Coaching

Entretien collectif : comment tirer votre épingle du jeu

Entretien collectif
Lors d'un entretien collectif, il faut se positionner entre le hérisson et le paillasson. © PlainPicture / PhotoAlto
Par Étienne Gless, publié le 27 mars 2015
1 min

Très pratiqué par les grandes entreprises et pour les fonctions commerciales, l’entretien d’embauche collectif vise à sélectionner les jeunes actifs débutants. Nos conseils pour passer le cap avec brio.

Sens de l'écoute, art de la médiation, capacité à fédérer, leadership... Voici quelques-unes des qualités qui peuvent être évaluées lors d'un entretien dit "collectif". Au milieu d'autres candidats, il vous faudra tirer votre épingle du jeu, sans pour autant en faire trop. Tout ce que vous devez savoir de cette technique de recrutement en 7 questions-réponses, pour être fin prêt le jour J.

D'où viennent les entretiens collectifs ?

Cette pratique est née dans l'aéronautique à la suite d'accidents aériens ayant pour origine une défaillance humaine : "La plupart des compagnies aériennes testent les équipages pour voir comment ils se comportent avec leurs supérieurs, leurs collatéraux ou leurs subordonnés", remarque Stéphanie Delestre, PDG du site d'emplois Qapa.fr.

Ainsi Air France convoque-t-elle régulièrement de jeunes pilotes, ingénieurs ou contrôleurs aériens frais émoulus de l'ENAC par groupe de 5 ou 8 et les met en situation : ils sont observés par des commandants de bord expérimentés, des psychologues, des cadres de l'entreprise pour vérifier leur capacité en situation de crise à avoir une communication factuelle et non émotionnelle qui permettra de prendre la meilleure décision possible... et de sauver des centaine de vies !

"La pratique a ensuite gagné de nombreux autres secteurs comme les métiers de la sécurité, chez les pompiers par exemple, et tous les métiers à fort facteur de stress dont les métiers commerciaux", précise Stéphanie Delestre.

Dans quels secteurs risquez-vous d'en passer ?

"L'entretien collectif est surtout utilisé par de grandes entreprises, très rarement par des PME", explique Marie Hathroubi responsable du recrutement interne chez Hays France. L'attention des recruteurs se porte non plus sur une personne mais sur un groupe de personnes, souvent une dizaine.

Banque (BNP-Paribas, Crédit agricole...), assurance (Axa), conseil (EY, Deloitte...), grande consommation (Unilever, Danone, Carrefour...) sont parmi les secteurs les plus friands de cet outil de recrutement. "Mais l'entretien collectif est aussi utilisé par tous les secteurs pour les fonctions commerciales ou les pôles d'accueil des structures", précise Marie Hathroubi.

Pourquoi les recruteurs utilisent-ils cette technique ?

L'objectif principal du recruteur est d'évaluer les candidats sur leur comportement en groupe. Êtes-vous plutôt leader, expert, secret, témoin... ? Il s'agit de connaître votre vraie personnalité et de faire tomber votre masque social.

"En groupe pendant plusieurs heures, il est plus difficile de contrôler ses réflexes que durant un entretien en face-à-face de 45 minutes", décrypte Marie Hathroubi.

En recourant à l'entretien collectif, les recruteurs cherchent aussi à gagner du temps : voir plusieurs candidats en une demi-journée ou une journée de recrutement, leur délivrer un message identique sur l'entreprise et les postes à pourvoir.

L'entretien collectif permet enfin de croiser les avis. En effet, plusieurs observateurs sont présents lors de ces entretiens : représentants de l'entreprise, cabinet de recrutement, psychologue...

En quoi consistent les entretiens collectifs ?

Les entretiens collectifs durent souvent 2 à 3 heures, parfois une demi-journée. Ils portent rarement sur des questions techniques, déjà sanctionnées à travers les diplômes. Ils sont utilisés pour vérifier la capacité des candidats à s'insérer dans un groupe et observer le rôle qu'ils y tiennent.

"Ce qui est observé c'est votre relation aux autres", détaille Stéphanie Delestre, PDG de Qapa.fr : "Comment vous positionnez-vous dans un groupe ? Comment évaluez-vous une situation ? Comment écoutez-vous les autres ? Comment leur parlez-vous ? Comment rebondissez-vous sur les propositions des autres ? Etc.". Autant de points scrutés par les recruteurs (responsables de ressources humaines, chasseur de tête...). Ceux-ci interviennent rarement dans la discussion sauf en début d'entretien pour présenter l'entreprise, les postes à pourvoir, le déroulement de l'entretien et le temps disponible.

Comment se passe concrètement un entretien collectif ?

Le timing. Le déroulement est généralement le suivant :

- Présentation de l'entreprise et du ou des postes à pourvoir (30 à 45 minutes).
- Tour de table avec présentation de chaque candidat : 2 à 3 minutes chacun.
- Exercice collectif (1h00 à 1h30)

Les mises en situation.

Lors de cet exercice de mise en situation, deux types de questions vous seront proposées. Soit on demandera au groupe de prendre une décision ou de faire quelque chose (cas concret lié au métier ou cas fictif à traiter ensemble). Soit on demandera à chacun de défendre devant les autres un point de vue personnel sur un sujet.

- L'exercice de simulation de visite client : c'est un "classique" des entretiens collectifs. On peut vous demander ainsi de traiter un client difficile ou de bâtir en groupe un argumentaire de vente pour une nouvelle offre.
- L'exercice de la présentation croisée. Ici on demande à chaque candidat d'en présenter un autre : c'est un moyen de mesurer votre capacité d'écoute. Avez-vous pris des notes en début de séance quand les autres candidats se sont présentés.

