Reportage

Grève des lycées de l’éducation prioritaire : "Si on n'est plus en ZEP, on aura moins d'aide des profs"

Au lycée Maupassant, à Colombes (92), la grève contre la sortie de l'éducation prioritaire a été très suivie par les enseignants.
Au lycée Maupassant, à Colombes (92), la grève contre la sortie de l'éducation prioritaire a été très suivie par les enseignants. © erwin canard
Par Erwin Canard, publié le 17 novembre 2016
1 min

Malgré les postes de professeurs supplémentaires promis par le gouvernement, des lycées d'éducation prioritaire sont de nouveau en grève, ce mardi 29 novembre 2016, pour protester contre leur sortie de ZEP. Le 17 novembre, nous étions déjà allés à la rencontre des élèves au lycée Maupassant de Colombes (92) pour savoir ce qu'ils redoutaient.

Ce jeudi 17 novembre, Jonathan, en première L, est arrivé à 11 h au lycée Guy-de-Maupassant, à Colombes (92). Il est ressorti quelques minutes plus tard, après avoir appris qu’il n’avait pas cours. Son enseignant est en grève. "Mais je ne sais pas vraiment pourquoi", admet le lycéen. Son professeur fait partie du collectif Touche pas à ma ZEP au sein duquel figurent des enseignants de 73 lycées de 11 académies différentes (Versailles, Créteil, Aix-Marseille, Toulouse, Amiens…).

Maupassant, un des lycées leaders de la contestation

Ils protestent contre la sortie de leur établissement de la zone d’éducation prioritaire (ZEP) qui devrait se faire progressivement d’ici 2019. Ce collectif a organisé, ce 17 novembre, une troisième journée de manifestation depuis la rentrée, avant une quatrième prévue le 29 novembre.
Une réforme a établi de nouveaux réseaux d’éducation prioritaire (REP). Les lycées ne sont pas concernés  puisque la réforme porte seulement sur l’école et le collège. De fait, ils sont pour l'heure en passe d'être exclus du dispositif d’éducation prioritaire. Le lycée Maupassant de Colombes fait partie des premiers lycées à avoir protesté. La grève de ce jeudi 17 novembre y a été largement votée.

"Les demi-groupes, c'est mieux !"

Les élèves, eux aussi, s’inquiètent de cette sortie. "Si on n’est plus en ZEP, on sera plus souvent en classe entière et on aura moins d’aide des profs", explique Yasmina, en première STMG. Le statut d’établissement en zone prioritaire permet en effet davantage de cours en demi-groupe. "Et les demi-groupes, c’est mieux !, estime Antonin, dans la même classe que Yasmina. Il y a moins d’élèves et du coup les profs s’occupent plus de nous." Si une sortie de l’éducation prioritaire voudrait également dire, pour les enseignants, moins de formations, plus d’heures de cours à dispenser et la fin de certaines primes, la diminution des cours en demi-groupe est bel et bien la première préoccupation des élèves.
"Déjà qu’actuellement, on est 30 en classe et il y a beaucoup de bruit, alors je n’imagine même pas à plus… En allemand, l’an dernier, on était peu et on a fait une super année. Là, on voit que lorsqu’on est toute la classe, ça va beaucoup moins bien…" raconte Antonin. "Si on est plus nombreux, on ne pourra plus poser les questions qu’on veut", renchérit Nafissatouba, en terminale STMG spécialité mercatique.

Finis le baby-foot et les sorties scolaires ?

Les élèves craignent également une détérioration de l'ambiance dans le lycée. "Ici, c’est assez calme, par rapport au collège notamment, mais s’il y a plus de monde, il y aura des bagarres, c’est sûr…", prévoit Hichem, en seconde. Ilyess, dans la même classe, a lui peur de perdre "les loisirs" : "On a une cafèt, une salle de muscu, un baby-foot, on n’aura plus ça après…". En outre, "il n’y aura plus les aides pour les sorties scolaires", s’inquiète Kristiana, en terminale ST2S. Camille, en seconde, ne comprend pas pourquoi le lycée sortirait de l’éducation prioritaire : "Si on est en ZEP, ça veut dire qu’on est en bas de l’échelle, qu’il y a beaucoup d'élèves en difficultés. Déjà que j'ai l'impression qu'on a moins de moyens que les autres lycées, alors si on n'est plus en ZEP...".

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