Portrait

Fahartadji, lycéenne en atelier théâtre : "Me produire sur scène m’aide pour les oraux"

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Fahartadji : "J’aime chanter, danser, me produire sur scène." © Meyer / Tendance Floue pour l'Étudiant
Par Maria Poblete, publié le 02 janvier 2017
1 min

Après avoir opté au collège pour une classe à horaires aménagés en chant, Fahartadji a choisi le lycée Condorcet de Montreuil (93) pour suivre les cours de l’atelier théâtre. Cela lui a donné de l’assurance dans sa vie scolaire, particulièrement pour le bac qu'elle passe cette année. Rencontre avec une passionnée de scène.

"La première fois que je suis montée sur scène, j’ai été transportée d’émotion et de bonheur. J’avais… 6 ans et je m’en souviens comme si c’était hier. Je me produisais dans un spectacle de fin d’année au cours préparatoire, je dansais avec des rubans de toutes les couleurs qui virevoltaient, c’était magique ! Dès que l’occasion se présentait, je participais aux spectacles. En CM2, je suivais un atelier de chant. Alors, quand on m’a parlé au collège de la classe à horaires aménagés, j’ai postulé, et j’ai été admise. C’était extraordinaire. J’aime chanter, danser, me produire sur scène. Est-ce que ça vient de ma culture, je l’ignore. Chez moi, aux Comores, on danse et on fait la fête souvent. C’est naturel en fait…

À la fin de la classe de 3e, j’avais envie de continuer, tout en passant à une autre forme d’expression. J’ai assisté au spectacle de théâtre du lycée Condorcet, qui se trouve près de chez moi. C’était comme une troupe, les élèves comédiens avaient l’air uni. Cet esprit m’a plu. Je me suis dit : pourquoi pas moi ?"

"Je crois même que ma passion pour la scène est exagérée"

"À la rentrée en 2de, je me suis donc inscrite à l’atelier théâtre. Cela a été une révélation. C’est ma troisième année, et je suis toujours motivée comme au premier cours. Au début, il fallait montrer que l’on était hyper intéressé. C’est le système ici : en septembre, les inscrits se rendent à l’atelier (deux heures par semaine), comme si c’étaient des portes ouvertes. Les plus assidus sont repérés : il ne faut pas venir une fois de temps en temps.

Il ne suffit pas de cocher la case 'option théâtre', il faut la mériter.

Ensuite, début octobre, les deux professeurs de l’atelier et Sophie Perrimond, la metteuse en scène, sélectionnent ceux qui ont montré leur motivation. Il ne suffit pas de cocher la case 'option théâtre', il faut la mériter ! Je me suis tellement impliquée immédiatement. J’étais à fond. Je ne vois pas le temps passer. J’attends ce moment avec impatience toute la semaine. Je crois même que ma passion pour la scène est exagérée…"

"Je travaille la mémoire, bien sûr, ainsi que la culture générale…"

"Concrètement, l’atelier théâtre a lieu le vendredi entre 16 heures et 18 heures, mais cela me prend largement plus de temps. J’y pense souvent. Un peu tous les jours, même sans m’en rendre compte. J’observe l’attitude d’une personne dans la rue et je me dis : 'Tiens, ce serait bien pour tel rôle !' D’ailleurs, j’ai toujours sur moi un petit carnet dans lequel j’écris, je note ce qui me paraît intéressant. Par exemple, je rédige les commentaires des pièces que j’ai vues, je liste des références de livres qui pourraient servir à une réflexion. En réalité, c’est une occupation constante et chargée, mais qui ne me gêne pas. Je ne me lasse jamais !

Je travaille mes textes tous les jours et je réfléchis. Je répète, je répète, je reprends. Un élève de l’option m’a suggéré une astuce pour apprendre mes répliques : j’enregistre les textes des autres et je laisse des blancs aux miennes. Alors en faisant la vaisselle, chez moi ou dans la rue, je repasse mon enregistrement et je récite. Oui, parfois on dirait une folle parce que je parle toute seule mais le ridicule ne tue pas ! Sinon, plus sérieusement, je travaille énormément de choses grâce au théâtre : la mémoire, bien sûr, ainsi que la culture générale.

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Nous faisons des sorties également pour voir des pièces dans des salles nationales et prestigieuses : le centre dramatique de Montreuil, la Comédie-Française, le Théâtre national de la Colline, la Cartoucherie. Avant de participer à cet atelier, je n’avais vu qu’une pièce au lycée. Alors là, c’est carrément royal !"

