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Déçu par votre affectation de lycée ? 5 raisons de se rassurer

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Même si vous n'avez pas obtenu le lycée que vous souhaitiez, vous pouvez trouver des raisons de positiver. © Maxime-photographie
Par Isabelle Dautresme, mis à jour le 05 juin 2015
1 min

La procédure Affelnet terminée, vous n’avez pas obtenu le lycée que vous souhaitiez… Vous voilà "condamné" à rejoindre, à la rentrée prochaine, un établissement que vous n’avez pas vraiment choisi. Taux de réussite au bac peu réjouissant, mauvaise réputation, absence de classes préparatoires aux grandes écoles… les motifs d’inquiétude, selon vous, ne manquent pas. Et si vous faisiez de cette affectation une opportunité ? Voici cinq raisons de ne pas désespérer.

Une réputation peut être trompeuse

Certains lycées ont une bonne réputation, d'autres pas. En cause bien souvent, le taux de réussite au bac, le niveau des élèves, l'absentéisme des enseignants, les incivilités dans l'enceinte de l'établissement.... Autant de représentations qui ne sont pas toujours fondées. À en croire Bruno Suchaut, directeur de l'URSP (unité de recherche pour le pilotage des systèmes pédagogiques), "on peut étudier en toute sérénité dans l'écrasante majorité des lycées. Ceux qui offrent des conditions d'enseignement réellement difficiles sont en définitive très peu nombreux".

En témoigne Claire(*) en terminale L au lycée Joliot-Curie à Nanterre (92). Passé un moment de panique à l'annonce de son affectation dans le lycée où justement elle ne voulait pas aller, la jeune fille dit s'être "finalement plutôt bien adaptée à mon nouvel environnement". Bonne élève, du genre "intello", elle appréhendait pourtant de se retrouver avec des perturbateurs qui l'empêchent de travailler, voire se moquent d'elle. "Sans parler de la violence dans l'établissement, dont on nous rabâchait les oreilles au collège", précise Claire. En réalité, rien de tout cela. "Il y a bien des élèves faibles, d'autres dont on se demande pourquoi ils sont là, mais si vraiment on veut bosser, rien ne nous en empêche, au contraire", martèle, assurée, la jeune fille. Quant à la violence, "s'il y en a, c'est à l'extérieur, pas du tout dans le lycée", tient-elle à préciser.

Pour déconstruire les représentations et éviter de vous laisser trop influencer par les "on-dit", le mieux est encore de vous rendre sur place : en voyant les locaux, en observant les élèves à la sortie des cours, en rencontrant le proviseur, en contactant les associations de parents d'élèves et en leur posant toutes les questions qui vous passent par la tête, vous pourrez vous forger votre propre opinion et être rassuré, le cas échéant.

Il y a de bons enseignants partout !

"Ce n'est pas parce qu'un établissement n'a que 65 ou 70 % de réussite au bac que c'est un mauvais lycée. Il ne faut pas confondre le niveau de l'établissement, mesuré par le taux de réussite au bac ou le nombre de mentions, et le niveau des élèves qui le fréquentent", insiste Bruno Suchaut. Selon le chercheur, "l'effet 'établissement' n'existe pas. Ce qui existe, en revanche, c'est l'effet 'professeur'. Or, on trouve de très bons professeurs dans tous les établissements".

Ce que confirme Victor(*), en terminale ES au lycée Olympe-de-Gouges à Noisy-le-Sec (93), classé en zone urbaine sensible (ZUS) : "Le niveau des élèves de mon bahut est hétérogène, mais les professeurs sont très investis. Nous faisons beaucoup de sorties. Par exemple, nous sommes allés à l'UNESCO assister à une conférence sur l'Europe. Pendant les vacances, le lycée organise des stages de soutien et d'approfondissement pour les élèves", s'enthousiasme le jeune homme qui avait pourtant demandé en premier vœu Affelnet un lycée plus prestigieux, à Vincennes.

Même son de cloche du côté d'Annie, dont le fils actuellement en terminale S a très mal vécu son affectation au lycée Diderot à Paris (XIXe) en fin de 3e : "Il avait le sentiment d'être relégué dans un établissement de seconde zone. Ce qui lui a permis de 'tenir' ? Le dynamisme et l'implication de l'équipe éducative."

