et demi.

À vous de prendre conscience aussi de votre propre stress, pour mieux l'apaiser. "Je n'ai pas dormi pendant un mois, c'était très intense", se souvient Anna, qui avait peur de ne pas remplir sa mission. "Mon conseil est, si on est manager, d'être à l'écoute dès le départ. Cela aide et permet que les premiers pas se passent bien", indique Brieuc.

2. Supporter que l’on vous renvoie à votre âge

Malgré tout, il se trouvera toujours certaines personnes pour faire allusion à votre jeunesse, d'une façon ou d'une autre, au sein des équipes ou ailleurs. "Une fois, un client m'a demandé si j'étais majeur. C'était le comble", se souvient Brieuc. Il faut dire que j'ai une tête de jeunot, je suis complètement imberbe, c'est un élément de plus à prendre en compte !"

Anna, elle, a été surprise par la réaction de son maître de stage quand elle lui a demandé de l'aide : "Il m'a dit de ne pas m'inquiéter, que mon stress était lié au fait que j'étais jeune et que j'allais m'en sortir, raconte-t-elle. En fait, il niait totalement la charge de travail, qui était colossale !"

Anna a également dû affronter les réticences de certains bénévoles, plus âgés qu'elle, et qui lui laissaient entendre qu'elle n'était pas compétente. Lors d'une autre expérience, toujours comme stagiaire au sein du staff d'un événement sportif, la jeune femme s'est même fait insulter. "J'ai dû faire sortir la personne par la sécurité. Le journaliste qui n'acceptait pas de se voir interdire l'accès au stade devenait menaçant, en disant que ce n'était pas une gamine qui allait lui apprendre la vie !" Même dans des situations moins extrêmes, Anna a vécu le fait que sa jeunesse était un frein. "Lors de mon dernier stage, je me suis retrouvée assistante alors que mon CV montrait bien que j'avais déjà de l'expérience. Parfois, l'âge peut affaiblir un CV pourtant solide."

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Les reproches liés à l'âge ne viennent pas forcément des personnes que vous dirigez. "Au sein de la hiérarchie, certains ont pu parfois me faire sentir que mon évolution rapide dans l'entreprise était suspecte, que, d'une certaine façon, j'aurais dû en baver, comme eux", explique Brieuc. Au fond, je pense que, dès qu'on évolue, on suscite des jalousies et des réactions qu'il faut savoir aplanir ou dépasser. Ce n'est pas une question d'âge, selon moi."

Un point de vue partagé par Robin : "Des reproches, il y en a toujours, mais quand on est jeune, ils se rapportent souvent à ce sujet. Il faut relativiser."

3. Éviter les pièges

Le temps vous aidera sans doute à trouver votre place. Mais avoir en tête quelques pièges à éviter peut vous être utile... "Assez rapidement, j'ai compris que je ne devais pas être systématiquement disponible pour les bénévoles qui avaient mon âge. Il fallait que je garde une certaine distance", explique Anna.

"J'ai remarqué qu'au début, on peut avoir tendance à se focaliser sur les objectifs du poste, plus que sur les personnes qui font l'entreprise", admet Robin.

N'hésitez pas non plus à casser les clichés qui pourraient être associés à votre jeunesse. "J'ai fait attention à quelques détails pour renforcer ma crédibilité, se souvient Robin. Par exemple, mettre une veste de temps en temps, ne pas poser ma sacoche par terre... Mais pas au point de travailler mon look !"

De son côté, Brieuc a découvert qu'il avait surpris ses équipes en s'entourant, une fois directeur de magasin, de salariés de tous âges. "Je crois qu'on s'attendait à ce que je travaille avec une garde rapprochée jeune, comme moi, alors que je pense que c'est important d'amalgamer différents profils."

Pour le jeune dirigeant, c'est finalement de vous-même qu'il faudrait le plus vous méfier. "Dès qu'on a une difficulté – comme dire ce que l'on pense aux gens de son équipe –, on a tendance à estimer que c'est normal. Il ne faut pas se donner ce genre d'excuses, et y aller !" D'une certaine façon, l'autocensure serait fortement répandue... "Une prise de poste s'accompagne souvent d'un complexe de légitimité, et quand on est jeune, on le fait porter sur son âge", analyse-t-il.

4. Faire de sa jeunesse un atout 

Au contraire, votre jeunesse peut être une carte à jouer. "Il se trouve que je travaille pour des jeunes qui se forment. Ma jeunesse leur permet de s'identifier, cela crée une proximité favorable", témoigne Robin.

"Je pense qu'être plus jeune permet parfois de faire avancer son entreprise sur certains sujets, explique de son côté Brieuc. Je m'informe beaucoup sur les réseaux sociaux et je suis devenu un peu relais d'opinions en termes d'innovation."

En management aussi, votre jeunesse peut donc vous aider. "Il m'est arrivé de m'appuyer sur une sorte de naïveté, que l'on pouvait mettre sur le compte de mon âge, pour rétablir le dialogue avec des personnes sur la défensive, témoigne Brieuc. Cela m'a permis de les convaincre d'accepter certaines évolutions."

Une idée séduisante, à condition de ne pas se servir de son âge pour opposer les gens les uns aux autres. "Certaines personnes moins jeunes ou moins 'rapides' peuvent vite complexer devant un jeune manager, or il faut emmener tout le monde !"

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