Portrait

Angelos, lycéen et interne : "L’internat me tire vers le haut"

Vie de lycéen_Internat_Angelos4 © O. Guerrin_PAYANT
Angelos (à droite), 19 ans, est en terminale S au lycée du Parc, à Lyon (69). © Olivier GUERRIN pour L'Étudiant
Par Maria Poblete, publié le 26 janvier 2017
1 min

Très motivé et brillant, Angelos trouve dans "l’Internat de la réussite pour tous" au lycée du Parc, à Lyon, l’opportunité d’étudier dans les meilleures conditions possible. Une chance qu’il savoure à chaque instant.

"Mes parents, mon petit frère et moi, nous avons quitté la Grèce, notre pays, en 2013. Le choix de partir était directement lié aux études et à notre réussite. Mon frère et moi, nous avons toujours bien travaillé à l’école mais les perspectives de grandes études étaient limitées en Grèce.

Nous sommes arrivés à Décines, en banlieue lyonnaise quand j’avais 15 ans. Je ne parlais quasiment pas français. Alors qu’en Grèce, j’étais en classe de première, j’ai été inscrit en troisième au collège de mon secteur. Je me suis appliqué à apprendre la langue, à comprendre. J’ai suivi des cours de français langue étrangère. Cela s’est bien passé : j’aime bien les langues et je parlais déjà anglais. 

Un jour, en me promenant dans un quartier assez chic de Lyon, je passe devant un magnifique lycée, grand, beau. Il semblait prestigieux. Après avoir pris quelques renseignements, qui ont confirmé mon intuition – c’est l’un des meilleurs lycées de la ville ! –, j’ai cherché à savoir comment m’y inscrire. À l’époque, j’avais déjà en tête d’entrer dans une grande école comme Polytechnique ou bien en faculté de médecine. Alors, tout simplement, j’ai envoyé mon dossier au proviseur. J’avais de bonnes notes à la fin du ­collège, 18 de moyenne générale. Et ce qui a pesé, je crois, dans ma candidature, c’était mon envie de réussir. J’étais très motivé !

"Je suis là pour travailler le plus efficacement possible"

La vie en internat avec son aspect collectif n’est pas ce que je préfère, pour être franc. Certes, j’ai des copains et je m’entends assez bien avec tout le monde. Pour tout vous dire, je suis là pour travailler le plus efficacement possible. C’est mon but principal. Je me plie au programme. 

Le quotidien à l’Internat de la réussite est rythmé par les temps d’étude et d’encadrement. Chaque jour, nous avons deux heures d’étude surveillée obligatoires, de 18 heures à 19 heures, puis de 20 heures à 21 heures. Entre-temps, nous dînons. Cela se passe dans des salles où chacun travaille – en principe – dans son coin. Je dis 'en principe' parce que la deuxième heure est parfois un peu bruyante et la concentration pas toujours facile. J’ai trouvé la parade : je mets des bouchons d’oreille, quelle merveilleuse invention !

Angelos avec Béatrice Cavalié, sa tutrice et professeure au lycée du Parc. Ici au cours de l'étude surveillée, deux heures obligatoires chaque soir. // © Olivier Guerrin pour L'Etudiant

"Je me donne à fond"

Chaque interne a un parrain ou une marraine. C’est Mme Cavalié, professeur de SVT, qui me suit. Elle m’aide depuis le début, lors de mon entrée en seconde. Elle est plus qu’une enseignante, elle est comme une mère pour nous ! Elle nous secoue s’il le faut, elle organise l’aide quand un élève a une petite baisse de régime ou qu’il se sent en difficulté. Je crois que la différence par rapport aux autres élèves est là : les internes de la réussite sont portés et encouragés. 

Je me donne à fond. Je veux réussir, entrer en médecine et aller de l’avant. J’étudie beaucoup chaque jour, plus que le strict minimum. Hormis les deux heures d’étude surveillée, je passe ma soirée à travailler dans ma chambre. C’est un petit espace, largement suffisant, avec un lit et un bureau. Généralement, j’éteins vers 23 heures. Je n’ai pas de problèmes de sommeil. Je suis sportif !

