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Le destin hors normes d'une fratrie d'entrepreneurs

publié le 16 novembre 2007
5 min

Quel est le secret de ce succès familial qui dure depuis vingt et un ans ?
Nous avons un avantage : nous nous connaissons très bien tous les cinq. Et nous avons toujours eu le goût d’entreprendre, de relever des challenges et de réussir ensemble. Il y a une dynamique très sympa. De plus, si aujourd’hui je dirige seul Ubisoft, nous décidons ensemble de l’avenir de l’entreprise. Nous divisons toutes les sociétés que nous fondons par cinq : nous avons tous le même salaire et le même nombre d’actions.

Vous dites avoir été vite plongé dans le monde de l’entreprise avec vos parents…
Ils tenaient un magasin de produits pour l’agriculture. Lors des déjeuners et des dîners, ils partageaient avec nous le quotidien de leur travail, leurs déboires et leurs succès. Ils nous parlaient des relations qu’ils entretenaient avec les banquiers, les fournisseurs… Nous avons aussi travaillé, chaque été, dans leur commerce afin de découvrir toutes les facettes du métier : de la gestion de la caisse à la comptabilité, en passant par la manutention et la livraison des sacs d’engrais.

Après un bac S, vous entrez tous les quatre dans des écoles de commerce…
Deux de mes frères ont fait l’EDHEC [Écoles des hautes études commerciales, NDLR], un autre a opté pour la formation de l’EBS [European Business School, NDLR], un autre encore a suivi un cursus d’économie à la fac de Rennes. Quant à moi, j’ai fait l’IPME [Institut de la PME, NDLR].

Comment l’idée de créer Ubisoft est-elle née ?
Très vite, mes parents ont dû résister à la pression des coopératives créées pour remplacer les entrepreneurs indépendants et racheter leurs produits. Ils ont donc développé des métiers alternatifs et se sont ainsi essayés à la vente d’ordinateurs et de logiciels afin d’informatiser les fermes. Cette activité a bien marché. Mes deux frères aînés ont alors fondé Guillemot Software, un magasin d’ordinateurs. À l’époque, j’étais en stage en Californie. Ils m’ont appelé pour me dire de rentrer. Le secteur du divertissement était en pleine expansion et nous avons décidé d’investir tous les cinq dans l’édition de jeux vidéo, conscients d’avoir déniché un bon filon.

Ubisoft naît, et vous vous entourez d’une équipe de passionnés…
Nous travaillions avec beaucoup de jeunes programmeurs externes, dont la moyenne d’âge était de 18 ans. Ils étaient très créatifs, mais peu adaptés à la vie d’entreprise. Ils ne respectaient pas souvent les délais. Ce n’était pas leur souci. Après quelques frayeurs, nous avons donc décidé de louer un château. Là, nourris et hébergés, nos programmeurs se sentaient comme chez eux et étaient beaucoup plus efficaces, avec des horaires de travail décalés : ils bossaient jusqu’à 2 heures du matin et se réveillaient à midi…

En 2000, vous vous retrouvez seul aux commandes d’Ubisoft…
J’étais celui qui avait envie de parcourir le monde. Aujourd’hui, je visite régulièrement les 13 studios de création de jeux d’Ubisoft à Shanghai, Casablanca, Montréal… Mes frères ont leur vie ailleurs et gèrent chacun leur société. Claude est à la tête de Guillemot Corporation (spécialisé dans le matériel informatique), à Rennes. Michel dirige Gameloft (jeux pour téléphones mobiles), à Paris. Gérard est à New York pour Longtail Studios (scénarii de jeux vidéo), et Christian à Londres pour AMA (logiciels). Encore une fois, nous planifions ensemble les stratégies à adopter pour les différentes sociétés, nous organisons des audioconférences…

Qu’est-ce qui vous fait encore courir ?
La passion. Et puis, dans ce métier, il y a des challenges toujours très intéressants à relever. J’aime aussi lancer des batailles et prendre les concurrents de vitesse.


 
Bio express

Juillet 1960 : naissance à Carentoir, en Bretagne.
1986 : création d’Ubisoft Entertainment SA, nom choisi en référence au concept d’ubiquité, pour traduire la volonté d’être partout dans le monde.
2000 : Yves est seul aux commandes d’Ubisoft. Il récupère la licence de l’auteur américain Tom Clancy et crée le jeu « Splinter Cell ».
2007 : sortie du jeu « Rayman contre les lapins encore plus crétins », qui revient dans un nouvel épisode le 15 novembre. Disponible sur Wii et Nintendo DS.

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