Témoignage

Lycée : la vie en internat, ça ressemble à quoi ?

Reportage "ma vie en internat" : dans la salle de bains
À Saint-Jo, Constantin partage une chambre et une salle de bains avec sept autres garçons. © William Beaucardet pour l'Étudiant
Par Sophie de Tarlé, publié le 17 mars 2015
6 min

Constantin est en internat à Saint-Joseph à Reims (51), une école privée catholique. Une punition, la pension ? Pas pour ce jeune homme en tout cas, qui apprécie les horaires fixes pour les devoirs et aime participer aux divers clubs d’activités. Paroles de pensionnaire.

"En 1re, j'étais à Franklin, à Paris, et je ne travaillais pas beaucoup. Je passais mon temps sur Internet, je voyais mes amis, je traînais dans les cafés. Comme il était prévu que je redouble, j'ai tout lâché pour passer cinq mois au collège Glenalmond, en Écosse. J'ai trouvé ça si génial qu'en rentrant j'ai demandé à mes parents si je pouvais redoubler ma 1re en internat. Je suis rentré à ‘Saint-Jo’ en septembre 2013.

Je n'ai pas eu de coup de blues les premiers jours, car tout est fait pour faciliter l'intégration. Le plus difficile a été de s'habituer aux horaires : le dîner est à 18h45 ! Et aussi de ne plus jamais être seul. Le soir, nous sommes dans une chambrée de huit, qui comprend une salle de bains avec des toilettes. La nuit, dès que la porte d'une chambre s'ouvre, le surveillant en est averti via un boîtier d'alarme, pour éviter qu'on se balade dans les couloirs ! Le téléphone est autorisé la journée et le soir, mais il faut le donner au surveillant avant d'aller se coucher, et l'extinction des feux est à 22h30.

"Les horaires fixes pour l'étude m'ont apporté de la rigueur"

À l'internat, il y a deux étages de garçons et un étage de filles, juste au-dessus, où je ne suis jamais allé ! En tout, nous sommes 340 internes, de la 6e à la terminale. Des couples se forment à Saint-Jo, mais j'ai remarqué que les internes se mettaient rarement ensemble. En général, ils sortent avec les externes. Les internes, eux, sont comme des frères et sœurs !

Je suis passé de 11 de moyenne en 1re à Franklin à 17,5 aujourd'hui, en terminale. Le fait d'avoir des horaires fixes pour l'étude, de 17h45 à 18h45 puis, après le dîner, de 19h45 à 21h15 m'a apporté de la rigueur.

Il y a des sanctions, bien sûr. Des colles, le mercredi, d'une à deux heures. Dans ce cas, on fait des devoirs supplémentaires donnés par les profs. Quand les surveillants veulent marquer le coup, ils passent aux ‘inadmissibles’ : ce sont des travaux d'intérêt général, des heures de rangement ou de ménage, qui ont lieu le vendredi soir et le samedi matin des vacances. Cela m'est arrivé une fois, car j'étais allé sur le toit !

"Je ne m'accroche plus avec mes parents pour des bêtises"

L'avantage d'être dans le centre-ville de Reims, c'est que, tous les jours, on sort après le déjeuner pendant une heure, de 12h45 à 13h45, ce qui permet de faire de petites courses, et certains en profitent pour fumer une cigarette. Et également après les cours, deux fois par semaine, jusqu'au dîner, de 17h30 à 18h45 : là, on va plutôt boire un verre au café.

Tous les samedis midi, je rentre chez moi, à Paris, en train. L'année dernière, je prenais le car, mais c'était trop long : deux heures et demie alors que le train ne met que quarante minutes ! Le week-end, je vois mes amis, qui sont maintenant étudiants. Surtout, je ne m'accroche plus avec mes parents pour des bêtises.

"Intégrer une équipe m'a permis de me faire des amis"

Au début de l'année, les élèves, internes ou non, se répartissent dans des équipes, qui sont comme des clubs d'activités. Avant la rentrée, nous devons faire quatre vœux parmi 17 choix pos­sibles : social, reliure, électri­cité, menuiserie, musique, entre autres. J'ai choisi les arts graphiques, parce que je veux devenir architecte. Intégrer une équipe m'a permis de me faire rapidement des amis.

Je suis dans un groupe de 11 garçons [les équipes ne sont pas mixtes, NDLR]. Je peins, je dessine, je fais de la perspective, à raison de trois heures par semaine. Un moniteur – c'est un professionnel extérieur – est là pour nous aider. En ce moment, nous créons les insignes qui seront sur les polos de notre équipe. Nous pourrons le porter au lycée, même si nous n'avons pas d'uniforme. Nous avons notre propre local dans un bâtiment du lycée.

J'ai été nommé chef d'équipe par le préfet [Saint-Joseph est un établissement dirigé par les jésuites, chez qui le proviseur adjoint est un "préfet", NDLR]. Pour être choisi, il faut avoir de bons résultats et être apprécié des professeurs et des autres élèves. J'ai un adjoint, lui aussi choisi par le préfet.

Avant de prendre mes fonctions, j'ai suivi trois jours de formation à l'extérieur de l'école. J'ai appris à me faire respecter, à animer une réunion, c'est-à-dire des cours de management. Si je vois qu'un garçon va mal, c'est mon rôle de lui parler et d'en parler également au préfet.

"On ne fait pas que travailler, on s'amuse bien aussi"

Cette année, je suis également chef de division avec deux autres élèves, c'est-à-dire que nous sommes les délégués de la promo, un pour les seconde, un autre pour les première et le dernier pour les terminale. On se réunit toutes les semaines avec les surveillants et avec le préfet. Nous faisons aussi le lien avec les anciens élèves qui viennent aider les équipes.

En mai, nous organiserons un gala pour présenter les réalisations de chaque équipe, et les parents seront invités. Un grand barbecue se déroulera la veille. Il y a également des fêtes à l'internat : à la rentrée, par exemple, nous avons eu une soirée karaoké. Un dîner est prévu pour Noël ainsi qu'une soirée déguisée pour le carnaval. On ne fait pas que travailler, on s'amuse bien aussi !”

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