Interview

Pourquoi des jeunes partent faire le djihad ? L'avis d'un psy

Par Isabelle Dautresme, mis à jour le 18 novembre 2015
3 min

Les adolescents issus des classes moyennes constituent une part importante des départs pour le djihad en Syrie, depuis 2013. Qu’est-ce qui pousse ces jeunes à se radicaliser et comment lutter contre ? Dans “Adolescence et djihadisme”, le psychiatre et psychanalyste Philippe Gutton, apporte des éléments de réponse. Entretien.

Comment expliquer que des jeunes parfaitement intégrés socialement et élevés dans des familles unies et aimantes rejoignent le mouvement djihadiste ?

D'abord, je tiens à dire que le désir de partir est un symptôme de l'adolescence. Certains jeunes vont décider de le faire de façon dramatique, en se suicidant, d'autres de façon moins définitive, en fuguant par exemple, et enfin, certains en s'enfermant dans leur chambre.

Ce désir de départ s'explique par une opposition très forte entre ce à quoi aspirent les adolescents, c'est-à-dire l'amitié, l'amour, une vie tranquille, et les nécessités d'un monde contemporain très hiérarchisé et compétitif. Coincé entre ces deux exigences incompatibles, l'adolescent peut vouloir “foutre le camp”. D'autant que le collège aussi, est vécu par beaucoup d'entre eux comme un lieu de concurrence et de rivalité.

Mais tous ne partent pas faire le dijhad...

Non et heureusement. Pour partir il faut qu'il y ait une rencontre. Que quelqu'un dise à l'adolescent : "Viens chez moi, tu verras, ce sera formidable". Les djihadistes ont élaboré un discours extrêmement efficace qui apporte une solution immédiate aux aspirations des adolescents.

Il ne faut surtout pas croire qu'il n'y a que des jeunes malades ou en perte de repères qui partent. Le départ relève parfois d'une coïncidence de la vie qui fait qu'un jeune en période de crise rencontre sur son chemin, via Internet, les réseaux sociaux, un discours sectaire.

Que faire  ?

Dialoguer... Quand un jeune commence à ressentir de l'anxiété, il faut qu'il en parle avec une personne en qui il a confiance, avec qui il pourra réfléchir à ce qu'il se passe. Ce peut être un prof, un jeune un peu plus âgé, un éducateur... Il ne s'agit surtout pas, comme c'est trop souvent le cas, de dire au jeune ce qu'il doit faire ou d'avoir un discours moralisant. Pas question non plus d'essayer de le raisonner. Ce qu'il faut c'est maintenir le lien et parler !

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