Portrait

Comment je suis devenue journaliste sportive

Après plusieurs expériences dans des rédactions locales, Virginie a réalisé son rêve : devenir journaliste sportive "fixe".
Après plusieurs expériences dans des rédactions locales, Virginie a réalisé son rêve : devenir journaliste sportive "fixe". © Xavier Bonny
Par Assia Hamdi, publié le 06 octobre 2017
5 min

Virginie Bachelier est journaliste à la rubrique sport du quotidien "Ouest-France". Avant de couvrir les événements sportifs dans l'un des journaux les plus lus du pays, la jeune femme de 28 ans a multiplié les expériences dans des rédactions locales.

"Hier, j'ai fini à 23 h 45 et ce matin, j'ai commencé à 9 h. Heureusement, c'est assez rare !" Depuis septembre 2017, Virginie occupe le poste de journaliste à la rubrique sport de "Ouest-France", le quotidien régional le plus diffusé en France. Au siège du journal, à Rennes, elle participe à la "création" de chaque quotidien avec 50 journalistes, en lien avec 12 rédactions locales.

Virginie a trois missions. "Je peux écrire des articles d'actualité sportive dans le quotidien, mais aussi rédiger des articles d'opinion sur le site Internet. Et les soirs de matches, je rassemble les articles des rédactions sportives locales et je mets en page le journal."

Une année à apprendre le journalisme au Mexique

Après un bac ES et une première année de fac d'économie à Nantes, elle intègre l'IUT (institut universitaire de technologie) de Lannion (22), l'une des formations reconnues par la profession. "Le fait d'enchaîner théorie, pratique et stages m'a fait découvrir le métier." Suite à son DUT, Virginie fait l'expérience d'une année d'échange au Mexique. À l'école de journalisme de Guadalajara, elle suit des cours de télé, de radio et effectue un stage de quatre mois dans un quotidien régional. "Là-bas, j'ai appris à voir autrement le rôle du journaliste dans la société."

Licence pro info-com option journalisme en poche, Virginie passe quelques mois au quotidien "Nice-Matin". "L'un de mes collègues a ensuite parlé de moi à l'un des rédacteurs en chef de "Ouest-France"." Le profil de Virginie le convainc. Immergée sept mois à la rédaction locale du Mans (72), Virginie couvre le championnat de Ligue 2 ou encore les 24 heures du Mans. "J'avais la pression, mais je voulais aller au bout." La jeune femme fait ses preuves et enchaîne pour un an à la rédaction d'Angers (49), puis un an à Caen (14).

Sept entretiens avant d'être embauchée

À l'issue de ces trois contrats, la commission d'embauche de "Ouest-France" convoque Virginie pour une série de tests. À la clé, un CDI (contrat à durée indéterminée) dans le groupe de presse. Virginie passe un test de français et sept entretiens d'une heure avec sept personnes, dont le grand patron de "Ouest-France". "J'ai été interrogée sur mes missions, mon attachement au journal, ma déontologie et mes objectifs de carrière."

Virginie réussit l'épreuve et débute son contrat par une mission de chef du service des sports à la rédaction des Côtes d'Armor, à Saint-Brieuc. "D'habitude, on atteint ce poste après quelques années d'expérience", s'étonne-t-elle encore. En plus d'écrire, Virginie recrute et gère le planning d'une quarantaine de correspondants. "Ce n'était pas de tout repos, mais j'en suis ressortie grandie." Après deux ans, elle se voit proposer son poste actuel, qu'elle a accepté pour pouvoir davantage écrire.

Un métier qui lui a "longtemps semblé inaccessible"

À la rubrique sport du quotidien, les journalistes dépendent du calendrier sportif et travaillent jusque tard le soir ainsi que le week-end et les jours fériés. Son poste est exigeant. "On doit remplir une page blanche et entretenir notre réseau... Il faut avoir confiance en soi, être réactif et indépendant." Mais malgré les journées de dix heures et un week-end de libre par mois, Virginie aime "l'incertitude de l'actualité et le fait de ne pas avoir l'impression de travailler".

La journaliste a baigné très tôt dans le sport. "Mon père m'emmenait voir les matches du FC Nantes. J'ai commencé le basket à 6 ans, j’en faisais parfois jusqu'à 16 heures par semaine." Au fil des ans, Virginie développe un goût pour la presse. "Je lisais beaucoup de journaux et à l'école, mes rédactions étaient toujours très réalistes." Pourtant, le métier de ses rêves lui a longtemps semblé inaccessible. "Je ne venais pas de ce milieu et, quand j'étais petite, peu de journalistes sportif étaient des femmes.

Un "rêve de petite fille" qui se réalise

Aujourd'hui, elle ne regrette pas son choix. Il y a quelques semaines, Virginie a réalisé un "rêve de petite fille" en couvrant l'Eurobasket en Turquie. "Je n'ai pas dormi la nuit avant mon départ, mais j'ai réussi à faire mon job et à en prendre plein les yeux." À son poste actuel, Virginie gagne 2.550 € net par mois, primes non comprises. "Les collègues de mon âge tournent autour de 2.200 €. Je suis un peu au-dessus car j'ai obtenu un poste à responsabilités."

Depuis l’Eurobasket, Virginie entrevoit "des perspectives" qu'elle n'imaginait pas aussi tôt, comme couvrir les Jeux Olympiques. Mais la journaliste veut prendre le temps de profiter de ce que son métier lui apporte au quotidien. "Je veux être surprise, sortir de ma zone de confort, continuer à apprendre des choses. En fait, je me sens comme un footballeur qui prend les matches les uns après les autres."

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