Comment bien se préparer à un entretien collectif ?

Comme pour tout entretien avec un recruteur, vous devez soigneusement préparer vos réponses... et vos questions.

D'abord, informez-vous en amont sur l'entreprise et le poste. "Vous devez bien connaître l'activité de l'entreprise, ses enjeux, son actualité, ses projets, le marché sur lequel elle évolue...", préconise Tania Gibot consultante mobilité à l'Agence pour l'emploi des cadres (APEC). Renseignez-vous sur ses métiers, ses besoins de compétences... Astuce : avec les réseaux sociaux, trouvez dans l'entreprise une personne déjà en poste qui a un parcours de formation similaire au vôtre et essayez d'entrer en contact avec elle pour lui demander un retour d'expérience. "Vous devez aussi bien comprendre les attendus du poste : quelles sont les compétences et qualités comportementales requises, traits de caractère et personnalité recherchés...", poursuit Tania Gibot.

Dopez vos faiblesses et anticipez sur des échanges en langues étrangères. Entraînez-vous à une présentation courte de votre parcours, de votre profil (maximum 2 à 3 minutes). Y compris en anglais (ou autre langue exigée par l'annonce). Révisez par exemple votre vocabulaire professionnel si le poste comporte une dimension internationale.

Le jour J : arrivez en forme et détendu. Ne stressez pas outre mesure : si vous êtes convoqué à un entretien collectif, c'est que vous êtes légitime et avez déjà franchi un filtre, votre profil correspond déjà à ce que recherche l'entreprise. Si vous faites partie des 10-15 candidats convoqués à un entretien collectif, sachez que 100 à 150 candidats ont postulé sans être retenus. De plus si l'entreprise utilise plusieurs outils, c'est qu'elle veut assurer la réussite de son recrutement. Le recrutement représente pour elle des enjeux économiques et financiers. Enfin rappelez-vous que les autres candidats sont dans la même situation que vous : eux aussi sont stressés par l'exercice !

Soignez votre présentation. Si vous avez pu glaner des informations sur le dress code en vigueur de l'entreprise, essayez de vous y tenir. Soignez aussi la présentation de votre parcours de formation : "Montrez votre maturité dans les choix effectués pour construire votre parcours", préconise Tania Gibot qui recommande d'éviter les phrases trop souvent entendues, comme "J'ai un parcours atypique" qui peut effrayer un recruteur. Optez plutôt pour des verbes d'action et montrez que vous avez été pro actif : j'ai toujours aimé ceci. J'ai donc choisi de faire telle formation puis j'ai voulu approfondir tel aspect alors je me suis spécialisé dans telle discipline etc.".

Cultivez votre "assertivité" : ne soyez ni hérisson ni paillasson ! L'assertivité désigne la capacité d'un individu à s'affirmer dans le respect de l'autre. En entretien collectif, vous devez dire votre mot et vous garder de deux extrêmes : se taire (comportement de fuite) ou trop parler (comportement d'agressivité). Bref ne soyez ni paillasson ni hérisson ! "Durant la mise en situation vous devez montrer votre capacité à élaborer un discours argumenté et votre pouvoir de conviction", conseille Tania Gibot, de l'APEC. "Ce sont des qualités qu'on exige dans beaucoup de métiers". Si vous prenez la parole, vous devez être en mesure de prouver ce que vous avancez. Sachez aussi rebondir sur des échanges, cela prouvera votre capacité d'écoute : "En synthèse je retiens de nos échanges que...". Le leadership, recherché par beaucoup de recruteurs, n'est pas détenu par celui qui parle le plus et monopolise la parole avec une certaine agressivité : il réside aussi dans la capacité d'empathie (écoute et respect de l'autre) et de fédération des énergies.

Que se passe-t-il à l'issue d'un entretien collectif ?

Après l'entretien collectif qui se tient généralement le matin, beaucoup d'entreprises organisent des entretiens individuels l'après-midi. Si vous y êtes convoqué, révisez les infos obtenues le matin : profitez de la pause déjeuner pour effectuer une fiche ou un mémo sur votre smartphone de la présentation qui a été faite plus tôt de l'entreprise et du poste à pourvoir.

Si vous n'êtes pas retenu, débriefez. Il s'agit de comprendre ce qui n'a pas fonctionné et de l'analyser : partez des moments où vous avez ressenti de l'inconfort. Devez-vous retravailler votre anglais ? Votre prise de parole en public ? Votre capacité à vous affirmer face à de fortes personnalités ?

Débriefer sert aussi à restaurer sa légitimité à avoir participé à cet entretien de groupe et rester serein. Prenez conscience qu'à 10 ou 15 candidats, vous êtes nombreux à être éliminés, c'est inévitable, il faut savoir l'accepter. Les circonstances obligent le recruteur à faire des choix et ce n'est pas un rejet personnel de votre candidature !

"Pour rester positif, vous pouvez même rédiger un courriel de remerciement", suggère Tania Gibot. Avec des formules telles que : "J'ai beaucoup apprécié la présentation de votre entreprise, je reste très intéressé par votre activité. Je vous renouvelle mon intérêt pour une collaboration future...". Une manière de terminer sur une note positive et professionnelle. Une réponse négative est une épreuve qui fait toujours avancer. Et n'oubliez pas : un recruteur ne vous dit non que pour aujourd'hui !

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