Reportage

Sourdun : l’internat d’excellence cherche des candidats motivés

Par Sophie de Tarlé, publié le 01 avril 2010
1 min

A la rentrée 2010, 12 internats d’excellence devraient voir le jour, avec pour objectif d’apporter à des collégiens, lycéens et étudiants « ne bénéficiant pas d'un environnement favorable pour réussir leurs études (…) une pédagogie innovante et un accompagnement personnalisé renforcé. ». Le premier établissement pilote, situé à Sourdun, pourrait accueillir alors 550 élèves de condition modeste. Reportage parmi les élèves qui y font déjà leurs classes. 

A Sourdun, situé à quelques kilomètres de Provins (77), on est loin des tentations de la capitale. Les bâtiments sont éparpillés sur un immense terrain de plusieurs hectares, au milieu des champs. Cette ancienne base militaire a été reconvertie en internat d’excellence à la rentrée 2009, sous l’impulsion de Fadéla Amara, secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville. A l’entrée se tiennent les bureaux de l’administration et, plus loin, une allée bordée de gazons mène aux bâtiments scolaires, en parfait état.

"Tous ceux qui sont partis dans le lycée "normal" ont vu leurs notes chuter, contrairement à moi"

Bientôt l’heure de la cantine. Déborah, 15 ans, à l’allure très sage, accepte de partager son déjeuner avec nous. Les parents de Déborah, séparés, sont Togolais. Son père est agent de sécurité, sa mère ne travaille pas. Elle habite à Créteil (94). C’est son professeur de français qui lui a suggéré de postuler à Sourdun. Si sa mère a d’emblée accepté, son père, lui, a un peu « tiqué », avant de céder. « Il avait une image négative de l’internat », explique t-elle. La jeune fille est satisfaite de ce choix et se voit bien rester jusqu’au bac, même si elle reconnaît avoir eu du mal, au début, à quitter sa famille et ses amis. « Finalement, dit-elle, je ne regrette pas. Ceux qui sont allés au lycée de Créteil ont vu leurs notes chuter, contrairement à moi ». Et d’ajouter : « Et puis, même si je suis absente de la maison toute la semaine, je vois mes amis dès le vendredi soir ». Pendant que nous discutons, un garçon se fait sermonner par la surveillante pour avoir volé un yaourt… Ce qui ne perturbe en rien Déborah qui continue sur sa lancée.

Une vingtaine de chevaux à la disposition des élèves


Ce qu’elle trouve de positif ? « La vie en internat m’a rendue plus autonome. Et puis j’ai pu faire beaucoup d’activités comme participer au journal franco-anglais ou apprendre à cuisiner à l’atelier « Cuisines du monde ». Et je vais bientôt faire un séjour dans des familles en Angleterre », s’enthousiasme la jeune fille. Déborah a aussi fait de l’équitation car l’école dispose d’une vingtaine de chevaux à la disposition des 120 élèves de l’école. « Mais j’ai abandonné assez rapidement. Cela me mettait trop la pression. Et puis, nous avons peu de moments de repos. Avec l’équitation cela faisait trop. »

L’établissement pourrait accueillir des collégiens à la rentrée


Il est vrai qu’à Sourdun, les jeunes n’ont pas un moment à eux. Entre deux interviews (les médias défilent dans l’établissement), ils peuvent faire du sport, du foot en salle, du hand-ball, du volley. Au foyer des élèves, Stéphane, professeur d’EPS, m’explique qu’ils attendent 30 VTT au printemps. Cet ancien footballeur professionnel surveille d’un œil le petit groupe d’ados qui joue au baby-foot et au ping-pong. Il ne les quitte pas des yeux et les sermonne quand il s’aperçoit qu’il manque déjà une roue à la table de ping-pong qui vient d’arriver.

Le fait que les bâtiments soient éparpillés sur plusieurs hectares ne permet pas une surveillance forcément très efficace. Mais Jean-François Bourdon, le proviseur est clair  : « ce n’est pas une maison de correction, et nous ne prenons pas d’enfants qui auraient des problèmes de discipline. Nous visons des élèves moyens à bons, issus de familles modestes, dont les conditions de travail sont mauvaises". Son souhait pour la rentrée 2010 ? Accueillir 550 élèves : une classe de 6e, une classe de 5e, des 4es, 3es, 2ndes et quelques élèves de première. Et il attend avec impatience les candidatures !

L’internat de Sourdun en bref


A coté des internats classiques, les internats d'excellence devraient donc se développer dans les prochaines années, à commencer par celui de Sourdun, pionnier.

Qui ? Des élèves motivés issus de l’Académie de Créteil qui ne bénéficient pas chez eux d’un contexte favorable pour étudier dans de bonnes conditions, soit des élèves moyens qui ont besoin d’un coup de pouce. Recrutement moitié filles moitié garçons.

Quand ? Fin avril 2010-début mai, dépôt des candidatures des élèves. Les candidats peuvent remplir leur dossier avec l'aide de l'équipe du collège ou du lycée où ils sont scolarisés. L’assistant social devra joindre un dossier séparé. Fin mai 2010, les candidats seront informés par le rectorat de la suite donnée à leur demande.

Où ? Vous devez postuler sur le site de votre académie. Pour Sourdun, c’est l’académie de Créteil : http://www.ac-creteil.fr/jahia/Jahia/accueil/eleve/internat

Et aussi :
Douze internats d'excellence accueilleront des élèves à la rentrée 2010 : Académie d'Aix-Marseille : Barcelonette (Alpes-de-Haute-Provence) ; Académie d'Amiens : Noyon (Oise) ; Académie de Créteil : Sourdun (Seine-et-Marne) ; Académie de Créteil : Cachan (Val-de-Marne) ; Académie de Guyane : Maripasoula (Guyane) ; Académie de Lille : Douai (Nord) ; Académie de Montpellier : Montpellier (Hérault) ; Académie de Nancy-Metz : Metz (Moselle) ; Académie de Nice : Nice (Alpes-Maritimes) ; Académie de Reims : Langres (Haute-Marne) ; Académie de Rouen : Le Havre (Seine-Maritime) ; Académie de Versailles : Marly-le-Roi (Yvelines).

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