Reportage

Présidentielle 2017 : à Paris, des lycéens veulent faire bloc contre l'extrême droite

blocage lycée
Des élèves veulent bloquer le lycée Voltaire, à Paris, en réaction aux résultats du premier tour de la présidentielle. © Laura Taillandier
Par Laura Taillandier, publié le 24 avril 2017
1 min

Au lycée Voltaire à Paris, des lycéens tentent de bloquer leur établissement pour alerter sur les résultats du premier tour de l'élection présidentielle. Un moyen, pour ces élèves qui ne sont pas encore en âge de voter, de "faire entendre leur voix".

"Si on avait pu voter, on ne serait pas là aujourd'hui." Daphné*, 15 ans, en seconde au lycée Voltaire à Paris, est juchée sur une grande poubelle verte, les jambes ballantes, devant les portes de son établissement. Ce lundi 24 avril 2017, avec une quinzaine de ses camarades de classe, elle organise le blocage de son lycée en réaction aux résultats du premier tour de l'élection présidentielle. 

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"Faire entendre notre voix"

En famille ou entre amis, tous ont suivi de près la soirée électorale, et "frustrés", ils regrettent de ne pas avoir pu participer au scrutin. "On n'a pas le droit de vote. Ce blocage, c'est le seul moyen de faire entendre notre voix", commente Daphné. La jeune fille a cours à 10 h mais est venue dès 6 h pour "montrer son mécontentement". 

La poignée de lycéens entend "alerter et mobiliser" face aux résultats de la candidate du Front national. Marine Le Pen est arrivée deuxième avec 21,5 % des voix, juste derrière le candidat, Emmanuel Macron, avec 23,8 %. "Il y a tellement peu d'écart entre les deux !", alerte Audrey, cheveux en brosse, enceinte portative à la main. "Comment autant de gens peuvent voter pour le Front national ?", s'interroge également Samia, bras croisés. "Comment peuvent-ils penser que ce sera mieux ?, renchérit sa voisine, capuche sur la tête. C'est chaud..." 

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"Jeunes" vs "vieux"

Selon une étude sociologique du premier tour de l'élection, 21 % des 18-24 ans ont donné leur voix à la candidate frontiste. "Difficile" pour ces lycéens d'imaginer "qu'un jeune puisse voter FN". "Si notre génération avait pu participer, c'est sûr que nous aurions changé la donne. Nous sommes beaucoup plus ouverts, juge Solène, 16 ans, cigarette à la main. Ce sont les vieux qui votent alors que c'est notre avenir, notre futur", fulmine-t-elle. 

"Le Pen présidente, ça serait le b...", lâche Nader. Le lycéen de 17 ans a déjà une opinion bien tranchée sur la politique. "La Ve République est un échec, c'est une fausse démocratie. On se moque de nous. Mais je préfère militer sous Macron que sous Le Pen", relève-t-il.
Qui serait à l'inverse leur président idéal ? "Quelqu'un qui écoute les jeunes et qui essaie de prendre des mesures pour toute la population. Qui ne cible pas un groupe en particulier", avance Zoé, veste en jean, en tailleur sur une des bennes vertes adossées à la façade du lycée. "Un candidat pour la mixité, pour l'égalité de tous, qui lutte contre le chômage", complète Gaspard. 

S'ils ne sont pas nombreux à se mobiliser ce matin, la poignée d'élèves massée devant les portes du lycée entend donner de la voix durant l'entre-deux-tours. "Le blocus, ne prend pas ? Pas grave, on recommencera demain !", rétorque Anaïs, du tac au tac. Ce n'est pas leur premier blocage et "ce ne sera pas le dernier". En février 2017, les élèves s'étaient déjà mobilisés contre les violences policières.

*Les prénoms ont été changés à la demande des élèves.

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