Enquête

Lycées de banlieue au top. À Trappes, la Plaine-de-Neauphle allie arts et fondamentaux

Ces lycées de banlieue qui boostent leurs élèves
À la Plaine-de-Neauphle, de nombreux dispositifs sont mis en place pour accompagner les élèves. © Laurent Cerino/REA
Par Erwin Canard, publié le 14 novembre 2017
5 min

Quand ils arrivent en seconde, les élèves de la Plaine-de-Neauphle à Trappes ont d’énormes difficultés en français et en mathématiques. Le principe de l’établissement : améliorer les capacités dans ces matières est le préalable à tout le reste. Troisième volet de notre série sur ces lycées de banlieue qui boostent leurs élèves.

"Un défi". Voilà ce que représente, pour la proviseure Anne-Laure Arino, faire réussir les élèves du lycée de la Plaine-de-Neauphle, à Trappes. Mais un défi relevé. En 2016, le taux de réussite au bac était de 85 %, contre 77 % attendus. Un taux attendu faible qui s’explique notamment par le recrutement de ses quelque 700 élèves sur des collèges d’éducation prioritaire. En outre, "les meilleurs élèves nous échappent souvent car ils vont dans le privé", constate Anne Perthuis-Lejeune, enseignante de français et de théâtre.

"La scolarité n’est pas simple à Trappes car les élèves viennent d’un milieu social défavorisé, avec des difficultés pour travailler à la maison", admet Emma, qui a eu son bac L en 2017. Les élèves de la Plaine-de-Neauphle, quand ils arrivent en seconde, ont "un gros problème de vocabulaire, des difficultés à s’exprimer. Ce qui, d’ailleurs, peut les amener à de l’agressivité. Le nœud du problème est là, car cela se ressent sur toutes les matières", explique l’enseignante. "Il y a une différence énorme dans la maîtrise de la langue entre des élèves issus de catégories socio-professionnelles favorisées et d’autres plus défavorisées", souligne Anne-Laure Arino.

Une approche différente autour des arts

Des difficultés qui sont aussi criantes en mathématiques. "Certains, par exemple, ne maîtrisent pas les tables de multiplication. Mais nous faisons face, nous ne baissons pas la tête, et on travaille sur ces points alors qu’au lycée, nous ne devrions plus en être là", indique le professeur de mathématiques Luca Agostino. Dans ce lycée des Yvelines, l’accent est donc particulièrement mis sur les fondamentaux : le français et les mathématiques notamment.

Pour que cet enseignement soit le plus efficace possible, les enseignants utilisent deux approches différentes, que décrit Emma : "Ici, il y a un cadre propice au travail avec de l’aide personnalisée et des projets". Anne Perthuis-Lejeune travaille alors beaucoup "sur la lecture, l’éloquence, le plaisir de la langue orale et écrite" et ce, à travers des projets artistiques notamment : "Le théâtre permet des choses magiques que je ne peux expliquer, s’émeut-elle. Les élèves font parfois des merveilles. La réussite s’explique par une autre approche des choses." "Le lycée développe beaucoup le travail autour des arts, ajoute Luca Agostino. Cela permet de s’appuyer et de développer des passions autour de choses que les élèves ne connaissent pas."

Des classes à effectifs réduits

L’autre manière d’axer le travail sur les fondamentaux est le travail personnalisé. "Il y a une grande hétérogénéité entre les élèves du point de vue des connaissances et du point de vue de l’attitude. Nous devons donc effectuer un travail individualisé, tout en suivant le programme", indique le professeur de mathématiques. Les élèves sont alors souvent en petits groupes en cours. Ceux-ci sont souvent constitués en fonction du niveau : un premier avec lequel il s’agit d’axer sur les fondamentaux et l’autre qui, ayant moins de difficultés, peut aller plus loin dans le programme. "Les effectifs réduits permettent d’être plus proche des élèves, de leurs besoins et de voir ce qui fonctionne ou non", analyse Anne-Laure Arino. Dans la classe de terminale L d’Emma, il n’y avait même que 14 élèves. "Les profs avaient plus de temps pour chacun d’entre nous", souligne-t-elle.

En dehors de la classe, le lycée propose également l’aide des assistants pédagogiques, du soutien scolaire et du tutorat. Djamel, qui a obtenu un bac STMG en 2016, se souvient : "Il y avait des sessions de révisions pour le bac. Pendant les vacances, tous les matins, on avait des révisions et, l’après-midi, des activités libres, comme de l’accrobranche." Plus globalement, Djamel souligne "l’investissement des professeurs, qui nous encouragent tout le temps. Ils essaient d’ôter cette image de lycée difficile. Ils font en sorte que nous ne soyons pas perdants d’être à Trappes."

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