"Jouer dans un spectacle demande une attention de chaque instant"

"J’apprends énormément, pas seulement sur le théâtre mais en histoire, en politique, en art. Plus concrètement, j’ai découvert la concentration. Assister à une pièce ou jouer dans un spectacle demande une attention de chaque instant. On ne peut pas se laisser aller à rêver ou accrocher son regard sur une mouche qui vole ! Il faut rester absolument présent dans l’événement. Imaginez en cours, l’utilité de ce truc-là… Avant, je bavardais beaucoup, je me déconcentrais. Maintenant presque plus. Et comme j’ai une mémoire auditive, j’écoute en classe, j’enregistre, et les leçons sont plus vite apprises. C’est très pratique."

"J’apprends à gérer mon stress, c’est utile pour le bac"

"Le théâtre m’apporte énormément de choses : plus j’en sais, plus j’ai envie de savoir. Côté scolaire, c’est clair. Pour les examens, n’en parlons pas, c’est génial. J’ai beaucoup moins le trac quand arrivent les contrôles. J’apprends à gérer mon stress, c’est utile pour le bac. Lors du dernier bac blanc par exemple, samedi dernier, j’étais un peu énervée et tendue. Je ne comprenais pas un exercice, je sentais que je commençais à paniquer, je me sentais déstabilisée. J’ai appliqué mon astuce. J’ai repensé à ce que les professeurs nous disent avant les représentations. C’est sûr, habituellement on s’allonge, là je ne pouvais pas ! Mais quand même, je me suis souvenue de leurs paroles pour lutter contre le trac.

Essayez ! Imaginez une bulle d’énergie qui passe par tout votre corps, vous inspirez et la bulle vous envahit entièrement. Vous oubliez tous vos problèmes, scolaires, familiaux, de couple, existentiels et vous pensez à ce qui va arriver : le travail, l’exercice, le devoir. Puis vous expirez lentement. Cette sensation est énorme. Moi, cela m’apaise illico. Je chasse ainsi mes idées noires. Je respire, je me calme comme lorsque je monte sur scène, je me dis que je vais y arriver. Et le bac blanc ne s’est pas trop mal passé…"

"Les personnes qui m’entourent croient en moi et… ils me le disent, alors, je crois en moi."

"La pratique théâtrale apporte des astuces pour réussir en cours et pour être heureux au lycée, c’est sûr. Mais je crois que le plus important, c’est que les adultes, les professeurs, les metteurs en scène qui travaillent avec nous, nous envoient des signaux positifs. Je m’explique. On m’a toujours encouragée à aller de l’avant. On n’a jamais freiné mon envie de m’impliquer dans mes projets, de monter sur scène, de chanter, de danser. Comme les personnes qui m’entourent croient en moi, et qu’ils me le disent, alors, je crois en moi. Cela m’a ouvert à beaucoup d’univers auxquels je n’aurais peut-être jamais accédés. L’année prochaine, je vais m’inscrire en licence en études théâtrales, à Paris. Je trouve que j’ai de la chance."

Le théâtre au lycée, mode d’emploi

Le théâtre vous a toujours attiré ? Vous pouvez dès la seconde suivre un enseignement facultatif et d’exploration dans plusieurs établissements répertoriés par académie. En première et terminale, vous pouvez choisir cette discipline en option obligatoire que dans la série littéraire, alors qu’elle sera facultative dans les autres séries générales et technologiques. Quant aux élèves des sections professionnelles, ils ne peuvent présenter l’option au bac, car elle n’existe pas. Voici en détail le contenu des épreuves au bac.

L’option facultative au bac : elle consiste en un temps de jeu de 10 minutes par élève. Parfois, comme au lycée Condorcet de Montreuil (93), l’ensemble des élèves de la troupe joue le spectacle – ou une version écourtée – devant le jury, composé d’un professeur extérieur au lycée, encadrant lui-même un groupe d’option, et d’un artiste intervenant. Puis chaque candidat passe un entretien de 10 minutes, durant lequel il expose son expérience au sein de l’atelier, analyse sa pratique, son rôle et la pièce dans laquelle il a joué. Enfin, il commente les spectacles vus dans l’année. L’élève doit également présenter un dossier écrit rendant compte de son expérience de comédien et de son parcours de spectateur, qui sert de support lors de l’entretien. L’entretien et le jeu sont notés, chacun, sur 10 points, et le dossier sur 4 points. Sur la note ainsi obtenue, rapportée à un total sur 20, seuls comptent les points au-dessus de la moyenne. S’il s’agit de la première option, les points au-dessus de la moyenne comptent double.

L’option obligatoire au bac : elle n’existe que dans la série littéraire. Elle comporte une épreuve écrite sur programme et une épreuve orale portant sur le travail de création. La matière est affectée d’un coefficient 6 au baccalauréat.
Vous pouvez trouver la liste des lycées de votre académie sur le site Eduscol.

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