Les conditions de travail sont maximales, tout pousse à étudier… Les chambres de l’internat sont individuelles. // © Olivier Guerrin pour L'Etudiant

"Nous pouvons accéder au gymnase où s’entraînent les élèves des classes préparatoires"

Nous avons le droit d’accéder au gymnase et à la piscine où s’entraînent les élèves des classes préparatoires du lycée. Les locaux sont ouverts de 16 heures à 18 heures et on reste le temps qu’on veut. On a de beaux équipements, des vestiaires, une grande salle et des appareils de musculation. Pour ceux qui aiment courir, il y a le parc de la Tête-d’Or à côté : c’est excellent. Le professeur d’éducation physique et sportive est présent pendant ce créneau horaire. Je le connais bien même s’il ne me coache pas… Mais il me donne des conseils ! 

Au début de l’année, comme j’avais pris du poids, je me suis procuré un programme sportif sur CD que je pratique trente minutes tous les jours. Je l’ai montré au professeur, qui l’a validé. Je vais donc à la salle de sport tous les après-midi. Je suis en forme et j’ai perdu 15 kilos ! La forme physique est importante. Cela vide la tête et aide à se concentrer. Le soir, je suis vanné, je m’endors rapidement. Certes, je veux être efficace. Enfin, je voudrais l’être parce que je ne le suis pas totalement… C’est vrai que je suis exigeant avec moi-même. C’est normal.

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"Je me détends également, je ne reste pas enfermé !"

À Athènes, je prenais des cours de guitare, j’ai appris à lire et écrire un peu la musique. Ici, comme on ne peut sortir que le mercredi soir, c’était impossible. Alors j’ai ma guitare avec moi, je joue de temps en temps. Et je me suis lancé dans l’étude du piano. Il y a une salle de musique à l’internat avec deux pianos. J’apprends seul, en autodidacte. J’aime beaucoup. Un : ça me détend, je me laisse aller à cet art. Et deux : je crois que je développe ma capacité de concentration et de mémorisation. C’est tout bénéfice ! 

Tout cela vous semble très organisé, n’est-ce pas ? C’est vrai, les horaires sont définis et mes programmes sont carrés. La machine est bien huilée. Cela fonctionne. Cela dit, je quitte l’internat le mercredi soir, je dors généralement chez ma cousine, qui a un appartement à Lyon. C’est l’occasion de voir autre chose, de souffler un peu, de me détendre ! Le week-end – enfin, le samedi à midi parce que j’ai cours le samedi matin –, je rentre chez mes parents. Et là, j’essaie de ne pas trop prendre de travail scolaire avec moi. Parfois c’est nécessaire…

Sport, musique : les activités culturelles détendent et font progresser dans tous les domaines. Angelos apprend le piano en autodidacte. // © Olivier Guerrin pour L'Etudiant

"Je table sur une mention très bien au bac puis des études de médecine"

Ce dispositif m’apporte un meilleur niveau par rapport aux autres lycées. Franchement, c’est un lieu où on trouve des personnes intelligentes. Je sens que ça me tire vers le haut. C’est sûr, une petite adaptation est nécessaire. Même si on arrive d’un collège avec d’excellentes notes, il faut accepter de voir sa moyenne baisser un peu. Il faut donc être très motivé et ne pas se laisser démoraliser. Maintenant ça va assez bien. J’ai 30 points d’avance au bac et j’ai trois options, une lourde en anglais européen et deux légères, grec ancien et grec moderne. Je table sur une mention très bien puis des études de médecine. C’est bien de prendre soin des autres. La santé, c’est cool."

Internat de la réussite pour tous : mode d’emploi

Pour qui ? Tout élève, quels que soient son niveau scolaire, son mérite et son potentiel, peut accéder à l’internat dès lors que lui et sa famille sont volontaires. Il s’agit de privilégier les jeunes qui en ont le plus besoin, au regard de critères d’abord familiaux et sociaux. Quand la demande est supérieure à l’offre, la priorité est donnée aux élèves issus des milieux sociaux modestes, en particulier aux élèves boursiers ou résidant dans des zones rurales isolées.
Quel coût ? L’internat est gratuit ou presque, en fonction de la situation des familles.
Comment postuler ? Le dossier de candidature rassemble les informations sur l’élève, ses motivations et celles de sa famille. L’affectation relève de la compétence de l’inspecteur d’académie, puis l’inscription se fait auprès du chef d’établissement. Il accueille les élèves en fonction des priorités géographiques (quartiers "politique de la ville", zones rurales éloignées…), sociales, familiales. La mixité entre filles et garçons est respectée.
Où s’inscrire ? Il existe plus de 2.800 internats de ce type. Un annuaire recense tous les établissements avec les formations et les activités proposées. Vous pouvez vous rapprocher également du chef d’établissement.

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