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"Je me suis battu pour qu’un diplôme de vétérinaire comportementaliste voie le jour"

publié le 18 novembre 2008
1 min

Petit, vous rêviez déjà d’être vétérinaire ?
Comme beaucoup d’enfants, j’aimais les animaux et je réclamais régulièrement un chien ou un chat à mes parents. Ils ont toujours refusé parce que j’étais asthmatique et que les médecins le déconseillaient. Pour me consoler, je me suis dit que je deviendrais vétérinaire. Plus les années passaient, plus j’en étais convaincu. Après un bac C [devenu depuis S spécialité mathématiques, NDLR] et une classe prépa, j’ai donc intégré l’École nationale vétérinaire de Lyon.

Quels souvenirs gardez-vous de cette période ?
Déjà, j’ai adopté un chien. Première victoire ! Sinon, je me suis beaucoup ennuyé durant les premières années, très théoriques, mais j’ai ressenti un plaisir et une émotion intenses lors des premiers stages en consultation clinique. J’avais trouvé ma voie !

Vous obtenez votre diplôme et, à l’issue de votre thèse, vous ouvrez votre cabinet…
Pendant ma thèse, j’ai travaillé chez de nombreux confrères où j’ai fait mes classes, puis je me suis senti prêt à ouvrir mon cabinet à Toulon, ma ville natale. Les deux premiers jours, je n’ai eu aucun client. Le troisième, j’ai fait mon premier vaccin à un jeune épagneul breton. Il m’a d’ailleurs suivi tout au long de ma carrière de généraliste. Je l’ai euthanasié quelques jours avant de fermer mon cabinet.

Vous souvenez-vous de votre première intervention chirurgicale ?
Comment oublier ? Je devais opérer une chienne, un bouvier des Flandres, qui avait une torsion de l’utérus. Elle souffrait affreusement, était en hypothermie. Je pensais vraiment qu’elle n’allait pas s’en sortir. Après l’intervention, je suis resté avec elle toute la nuit dans la cage pour la veiller, et je me suis endormi à ses côtés. Le lendemain, nous étions tous les deux en pleine forme.

Au bout de treize ans, vous décidez de vendre votre cabinet…
J’ai pris beaucoup de plaisir avec la clientèle, mais je voulais passer à autre chose. Dans les années 1990, je me suis intéressé aux troubles du comportement. Huit ans plus tard, j’ai cédé mon cabinet pour me consacrer à cela. Avec une dizaine de confrères, nous nous sommes alors battus pour qu’un diplôme de vétérinaire comportementaliste voie le jour. Il a été créé en 1998 et les cours sont aujourd’hui dispensés dans les quatre écoles vétérinaires de France.

Vous devenez ainsi vétérinaire comportementaliste. Comment travaillez-vous au quotidien ?
Je fais beaucoup d’activité de conseil auprès des laboratoires et des collectivités locales. Je dispense des formations au sein des écoles vétérinaires. Je multiplie les conférences et les congrès. Je suis également président de ZooPsy, l’association des vétérinaires comportementalistes, dont l’objectif est d’apporter une aide efficace, dans un souci du bien-être animal et d’une vie sociale harmonieuse avec les propriétaires.

Quelle est la mission d’un vétérinaire comportementaliste ?
Beaucoup nous considèrent comme des psychanalystes du maître, notamment. Mais nous ne nous intéressons pas aux troubles des propriétaires. Nous sommes des psychiatres pour animaux. Notre objectif est de soigner le chien par exemple, et d’élucider les éventuelles dérives de son comportement en analysant la situation, avec la complicité des membres de la famille.

Vous avez pour projet de créer un centre du comportement…
C’est un grand rêve ! On manque ainsi de structures pour traiter les chiens phobiques. En milieu hospitalier spécialisé, de nouvelles techniques devraient permettre de grands progrès dans le traitement des affections comportementales. J’espère qu’un tel centre verra le jour bientôt…

Claude Béata est également l'auteur du livre "la Psychologie du chien" (éditions Odile Jacob).


Propos recueillis par Séverine Tavennec

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