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Réforme du lycée : l'autonomie imposée aux élèves

publié le 03 juin 2008
5 min

Nicolas Sarkozy l’a annoncée lundi 2 juin 2008. Xavier Darcos, le ministre de l’Éducation nationale, a enfoncé le clou le lendemain. La réforme du lycée, destinée à "mieux préparer les lycéens aux études supérieures*", aura bien lieu. Premier chantier : la nouvelle classe de seconde prévue pour la rentrée 2009. Plus généraliste, elle permettrait aux lycéens de mieux choisir leur orientation. "Entre 16 et 18 ans, on perd 150.000 élèves par an. Il faut une seconde stimulante, moins oppressante", a déclaré Xavier Darcos. La spécialisation ne débuterait donc qu’à partir de la première. Le ministre a également annoncé la généralisation probable, en 2009, de ce qu’il appelle "la reconquête du mois de juin". Autrement dit, la poursuite des cours jusqu'à la fin du mois, malgré le bac. Celle-ci a été expérimentée en 2008 dans quatre académies (Rouen, Dijon, Amiens, Besançon) et deux départements (Vaucluse et Lozère) et "marche très bien", selon Xavier Darcos. Pour motiver les élèves jusqu’au bout, les conseils de classe du troisième trimestre ont été repoussés aux alentours du 20 juin. "Le lycée coûte 250 millions d'euros par semaine, le lycée, il n'y a pas de raison de perdre quatre semaines tous les ans".

"Plus d’autonomie, plus de souplesse"

La classe de première, quant à elle, serait rénovée pour 2010. Le but est de se diriger vers un lycée "sans filières", "décloisonné", avec, au programme, un tronc commun et des matières "à la carte", comme à l’université. En ligne de mire : la fin de l’hégémonie de la série S, qui attire même les littéraires, sans pour autant pousser les jeunes vers les carrières scientifiques. Ce serait également la fin de "l’empilement d’options" selon Nicolas Sarkozy. Trop chères… Les emplois du temps seraient donc allégés pour favoriser le travail personnel. Aujourd’hui, les lycéens ont 36 heures de cours par semaine. "Soit 20 % de plus que dans les autres pays européens", a rappelé Xavier Darcos. Plus d’autonomie pour les élèves, des modules personnalisés, le redoublement remplacé par des enseignements complémentaires : derrière ces idées se profile le modèle de la Finlande, qui obtient de très bons résultats en matière d’éducation. "Il est évident que nous nous inspirerons de ce qui marche ailleurs, sans pour autant copier car nous devons nous adapter à notre culture", a avoué Jean-Paul de Gaudemar, recteur de l’académie d’Aix-Marseille chargé de la réforme du lycée. En outre, ces mesures permettraient de faire coup double et de grappiller des crédits sur les postes économisés… Ne fallait-il pas parvenir à 15.000 - 16.000 suppressions en 2009 ?

Le bac en sursis

Dernière rénovée, la classe de terminale devrait être prête pour 2011. Un an avant la nouvelle formule du bac "qui ne devrait pas être très différente de celle d’aujourd’hui", affirme Xavier Darcos. Sur ce sujet, le ministre marche sur des œufs. "Il s’agit bien de réformer le lycée et non pas le bac. Le baccalauréat est un mythe, un phénix qui renaît toujours de ses cendres. Aboutissement du cycle lycée, premier grade universitaire, c’est également un diplôme national ancré dans l’Histoire qui incarne la démocratisation de l’accès au savoir. En 1808, on recensait 31 candidats. En 2008, ils seront 500.000. Ce ne serait pas une bonne idée de le supprimer. S’il change, ce sera une conséquence de la réforme du lycée", a-t-il assuré avec ferveur. Vu le programme, on ne se mouillera pas trop en imaginant un bac plus personnalisé, laissant une plus large place au contrôle continu. En attendant… bon anniversaire.

*Aujourd’hui, un jeune sur deux n’obtient pas de diplôme supérieur après le bac.

Virginie Bertereau

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