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Une grande école pour les bacs pro

Par Sylvie Lecherbonnier, publié le 05 juillet 2011
1 min

Les bacheliers professionnels vont aussi avoir leur filière d’excellence. Piloté par le CNAM (Conservatoire national d’arts et métiers), une grande école pour les bacs pro va ouvrir à la rentrée 2010 sur 4 sites : Île-de-France, Troyes, Lyon et Nantes.

À chaque fois, une école d’ingénieurs et une école de management s’associeront pour assurer la formation : l’UTT et l’ESC à Troyes, l’INSA et l’EM Lyon, l’École centrale et Audencia à Nantes. En Île-de-France, le CNAM gérera seul le projet. Pour la première année, chaque site devrait compter une vingtaine d’étudiants.


Une sélection sévère


L’école veut “apporter la démonstration que les meilleurs élèves de l’enseignement professionnel  sont capables d’atteindre un niveau d’excellence comparable à celui auquel peuvent accéder les bacheliers généraux”, affirme Jean-Pierre Boisivon, professeur émérite à l’université Paris 2–Panthéon-Assas et initiateur du projet. Et d’insister : “il ne s’agit ni de discrimination positive, ni de 2e chance. Les étudiants admis seront issus d’une sélection sévère comparable à celle opérée par les grandes écoles traditionnelles.”


3 à 5 ans en apprentissage
  

La sélection se déroulera en 3 temps. Les lycées professionnels eux-mêmes seront chargés d’identifier les élèves “à haut potentiel”. Ces derniers passeront ensuite des tests, type tests de logique, et un entretien. Les bacheliers s’engageront dans un cursus en 5 ans, avec une possibilité de sortie à bac+3. L’ensemble de la scolarité se déroulera en apprentissage. Axa, Schneider-Electric Suez ou Air Liquid ont déjà fait savoir qu’elles étaient intéressées.


Des profs de lycées professionnels
  

La maquette de la licence est en passe d’être achevée. Les 2 premières années s’apparenteront à une propédeutique consacrée à l’acquisition d’une culture générale, “une formation intellectuelle et d’éducation plus qu’une formation disciplinaire”. Pendant ces années, les enseignants seront avant tout issus des lycées professionnels.

En 3e année, les étudiants opteront pour une majeure ingénierie ou management, assurée, elle, par des enseignants du supérieur.


Un diplôme cohabilité 


La maquette du master est encore à construire, mais aura une architecture “plus traditionnelle”. Un “tutorat actif” sera assuré tout au long de la scolarité par des élèves des écoles partenaires. À l’issue des 5 ans de formation, l’étudiant recevra un diplôme cohabilité par cette nouvelle école et l’établissement partenaire.


Objectif : 1% des bacs pro
  

À terme, Jean-Pierre Boisivon prévoit une dizaine de sites de formation sur tout le territoire. “100.000 jeunes décrochent un bac professionnel chaque année. Si les 1.000 meilleurs rentrent dans cette école, nous aurons réussi notre pari.” Il ne reste plus qu’à trouver un nom pour cette grande école d’un nouveau type.


Qui intègre l’école Vaucanson, la grande école pour les bacs pro de l'Île-de-France ?
Lancée en septembre 2010 et installée à Saint-Denis (93), l'école Vaucanson, grande école par apprentissage, a formé sa première promotion de bacheliers professionnels. Interview de la directrice, Nicole Levy, sur les conditions d’admission.
“Il faut faire partie des 10 % qui forment la tête de classe ou être au moins dans le premier tiers de sa classe de terminale. Nous tenons énormément compte du fort potentiel du bachelier, notamment à travers l’avis confidentiel du professeur principal de terminale. Dans le dossier proposé au candidat, un formulaire permet au professeur principal de se prononcer sur le niveau scolaire, les potentialités et les qualités de l’élève : qualités humaines, sociabilité, aptitude à raisonner, expression orale et écrite, autonomie et esprit d’initiative. Cet avis, qui nous est transmis par enveloppe cachetée, est essentiel.
Il est également impératif que le candidat soit très motivé, parce que cette formation demande de fournir énormément de travail. Pour juger de la motivation et du potentiel de l’élève, nous examinons aussi les expériences de stages, les projets réalisés au lycée, les raisons qui poussent le bachelier à poursuivre ses études et ses notes de première et de terminale. Et l’entretien auquel sont convoqués les élèves dont le dossier semble convenir permet de vérifier qu’ils ont bien le profil pour tenter l’aventure.
Même si nous les avons recrutés sur dossier avant les résultats du bac, il se trouve que les apprentis de l’Ecole Vaucanson cette année avaient tous décroché une mention assez bien minimum au bac. Ensuite, leur admission est soumise à la signature d’un contrat d’apprentissage avec une entreprise. Nous avons fait le choix de l’apprentissage parce qu’il est indispensable qu’ils soient sur le terrain pour exercer leur métier. Afin de ne pas perdre leur spécificité.”

Propos recueillis par Isabelle Maradan
Juin 2011     

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