Portrait

Ma vie en lycée agricole : Éva, le bac et les moutons

Ma vie en lycée agricole : Éva, le bac et les moutons
Éva dans l'élevage d'ovins du lycée La Bretonnière. © Laura Bruneau
Par Laura Bruneau, publié le 23 février 2016
1 min

Éva, 17 ans, est en terminale professionnelle en lycée agricole en Seine-et-Marne. Son rêve : devenir soigneur animalier. Elle raconte son quotidien, entre cours théoriques et travail dans l’exploitation agricole, au plus près des animaux.

Il n'est pas tout à fait 9 heures au lycée agricole La Bretonnière, à Chailly-en-Brie (77), mais Éva et ses camarades s'affairent déjà avec leurs pochoirs dans la salle d'art. Le cours d'éducation socioculturelle n'a même pas encore commencé. Éva est en terminale et, comme les dix autres élèves de la classe, prépare un bac professionnel CGEA (conduite et gestion de l'exploitation agricole).

Les étudiants ont du pain sur la planche en ce mercredi matin : ils préparent une exposition de street art - avec tags, graffiti, collages, etc. - pour la journée portes ouvertes du lycée qui aura pour thème "On n'est pas des moutons". "Il fallait qu'on trouve un thème en rapport avec La Bretonnière et on est tombés d'accord sur celui-là", explique Éva. Pour l'occasion, les lycéens vont transformer le foyer en station de métro. Concentrée et feutre en main, la lycéenne tente de reproduire une caméra de vidéosurveillance. Pas facile. Elle recommence à plusieurs reprises.

Un tour d'Europe des zoos

À 17 ans, Éva est sûre d'une chose : elle veut travailler au contact des animaux. Après l'obtention de son bac, elle projette d'intégrer un BTS (brevet de technicien supérieur) agricole technico-commercial option animaux d'élevage et de compagnie avant de faire une formation de soigneur animalier à Gramat, dans le Lot. "Ma mère m'emmenait souvent au zoo quand j'étais petite. Aujourd'hui, on y va encore deux fois par mois environ. On visite tous les zoos de France et d'Europe. J'ai une préférence pour ceux de Beauval et de La Palmyre", raconte Eva pour expliquer d'où vient sa vocation.

nullLes cours de zoologie passionnent plus Éva que les cours de mécanique
des engins agricoles. // © Laura Bruneau

Des animaux et des machines

Au lycée, les élèves étudient des matières classiques comme le français, les maths ou l'anglais mais aussi des disciplines plus spécifiques comme l'agronomie ou l'économie-gestion… Le cours préféré d'Éva : la zootechnie. "On étudie la reproduction, la génétique, l'alimentation… Bref, tout ce que l'on a besoin de savoir pour tenir un élevage d'animaux de la ferme", justifie la lycéenne.

"On a des cours théoriques mais aussi pratiques. On va dans l'élevage d'ovins pour observer les animaux." Appliquée, Éva était l'une des rares élèves, ce matin, à avoir fait ses devoirs. En revanche, la lycéenne est moins à l'aise dans les cours de machinisme. "Pour moi, la mécanique des engins agricoles est un truc de garçons. On doit tout connaître : la moindre vis, le moteur…", explique-t-elle sans trop d'enthousiasme. Le rythme est le même qu'en lycée non agricole : les cours débutent à 8 heures et terminent vers 17 heures.

À la cantine : que des produits du terroir

Les parents d'Éva vivent près de Reims (51), où ils travaillent dans l'exploitation champenoise familiale. Éva reste donc à l'internat de La Bretonnière toute la semaine. Elle prend tous ses repas à la cantine du lycée où l'on sert les produits de l'exploitation (moutons, poulets, œufs, légumes, pommes…), mais aussi des aliments issus d'autres lycées agricoles. "On ne mange que des produits du terroir", se réjouit-elle.

Pour occuper Éva et les autres pensionnaires de l'internat, les professeurs d'ESC, via l'ALESA (l'association des élèves), organisent régulièrement des activités. Depuis le début de l'année, Éva est allée au bowling, au laser game, à la patinoire, au cinéma et ce mercredi soir elle verra une pièce de théâtre à Paris.

Coquette même dans la bergerie

"Quand j'ai visité le lycée, j'ai été accueillie par le directeur. Un prof m'a alors dit qu'ici c'était une famille et qu'on s'y faisait des amis pour la vie." Des arguments qui ont séduit Éva. Et, visiblement, l'ambiance est réellement conviviale dans cette classe à effectifs réduits. Les enseignants semblent bien connaître les élèves et sont "taquins" de l'aveu de la lycéenne.
"J'ai eu le coup de cœur en visitant l'exploitation agricole", termine-t-elle d'admettre.

La Bretonnière comprend un élevage de moutons, des poules, des vergers, des ruches, un potager. Environ tous les deux mois, Éva passe une semaine en stage dans

l'exploitation. Elle est alors dispensée de cours mais prodigue des soins aux animaux, conduit les machines agricoles, ramasse les œufs dans le poulailler, travaille la terre sous la supervision du chef d'exploitation… Le tout avec sa cote – une combinaison – sur le dos et chaussée de bottes. "Même si je suis avec des moutons, je reste féminine", précise la lycéenne qui n'oublie pas de se maquiller, même pour aller à la bergerie.

L'ESC, une spécificité de l'enseignement agricole
L'éducation socioculturelle fête ses 50 ans en cette année scolaire 2015-2016.
Cette matière a été inventée spécifiquement pour l'enseignement agricole. Elle "permet d'exprimer le côté artistique des élèves, de développer leur esprit critique et leur capacité à se rendre compte du monde dans lequel on vit", explique Robin Meuzeret, enseignant d'ESC à La Bretonnière. L'ESC prend bien souvent la forme de projets culturels. Les enseignants qui s'en chargent donnent également des cours dans d'autres disciplines (français, histoire, philosophie…).

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