L'occasion de prendre confiance en soi

Si vous faites partie de ces élèves qui n'ont pas confiance en leurs capacités, qui vivent mal l'esprit de compétition souvent présent dans les établissements dits "d'élite", rejoindre un lycée "moyen" peut s'avérer très profitable. En atteste Annie : son fils est passé de "collégien moyen, un peu perdu dans la masse... à premier de sa classe. Cela le valorise beaucoup, au point qu'il a abordé la 1re S en toute confiance, ce qui n'aurait probablement pas été le cas s'il avait été affecté dans un établissement plus sélectif." Léa(*), en terminale ES au lycée Marie-Curie à Versailles (78) ne dit pas autre chose : "Je voulais le lycée Hoche, je ne l'ai pas obtenu, mon dossier n'était probablement pas assez bon. Finalement, je ne le regrette pas, je fais partie des meilleurs élèves. J'ai un dossier en béton."

Autre avantage des établissements moyens : ils rassemblent des élèves aux profils et niveaux différents. Or, à en croire Bruno Suchaut, et contrairement à une idée largement répandue, "l'hétérogénéité au sein des établissements scolaires profite à l'ensemble des élèves, tant aux moyens qu'aux bons". L'explication serait à chercher du côté des méthodes de travail qui reposeraient davantage sur l'échange, voire dans certains cas sur l'entraide. Ce que confirme Florence Benamou, professeur de philosophie au lycée Jacques-Prévert à Boulogne-Billancourt (92). "Je demande très souvent aux élèves, qui sont a priori plus à l'aise avec la philosophie, de reformuler ce que je dis. L'objectif est double : rendre mon discours accessible aux plus fragiles, et vérifier que tout le monde a compris tout en valorisant les meilleurs."

Cap sur les options

Si vous êtes affecté dans un établissement qui affiche des taux de réussite au bac faibles et qui a la réputation de faire peu travailler ces élèves, mettez le cap sur les enseignements d'exploration et autres filières sélectives. "Les langues rares ou anciennes, les sections européennes sont occupées par les meilleurs élèves", confirme Florence Benamou. "Au final, ce qui est important ce n'est pas tant l'établissement que la stratégie adoptée par les familles pour se démarquer", atteste de son côté, Bruno Suchaut.

Victor l'a bien compris : "Je profite de tout ce que propose le lycée, à commencer par le programme Sciences po, conventions éducation prioritaire qui permet d'intégrer la prestigieuse école sans passer par les épreuves écrites du concours", déclare le jeune homme qui se présente comme étant "un bon élève, d'une bonne classe, d'un lycée qui ne l'est pas".

Être parmi les meilleurs

L'autre avantage de cette stratégie de choix de filières et d'options "exigeantes", c'est qu'elle vous permettra de rejoindre plus facilement des établissements très sélectifs, une fois votre bac en poche. Car ce n'est pas parce que vous n'avez pas obtenu un lycée d'élite en seconde, que leurs portes vous sont définitivement fermées. Ainsi, selon Thierry Verger, proviseur du lycée Thiers, établissement d'excellence, à Marseille (13), "ce qui est déterminant dans le recrutement des élèves en classes préparatoires aux grandes écoles, ce n'est pas tant l'établissement que l'avis qu'appose le proviseur sur le dossier. Un élève qui a 18 sur 20 dans toutes les disciplines est un excellent élève, peu importe d'où il vient", insiste le chef d'établissement qui précise que les lycéens de Thiers ne représentent que 6 % des effectifs des classes préparatoires du lycée. "Les élèves qui viennent d'ailleurs ont donc toutes leurs chances".

Patrice Corre, proviseur du lycée d'élite Henri-IV à Paris (5e). partage cet avis : "Nos élèves n'ont pas la priorité. Sur 550 élèves de prépa, seulement 110 étaient scolarisés à Henri-IV en terminale. Le fait de venir d'un petit lycée n'est absolument pas rédhibitoire", martèle le proviseur qui cite le cas de cet élève venu d'un "petit établissement" de province (Argenton-sur-Creuse [36]), qui a intégré Normal sup, ou encore de cet autre, ancien élève de ZEP, qui a été reçu 1er au concours d'AgroParisTech. "Depuis plusieurs années, nous assistons à une plus grande diversité d'origine des élèves provenant d'un éventail plus large de lycées", se félicite Patrice Corre.

"Plus que l'établissement, c'est la valeur de l'élève, son travail, les efforts déployés qui importent", conclut Bruno Suchaut. Alors, ne vous découragez pas et maintenez le cap pour mettre toutes les chances de votre côté !

(*)le prénom a été changé 

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