Témoignage

Quel avenir pour les métiers du paramédical ?

Par Gabrielle Blanchout-Busson, publié le 21 janvier 2014
6 min

Adaptation aux nouvelles technologies, vieillissement de la population, volonté du maintien à domicile... Ce secteur garantit des métiers au carrefour de la technique et de l'humain.

Jérick Develle - metier paramedJérick Develle, directeur général d'Adecco Medical et président de PmS médicalisation

"La technologie est appelée à devenir plus présente que dans le secteur tertiaire."

"Pour la première fois depuis longtemps, le secteur est impacté par la crise, mais la sécurité de l’emploi à moyen et long termes y reste assurée. Les jeunes professionnels vont devoir, plus que jamais, allier sens de l’humain et  maîtrise de la technologie. Celle-ci est appelée à devenir plus présente dans les métiers du soin que dans ceux du tertiaire : utilisation des réseaux sociaux internes pour la transmission des dossiers des patients, outils nomades, nanotechnologies qui devraient amener une véritable révolution dans le monde de la santé, développement des soins en ambulatoire… Au-delà de ces évolutions qui toucheront tous les métiers, ceux liés à l’âge vont générer beaucoup d’emplois, notamment pour les ergothérapeutes et les psychomotriciens. Enfin, des fonctions en rapport avec le management de la qualité vont prendre de l’importance car les patients sont aussi des clients."

Jean-Paul Rerzki - métier paramedJean-Paul Rerzki, responsable pédagogique pour la préparation aux formations paramédicales au sein de l'université Pierre-et-Marie-Curie

"À terme, ces professions ne seront accessibles que par la PACES."

"Les concours d’accès aux métiers paramédicaux deviennent de plus en plus difficiles car ils attirent toujours plus de candidats alors que les numerus clausus n’évoluent pas de manière significative. À terme, les professions paramédicales ne seront accessibles que par la PACES [première année commune aux études de santé], comme c’est déjà le cas pour les études de kinésithérapie. La plupart des concours sont basés sur le programme de terminale S, je recommande aux étudiants qui ne sont pas issus de cette filière de suivre une année de mise à niveau scientifique. Avant de vous lancer, passer un jour ou deux à suivre un professionnel du métier qui vous intéresse ou faire un stage, par exemple dans un IME [institut médico-éducatif], est une bonne idée. Cela permet d’appréhender concrètement la réalité de ces professions."

Jean-Philippe Alosi - métier paramedJean-Philippe Alosi, délégué général du Synalam, Syndicat national des prestataires de santé à domicile

"Nous aurons de plus en plus besoin de diététiciens et d'infirmiers."

"Les prestataires de santé à domicile accompagnent la mise à disposition des technologies permettant le maintien à domicile des malades chroniques ou en situation de handicap ou de dépendance. C'est un champ d'activité méconnu mais qui concerne déjà 1,2 million de patients et qui est en constante augmentation du fait du vieillissement de la population et de l'augmentation des maladies chroniques. Nous faisons appel à toute une palette de métiers, des plus qualifiés, comme les infirmiers, les kinésithérapeutes et les ergothérapeutes, aux moins qualifiés, comme les techniciens médico-techniques dont la formation est accessible sans le bac. Ceux-ci livrent les dispositifs médicaux au domicile des patients et assurent leur mise en œuvre et leur maintenance. Si, pour les premiers, les formations initiales sont clairement identifiées, pour les seconds, les formations sont en train de se mettre en place, même s'il existe déjà quelques DUT [diplômes universitaires de technologie]. Dans les années à venir, nous allons aussi avoir de plus en plus besoin de diététiciens et d'infirmiers, dont la présence est obligatoire pour la mise en œuvre et l'accompagnement de certains dispositifs de traitement, telles l'insulinothérapie et la nutrition artificielle."

Maïté AnéMaïté Ané, directrice nationale de la formation à la Croix-Rouge française

"Les opportunités de progression devraient éviter l'usure professionnelle"

"La réforme des formations et leur intégration dans le système LMD (licence, master, doctorat) désenclavent la formation et génèrent des opportunités de progression et d'évolution qui devraient aider à éviter l'usure professionnelle. Cette évolution est liée à celle du système de santé, avec un glissement de certaines tâches, du médecin vers l'infirmier, par exemple. Cela impacte jusqu'au métier d'aide-soignant, qui connaît un besoin majeur de recrutement d'ici à 2015, notamment pour travailler auprès des personnes âgées. Ces formations donnaient déjà accès à un large éventail de lieux de travail et de modes d'exercice, ainsi qu'à une évolution vers des postes d'encadrement. Cette réforme permet désormais d'accéder à des masters, par exemple en coordination des parcours de soins ou en pratique avancée des soins infirmiers. Elle renforce aussi les possibilités d'accès à des parcours menant au doctorat, voire à la filière médicale, mais aussi à d'autres métiers ou à une mobilité européenne."


Roselyne Vasseur, directrice des soins et des activités paramédicales de l'AP-HP

"Il y a de la place pour des formations en cinq ans, de type master"

"Entre la quinzaine d'années qu'il faut pour former un médecin et les trois ans nécessaires pour une majorité de métiers paramédicaux, il y a de la place pour des formations en cinq ans de type master. Ainsi, les infirmiers sortent désormais avec une licence, la spécialité des infirmiers-anesthésistes est, elle, reconnue au niveau master 2 et celle des infirmiers de bloc opératoire est en cours de reconnaissance. Ce sont deux spécialisations où les besoins sont importants. C'est aussi le cas pour les kinésithérapeutes, qui privilégient l'exercice en libéral et que l'on a beaucoup de mal à recruter à l'hôpital, pour les manipulateurs radio et, dans une moindre mesure, pour les ergothérapeutes et les psychomotriciens. Enfin, le métier de diététicien est très à la mode, mais il y a peu de postes proposés, même si les besoins seraient potentiellement supérieurs."

Alain BergeauAlain Bergeau, président de l'UNPS (Union nationale des professions de santé)

"Les professionnels du secteur paramédical auront un rôle de plus en plus important à jouer"

"Le vieillissement de la population nous place face à deux problématiques : le maintien à domicile – puisque c'est le souhait de la majorité des personnes âgées – et l'augmentation des maladies chroniques. Les professionnels du ­secteur paramédical auront donc un rôle de plus en plus important à jouer, auprès d'un nombre de patients croissant. Ces nouvelles problématiques entraînent un décloisonnement des métiers et un besoin de coordination entre médecine de ville et hôpital, mais aussi entre médical et social. Pour y répondre, de nouvelles fonctions devront être créées sur le plan de la coordination des soins et sur celui de la prévention et de l'éducation thérapeutique. Du point de vue des métiers, les besoins sont transversaux, avec des problèmes de répartition sur l'ensemble du territoire. En restant mobile, il ne devrait y avoir aucune difficulté pour trouver un emploi qui s'exercera de plus en plus de manière regroupée avec d'autres paramédicaux, ce qui renforce aussi la qualité de vie au travail."

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