Décryptage

L’orientation des champs n’est pas celle des villes

Par Isabelle Maradan, publié le 09 novembre 2011
4 min

"Dis-moi où tu habites, je te dirai quelles études tu vas faire...". D'après une récente enquête du Céreq*, le lieu de résidence jouerait en effet sur les choix d’orientation des élèves. C'est en particulier à partir de la 3e que les parcours des jeunes ruraux se distinguent de ceux des jeunes urbains, notamment parce qu’ils n’ont pas les mêmes aspirations. Explications.

Malgré des résultats scolaires équivalents à ceux observés en milieu urbain, lorsque vous vivez en milieu rural, vous ne faites pas les mêmes choix d’études que vos camarades des villes. Après la troisième, les parcours divergent. C’est le principal enseignement d’une enquête menée par des chercheurs du centre associé du Céreq à Caen auprès des jeunes de Basse-Normandie, une région illustrant bien la ruralité. Une ruralité qui concerne les deux tiers des communes de France métropolitaine.

Vous n’avez pas la même vision des métiers possibles


A la campagne, vos aspirations en termes de poursuite d’études et de projets de métier sont plus modestes qu’en ville. Quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle de vos parents, vos projets de métiers ne sont pas les même selon l’endroit où vous habitez. Si vous êtes enfants de cadre, vous serez plus tentés par le métier d’agriculteur si vous vivez à la campagne qu’en milieu urbain. Et si vos parents sont ouvriers, il y a de grandes chances que les professions intellectuelles vous tentent plus en habitant en ville plutôt qu’au vert. Une question de « connaissance concrète des métiers possibles (…) intimement liée à l’environnement dans lequel évolue le jeune », explique l’enquête.

La voie professionnelle : un vrai choix


En milieu rural, vous choisissez davantage la voie professionnelle. Un vrai choix, puisque les jeunes bas normands, par exemple, sont 81% (contre 75% en moyenne) à juger que leur orientation après la troisième a été conforme à leur souhait. Ainsi, dans cette région où les bacheliers enfants d’agriculteurs sont trois fois plus nombreux qu’ailleurs, le taux d’entrée dans la voie professionnelle après la troisième est l’un des plus élevé de France.

Les 3 e de découverte professionnelle ont la côte


Cette tendance s’observe dès la quatrième. Les collégiens de ce département s’orientant plus que les autres vers les troisièmes de découverte professionnelle. 43% des élèves (11% en apprentissage) entament un second cycle professionnel, contre 38% pour la France entière (dont 8% en apprentissage). Et les filières technologiques y sont également attractives.

Les Maison familiales rurales : une autre voie


A noter aussi que les élèves Bas-Normands quittent plus fréquemment le collège en fin de cinquième et de quatrième pour rejoindre les Maisons familiales rurales (MFR). Les MFR sont des « alternatives appréciées par les familles en cas d’échec dans les établissements de l’Education nationale », précise l’enquête. Elles font partie intégrante du paysage scolaire du territoire et offrent des formations professionnelles jusqu’au BTS.

Plutôt des études courtes


Côté poursuites d’études post-bac, elles sont moins fréquentes en Basse-Normandie qu’ailleurs, Surtout dans les lieux où faire des études ne s’envisagent pas sans mobilité. Et les jeunes ruraux ayant décroché un bac ES, L ou S, se dirigent plus volontiers vers une filière courte - BTS ou DUT - que les bacheliers généraux des villes. Trois ans après la fin de leurs études, la moitié des diplômés du supérieur a quitté la campagne, alors que les trois quarts des jeunes faiblement qualifiés y sont toujours.
Plus facile de quitter les champs quand on est diplômé des villes.

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