Enquête

Réussir autrement au lycée "Freinet" à La Ciotat

Enquête_Lycée Freinet la Ciotat3 © Y. Lamoulère/Transit_PAYANT
Les enseignants s’attachent à créer un rapport de proximité avec les lycéens, afin de désacraliser les cours et les enseignements. © Yohanne Lamoulère/Transit pour l'Etudiant
Par Erwin Canard, publié le 09 novembre 2016
1 min

Le lycée Auguste-et-Louis-Lumière à La Ciotat comprend trois classes Freinet, qui reprennent les principes de cette pédagogie : partir de la volonté et des besoins des élèves.

"On change de point de départ mais pas de point d'arrivée." C'est ainsi que Gabriel Michelet, enseignant de mathématiques au lycée Auguste-et-Louis-Lumière de la Ciotat, définit la pédagogie que suivent les classes (une dans chaque filière du lycée général) du dispositif Freinet.

Le point d'arrivée est donc le même que dans l'enseignement traditionnel : le programme de l'Éducation nationale et, à la fin de l'année, le bac. "En revanche, on part de l'élève, explique Nathalie Boaventure, la principale. L'enseignement ne suit pas un enchaînement chronologique du programme mais les capacités de l'élève."

Par exemple, en français, au lieu d'étudier un auteur, les élèves vont d'abord écrire eux-mêmes un texte (poème, nouvelle, etc.). Ces écrits vont alors être les bases du cours et d'un travail sur un point de méthodologie, de grammaire ou sur un texte d'un auteur. "Comme ils se sont confrontés eux-mêmes aux problèmes que peuvent connaître les auteurs, cela donne davantage de sens au cours", estime Gabriel Michelet. Et l'enseignant de préciser que, malgré tout, des cours magistraux demeurent : "Il y a tellement de points à voir que l'on ne peut pas compter sur le fait que les élèves les trouvent tous par eux-mêmes."

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"Dans les travaux individualisés, on les laisse avancer à leur rythme"

À côté des cours par discipline, deux autres séquences cohabitent, qui sont les TI (travaux individualisés) et les ateliers. Au rythme de deux fois deux heures par semaine, ces TI sont des moments où l'élève organise son travail librement. Le jeune a auparavant fixé ses objectifs pour une période de trois semaines dans plusieurs disciplines. À la fin de celle-ci, un bilan est effectué avec un enseignant-tuteur pour voir si les objectifs sont atteints. "L'idée est de laisser avancer les élèves à leur rythme", relève Gabriel Michelet.

"On apprend beaucoup à travailler de façon autonome, tout en sachant que les professeurs sont disponibles en cas de difficultés, souligne Léa, en terminale ES. On découvre aussi la solidarité." En effet, la pédagogie insiste sur l'entraide entre les élèves. "La finalité de cet exercice est l'autoformation du jeune pour devenir un citoyen capable de développer sa créativité", ajoute Nathalie Boaventure.

"Dans les ateliers, ils choisissent la matière qu'ils vont étudier"

Quant aux ateliers, ils se déroulent pendant trois heures toutes les semaines et consistent en la réalisation d'un projet ou d'une recherche. "Les élèves choisissent la matière qu'ils vont étudier. Le projet peut être un travail approfondi – écrire une pièce de théâtre, comprendre les équations différentielles, étudier un phénomène en économie... –, qui sert soit à combler des lacunes dans une matière, soit à s'entraîner pour le bac, soit à préparer un concours d'entrée dans une grande école", explique Gabriel Michelet.

Le travail est souvent réalisé en groupe et présenté à l'oral : celui-ci a une place prépondérante dans la pédagogie. Les thèmes sont décidés lors d'une "réunion coopérative", moment de discussion hebdomadaire entre élèves et professeur.

"Le professeur ne se place pas 'au-dessus' des élèves"

La relation entre élève et professeur est d'ailleurs différente de celle d'un établissement classique. "Le professeur ne se place pas "au-dessus" des élèves. Il a un rapport d'égalité, tout en n'étant pas pour autant un "pote" non plus !, sourit Nathalie Boaventure. La relation avec le savoir n'est pas la même."

Ainsi, beaucoup d'élèves qui suivent cette démarche sont des élèves "dys" (raccourci de langage pour évoquer une partie ou l'ensemble des troubles de l'apprentissage : dyxlexie, dyspraxie, dyscalculie) ou en rupture avec le système traditionnel. "Ce sont des enfants qui n'étaient pas à l'aise avec le dispositif classique d'enseignement et qui avaient besoin pour s'approprier le savoir que les choses viennent d'eux-mêmes", précise Nathalie Boaventure.

De fait, la démarche Freinet n'est pas non plus adaptée à tout le monde : "Un élève qui a besoin d'être cadré ou qui n'a pas du tout envie de travailler, ne peut pas s'épanouir dans ce système, car cette pédagogie demande de la part du jeune d'être particulièrement actif."

Fiche d'identité

Lycée expérimental Freinet
Au sein du lycée Auguste-et-Louis-Lumière, La Ciotat (13). Établissement public. Créé en 2008.
Coût
Gratuit.
Conditions d'admission
Lettre de motivation faite par l'élève + dossier scolaire. L'inspection académique, avec le chef d'établissement, valide les dossiers.
Effectifs
990 élèves, dont 92 dans le dispositif Freinet.
Taux de réussite au bac 2016
90 % (chiffres du lycée dans sa globalité, pas seulement dispositif Freinet).

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