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Révisez devant vos écrans : l'histoire en autoplay

Révisez devant vos écrans : l'histoire en autoplay
L'histoire expliquée autrement grâce à YouTube et Twitter. © Frédéric Maigrot/REA
Par Paul Conge, publié le 13 mars 2017
1 min

En compulsant les vidéos de Nota Bene, les "threads" Twitter de l’historienne Mathilde Larrère ou les applis éducatives, devenir un crack en histoire est à portée de clic.

À l'ère des réseaux sociaux, il se passe de drôles de choses. Comme cette résurrection inattendue, grâce à YouTube, d'un historien oublié, dont les anciennes conférences télévisées ont été recueillies sur la plate-forme de RTS (Radio télévision suisse) en 2014. Les vidéos de ce conférencier, mort en 1992, connaissent depuis un fulgurant succès post-mortem auprès des jeunes.

Face à une caméra, comme un youtubeur du XXIe siècle, Henri Guillemin brosse des portraits très pointus des icônes de l'histoire. À grand renfort d'anecdotes peu connues et avec un talent de conteur hors pair, il passe en revue les périodes troubles de la Commune de Paris (1871), de l'Empire napoléonien ou de l'après-Révolution française. Des ajouts historiques qui se greffent sans peine à l'ensemble des programmes du lycée, et même de l'université !

Du côté des programmes du baccalauréat stricto sensu, il s'attarde sur la France vichyste, la vie agitée du général de Gaulle, ou bien sur les grands personnages de la guerre froide : Joseph Staline, Alexandre Soljenitsyne...

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Nota Bene, l'histoire en 2.0

Benjamin Brillaud, qui n'a que 28 ans, fait partie de ceux qui ont misé sur YouTube pour vulgariser l'histoire. Sa chaîne Nota Bene, créée en août 2014, cumule plus de 100 vidéos et 450.000 abonnés. En quelques minutes, il narre les sièges de Paris, les traites des Noirs, les mythologies nordiques. Il va au plus près de son public. "J'utilise des références de la pop culture, qui sont à la fois les miennes et celles de ceux qui me regardent. YouTube est vraiment un endroit où l'on peut se nourrir intellectuellement. C'est aussi un renouveau de l'éducation populaire : toute personne qui a un savoir singulier peut facilement le diffuser."

À force, le jeune vidéaste recueille de nombreux plébiscites. Son opuscule sur Noël en 1940 a été ovationné : "Une vidéo parfaite juste avant le brevet", relève un internaute. "J'apprends beaucoup à t'écouter", gazouille une autre. "Souvent, les thèmes traités restent superficiels. Je ne prétends pas couvrir efficacement une période historique. Mes vidéos doivent être prises comme une béquille pour approfondir un sujet", tempère Benjamin.

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EduQuest, révisez en jouant

Outre les chaînes YouTube, des applications mobiles ont aussi déroulé le tapis rouge à l'histoire et à la géographie. Codée par deux étudiants de Sciences po, Arnaud Weiss et Antoine Chopin, ­l'appli EduQuest déploie un jeu vidéo dont le fil rouge n'est autre que... le programme du bac dans ces deux matières : 20 fiches de cours, 10 chronologies thématiques ("Gouverner la France depuis 1946", "Le projet d'une Europe politique", etc.) : au total, plus de 1.000 questions. Vous pilotez un petit personnage qui évolue et cumule des points de vie à chaque réponse. À chaque niveau, vous gagnez une nouvelle apparence. Cette application utilise ainsi les techniques de "gamification" (ou ludification, tranfert des mécanismes du jeu à des situations d'apprentissage) pour inciter à réviser.

À en croire les avis que postent les joueurs, cela fonctionne. "Je jouais tous les matins dans le métro, ça m'a vraiment motivé", se réjouit une internaute. "J'avais des problèmes en histoire, et grâce à cette appli, j'ai doublé ma moyenne : je suis passé de 6 à 12", commente Florent, lycéen.

Du côté utilisateur, vous accédez, par défaut, à trois chapitres gratuits. Et pour débloquer tous les contenus, il faut être prêt à débourser... 0,99 €.

L'historienne de Twitter

Il y a deux ans, Mathilde Larrère partait à l'abordage de Twitter. Professeure d'histoire contemporaine de l'université Paris-Est-Marne-la-Vallée, elle captive 17.000 followers avec des séries de tweets sur l'histoire populaire. De longs "threads" où elle décortique la Révolution russe de 1917, l'histoire de l'IVG (interruption volontaire de grossesse) en France, ou celle de l'immigration. Entretien.

Qu'est-ce qui vous a poussé à choisir Twitter ?
"Au début, j'y étais pour des raisons politiques. Je racontais l'histoire sous forme d'éphémérides : je donnais une date, mais ça ne suffisait pas. Je me suis mise à expliquer, contextualiser. Je suis passée de 3 tweets à 20, puis 30..."

Et quelle est la finalité de vos chroniques ?
"C'est un objectif d'éducation populaire. L'histoire contemporaine, c'est mon métier. Comme je suis spécialisée dans les révolutions, je raconte une histoire populaire, celle des vaincus, des dominés, des mobilisations sociales..."

Twitter est-il un bon vecteur d'apprentissage ?
"Faire de la vulgarisation sur Twitter, c'est très dur, ça implique un niveau de synthèse important pour tout développer... Je simplifie, je schématise, je dégage les idées importantes. Je n'ai pas le temps d'expliquer toutes les images d'archives que je publie. C'est insuffisant, mais c'est une mise en bouche. Dans mes cours, je donne plus de bibliographies..."

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