Actu

Comment je suis devenue Anne-Sophie Pic

publié le 18 décembre 2007
5 min

Vous êtes née dans les fourneaux. Quels souvenirs culinaires gardez-vous de votre enfance ?
"Ma chambre était au-dessous des cuisines. Je garde surtout en mémoire des souvenirs de délicieuses et alléchantes odeurs, et des bruits de casseroles."

Le pâtissier de la maison vous gâtait à la sortie de l’école…
"Oui, je ne résistais pas aux choux à la crème et j’aimais faire de la pâtisserie. Le sucré est toujours le premier goût préféré des enfants, plus accessible à leurs papilles."

Pourtant, quand votre père vous demande, plus tard, si vous allez prendre la relève, sa question reste sans réponse. La cuisine ne vous attirait pas ?
"Non, je voulais voir autre chose, prendre une autre route pour savoir ce que je valais en dehors de la Maison Pic."

Vous décidez alors d’intégrer une école de gestion…
"J’ai ressenti le besoin de quitter le cocon familial, de prendre du recul et de découvrir le monde."

Vous voyagez ainsi aux États-Unis, au Japon (où vous rencontrez votre futur mari), puis Valence vous manque. L’appel de la cuisine était trop fort ?
"En fait, j’ai réalisé un matin que je voulais devenir chef. J’ai aussitôt appelé mon père pour lui dire que je rentrais. Il pensait que je voulais dire « pour le week-end », mais je lui ai répondu, « non, pour la vie, je veux devenir cuisinière ». Il s’est mis à pleurer."

Comment s’est passé votre apprentissage auprès de votre père ?
"Mon apprentissage a été trop court, la vie en a décidé ainsi… Il m’a transmis le goût des bonnes choses, à défaut du geste."

En 1998, vous reprenez avec votre mari la direction de la Maison Pic. Aujourd’hui, vous êtes un chef triplement étoilé. Êtes-vous fière de votre parcours ?
"Très fière, car le parcours fut long et difficile, mais il en valait vraiment la peine. Je crois qu’il ne faut surtout jamais baisser les bras et toujours donner le meilleur de soi."

Parlez-nous de votre cuisine…
"C’est avant tout une cuisine d’harmonie entre les saveurs et les produits."

Quel est votre plat préféré ?
"Je me régale d’une bonne tartine de pain avec du chocolat… Cela réveille en moi de jolis souvenirs, des émotions… Je suis aussi une fan du fameux gratin d’écrevisses qui s’est transmis de génération en génération dans notre famille."

Est-il difficile d’être une femme dans ce milieu ?
"Oui, car c’est un milieu très masculin, il faut savoir se faire respecter. Mais on peut y arriver, la preuve."

Comment s’organisent vos journées ?
"Je démarre la journée avec mon fils. Je suis une maman comblée, d’un petit garçon de 2 ans. Puis, je pars au restaurant faire le point avec mes équipes, les fournisseurs, et parfois pour l’élaboration de nouveaux plats. Ensuite, je fais un break avec mon époux, le temps d’un rapide déjeuner, avant le service. Dans l’après-midi, je travaille avec mon assistante sur les dossiers en cours. Enfin, je pars rejoindre mon fils jusqu’aux environs de 21 heures pour le service du soir."

Quels conseils donneriez-vous à une jeune fille qui souhaite devenir chef ?
"C’est un très joli métier, d partage, de transmission et de passion. Il faut être bien entourée, apprendre dans de bonnes maisons, bien choisir ses formateurs et surtout être bien dans sa tête, et alors tout peut arriver."

Où en est votre projet d’ouvrir une école de cuisine ?
"Nous prévoyons en effet l’ouverture d’une école en mars 2008, pour les gourmets, autour de la cuisine et de l’art de vivre à Valence. Elle sera destinée au public et s’appellera Scook…"


Anne-Sophie Pic en six dates

1969 : naissance d’Anne-Sophie, le 12 juillet, à Valence.
1992 : diplômée de l’Institut supérieur de gestion (ISG), Paris.
1998 : Anne-Sophie et son mari David Sinapian reprennent la direction de la Maison Pic.
2000 : quatrième étoile au "Bottin Gourmand".
2006 : ouverture du bistrot 7 par Anna-Sophie Pic à Valence.
2007 : troisième étoile au "Guide Michelin".



Propos recueillis par Séverine Tavennec

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !