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Comment je suis devenu... François-Xavier Demaison

publié le 10 mars 2008
5 min

Très jeune, vous aimiez déjà beaucoup faire le pitre…
"Je faisais des imitations au spectacle de l’école et dans la cour de récréation. J’adorais ça, je prenais vraiment mon pied à faire rire les autres. Très tôt, j’ai découvert le pouvoir de l’humour et cela a été d’ailleurs mon arme de séduction. Cela plaisait beaucoup aux filles."

Et l’école dans tout ça ?
"J’aimais bien aller à l’école pour retrouver mes potes. Mais j’étais aussi un élève très studieux. J’avais de bonnes notes."

Par la suite, vous avez enchaîné sur de longues études…
"Une fois mon bac B [l’équivalent de la série ES, NDLR] en poche, je me suis inscrit en droit à la fac de Nanterre tout en suivant la classe libre du Cours Florent. L’envie de devenir comédien et d’en faire mon métier me poursuivait. J’ai donc mené de front la fac et les cours de théâtre. Puis, j’ai eu un coup de flip, une angoisse existentielle. J’ai eu peur de faire ce métier. Après une maîtrise de droit, j’ai donc intégré Sciences po Paris."

Etait-ce pour faire bonne figure auprès de vos parents ?
"Certainement. Je me suis fait un "bad trip". Par peur, par lâcheté, pour rassurer en effet mes parents qui me conseillaient d’être raisonnable, j’ai renoncé à ma vocation première, le théâtre."

Diplômé en 1998, vous intégrez le cabinet PricewaterhouseCoopers…
"Je deviens un spécialiste de fiscalité internationale, puis j’évolue vite, je suis bien noté et le cabinet m’envoie à New York. Le rêve américain se réalise pour moi. Là-bas, mon travail consiste à faire économiser des millions de dollars d’impôts à des entreprises qui font des milliards de bénéfices."

Vous voilà un yuppie new-yorkais…
"Je mène en effet une vie plutôt sympa. J’ai 27 ans, j’habite dans un bel appartement à Manhattan, avec ma femme. Je prends le métro tous les matins pour me rendre à mon bureau, qui se trouve près de Central Park. J’avale un énorme café que j’ai acheté au Starbucks du coin et je m’installe devant mon ordinateur pour partir à la recherche de paradis fiscaux pour mes clients. Et quand j’ai le temps, j’écris des petits sketches sur mon ordinateur."

Puis surviennent les attentats du 11 septembre 2001. Vous assistez à la chute des tours du World Trade Center depuis la fenêtre de votre bureau…
"Ce jour dramatique, j’ai pris conscience que la vie était très fragile et très courte. Pendant des mois, j’avais endossé un costume qui ne m’allait pas. Ce choc a fait resurgir ma passion pour le théâtre. Cela me manquait cruellement et j’ai donc décidé de donner ma démission."

Comment votre retour sur Paris s’est-il passé ?
"Cela a été très difficile, un vrai saut dans le vide. Je voulais réaliser un one-man-show et j’ai donc décidé de mettre toutes mes économies pour monter ce spectacle. Sans Assedic et sans fortune personnelle, j’ai beaucoup galéré, mais je n’ai jamais abandonné. Et le 2 décembre 2002, je présentais mon premier spectacle au théâtre du Gymnase. Vous connaissez la suite : le comédien Samuel Le Bihan, emballé, décide de me produire…"

Aujourd’hui, quels conseils pourriez-vous donner à un jeune qui souhaite se lancer dans une carrière d’humoriste ?
"Je lui dirais d’abord de faire preuve d’une foi irrémédiable en son talent. Il y a peu de places dans ce métier, il faut donc se battre, travailler comme un fou, avoir une énergie à déplacer des montagnes et accepter parfois l’humiliation. Mais tout est possible, et quand on a la chance d’exercer cette profession, on n’a plus aucun droit de se plaindre."


Biographie express

1973 : naît à Asnières-sur-Seine (92).
1998 : est diplômé de Sciences po Paris.
2002 : il présente son premier spectacle, "Pièce pour un acteur et 20 personnages".
2005 : rebaptisé "A story pour les gens qui believe in dreams", son spectacle se poursuit avec succès au théâtre du Petit-Mathurin.
2008 : il est à l’affiche de "Ça se soigne", un film sur la dépression, de Laurent Chouchan. Il tourne aussi actuellement "C’est l’histoire d’un mec", d’Antoine de Caunes, où il interprète le rôle de Coluche.



Propos recueillis par Séverine Tavennec

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