Décryptage

Être ami(e) avec vos profs sur Facebook, une fausse bonne idée ?

Portrait d'un jeune garçon et d'une fille devant un ordinateur portable en salle de cours près d'un homme
Certains profs utilisent Facebook et les réseaux sociaux comme des outils pédagogiques. © Phovoir
Par Marc Bonomelli, publié le 03 octobre 2017
6 min

Les réseaux sociaux peuvent contribuer à réduire la distance entre les professeurs et leurs élèves, voire même à créer une certaine apparence de complicité. Attention cependant à savoir garder un certain recul sur sa vie privée et à bien avoir en tête que la relation prof/élève reste prépondérante. Explications.

Quel élève n’a jamais été tenté de retrouver son prof sur les réseaux sociaux ? “Ils sont tellement intrigants, confie Paul, en terminale ES à Guingamp, on les voit autant que nos potes et même plus que nos cousins !” Et pourtant, que sait-on d’eux ? Presque rien. D’où la curiosité. “Chaque début d’année, confirme Jeanne, professeur de français dans un collège du Tarn-et-Garonne, au moins trois élèves m’envoient des demandes d’amitié sur Facebook. C’est comme s’ils étaient fascinés de découvrir qu’on a une vie réelle en dehors des cours.” Un jeu de cache-cache se met parfois en place, avec des profs se dissimulant sous des pseudos pour ne pas être identifiés. Avec plus ou moins de succès...
Plus rarement, il arrive que la tendance s’inverse. Des professeurs recherchent leurs élèves sur les réseaux sociaux : “Certains de mes collègues vont essayer d’en savoir plus sur leurs élèves dès l'instant où ils obtiennent la liste des noms de la classe, relate Jeanne, mais je doute que cela soit constructif”.

Une visée (parfois) pédagogique

Ces contacts sont de plus en plus fréquents. Tout d’abord pour maintenir les relations entre les professeurs et leurs anciens élèves. “Avoir un prof en ami sur les réseaux permet de le contacter plus facilement, de prendre des nouvelles si on l'apprécie – ce qui est le cas des quatre anciens profs que j’ai en ami – et surtout de garder le contact” témoigne Camilla, aujourd'hui étudiante à Strasbourg. “Avec le temps et le fait qu’on ne soit plus leurs élèves, il peut se créer une sorte d’amitié”, ajoute Mia, aujourd'hui étudiante dans les Hauts-de-France.
Mais certains professeurs vont plus loin et utilisent les réseaux sociaux à des fins pédagogiques. Wiliam, enseignant dans un lycée de banlieue parisienne, a ainsi fait appel au stalking pour donner une bonne leçon à ses élèves peu attentifs à ce qu’ils laissaient paraître sur Facebook : “Un lundi, j’ai fait des allusions à ce que j’avais pu voir sur leurs profils, ils ont trouvé ça intrusif, mais ensuite ils ont tous modifié les paramètres de confidentialité de leur compte !”
Ces relations facilitent également les échanges sur la vie de l'établissement. "Cette année, explique Mia, un de nos profs a créé un groupe avec d’autres professeurs, et ils nous communiquent leurs absences, les emplois du temps, ce qu’on peut faire pour compléter les cours." Aussi, il arrive que les élèves contactent leurs enseignants via la messagerie privée de Twitter ou Facebook, "pour éclaircir un point du cours, voire pour demander à repousser le contrôle à un autre jour".

Contrôler son image

Si vous êtes en relation avec votre prof sur les réseaux sociaux, il faut bien sûr veiller à ce que vous partagez. William se souvient : “J'avais une élève qui s'était vantée de s'être créé un compte Twitter. Je l'ai regardé, et j'ai vu qu'il y avait pas mal de tweets insultants envers les professeurs, et que leurs noms étaient mentionnés. Des messages assez violents. On connaît des établissements où des élèves ont été exclus pour ce motif.” D’ailleurs, Paul, en terminale ES à Guingamp admet qu’il se laisse parfois aller à ce genre de dérapage : “Sur Twitter, je raconte ma vie, je critique mes profs, je me moque d’eux... donc il ne vaut mieux pas qu’ils me followent !”
Moins grave, mais embarrassant, Ophélia pointe que “ça peut être problématique car sur les réseaux on met toute notre vie privée, nos soirées (arrosées souvent), nos amis, famille, vacances... un peu tout, et ça peut parfois avoir des conséquences sur la vision que le prof a de nous”.
Les profs aussi restent frileux. Pour William comme pour Jeanne, Facebook relève de la vie privée. Et Mathilde, ex-élève en terminale L à Poitiers, de renchérir : “Sur les réseaux sociaux tout peut circuler donc ça peut être gênant si un prof voit nos folies pendant les soirées”.
Alors, si comme le remarque Camilla, "le rapport élève/professeur tend à s'assouplir" et que les réseaux sociaux participent de cette tendance, la plupart tiennent à conserver une distance avec leur enseignant : "La relation avec eux qu’on peut avoir sur Facebook reste "étudiante", assure Paul, je n’aimerais pas être pote avec mon prof". Et c'est réciproque.
Le cas Snapchat

Si de plus en plus de lycéens ouvrent les portes de leur Facebook et de leur Twitter aux adultes, Snapchat est peut-être le dernier bastion virtuel où ils peuvent se retrouver. La présence des profs sur l'application de messagerie éphémère est rare. À bon entendeur...

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