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Les nouveaux métiers du Web

publié le 22 mars 2011
1 min

Chargé de référencement, ergonome, motion designer, community manager… autant de métiers qui ont le vent en poupe et qui créent le buzz. Mais à quoi correspondent-ils vraiment ?

Yahoo !, Google, etc. : les moteurs de recherche sont devenus des stars incontournables sur le Net. Dès qu’un internaute lance une recherche, plusieurs pages de résultats apparaissent. Pour une entreprise présente sur le Web, un bon référencement assure sa visibilité. Après l’avoir longtemps sous-estimé, les entreprises ont aujourd’hui compris son importance et voient même plus loin.
"Nous remarquons 3 tendances des besoins en recrutement au sein des agences Web de Paris : une demande dans tout ce qui touche le référencement et l’analyse du trafic, une autre dans les mobiles avec le développement de la géolocalisation et, enfin, une demande dans les réseaux sociaux", analyse Denys Chomel, chargé de recrutement à l’HÉTHIC, la business school de l’économie numérique.

Du Web analytique au Web marketing

Chargé de référencement
est donc un métier qui ne craint pas la crise. Dès la conception du site, ce professionnel intervient pour trouver les mots-clés et nommer les pages, tout en renouvelant régulièrement le référencement du site. La concurrence est rude. Mais le référencement strict ne suffit plus, et les métiers satellites sont de plus en plus sollicités. Par exemple, comment faire pour que l’internaute venu sur mon site y reste et, surtout, achète ? C’est la règle des 3 clics, celle qui stipule que toutes les pages d’un site doivent être accessibles en un maximum de 3 clics à partir de la page d’accueil.

L’ergonome est ce spécialiste du langage qui rendra la navigation fluide. Longtemps négligé, il est aujourd’hui très recherché. Sa formation est souvent un master en psychologie sociale ou en psychologie du travail, avec un goût pour l’informatique et les techniques multimédias. Le CNAM, les universités Paris 5, Paris 8 et Bordeaux 2 dispensent un master recherche en ergonomie. Des masters professionnels existent également à Paris 5, Paris 8, Paris 11, Amiens, Nice, Poitiers, Bordeaux 2, Aix-Marseille 1 et Toulouse 2. Dans son travail, l’ergonome s’appuie sur une lecture de compréhension du trafic du site. Combien de visiteurs ? Quel taux de rebond, c’est-à-dire d’internautes qui arrivent sur le site et en repartent aussitôt ?

Ce Web analytique repose sur un traitement des statistiques, ce qui a fait évoluer tous les métiers du Web. "Chaque métier est interconnecté. On ne peut pas faire du marketing sans compétences techniques, et les webdesigners ou les infographistes doivent être capables de travailler à la fois sur l’ergonomie et sur le Web analytique", souligne Denys Chomel.

Des métiers haute technologie

Ces dernières années, on a donc assisté à une mutation de certains métiers. Toujours très sollicités par les recruteurs, les créatifs, comme les graphistes, doivent aujourd’hui réagir aux données chiffrées. Si 200 personnes naviguent jusqu’à une page d’accueil mais que seulement 4 achètent, le graphiste doit concevoir une mise en page afin d’améliorer les ventes. "Les graphistes doivent avoir un goût pour la technologie : faire du flash, du HTML, pour interagir avec les développeurs", précise Laure Poulain, responsable du département multimédia à l’École des Gobelins.

Côté mobile, même constat pour les designers Web. La multiplication des écrans tactiles (iPhone, iPad, smartphones) leur impose d’imaginer des interfaces différentes : impossible de plaquer une interface Web sur un iPhone. "Ce n’est pas la même chose de naviguer debout dans la rue avec son pouce ou assis avec une souris. Les campagnes de communication doivent respecter l’ergonomie de chaque support. De plus en plus de polyvalence est demandée, même si, dans les grandes entreprises, on tend à la spécialisation", poursuit Laure Poulain.

Le métier de motion designer, ou comment créer des animations graphiques en 2D ou en 3D, illustre ce mouvement. Un métier qui a le vent en poupe depuis que les entreprises utilisent des jeux comme supports publicitaires. Grâce à cette nouvelle génération de mobiles, la demande explose aussi pour les développeurs et les réalisateurs audiovisuels multimédias. Les contraintes techniques sont si spécifiques que seuls des professionnels formés les maîtrisent.

La dernière innovation en date, la géolocalisation sur mobile, complexifie des métiers existants. Avec elle, les agences de publicité disposent d’un nouvel outil de communication pour atteindre les cibles de leurs clients. "La géolocalisation et les applications mobiles nous permettent de capter plus de gens et de mieux cibler la clientèle. Selon le client, on peut viser une clientèle jeune, en possession d’un smartphone, donc une catégorie CSP+. Et nous pouvons fidéliser cette clientèle : si vous venez souvent dans notre établissement, vous finirez par avoir un produit gratuit", explique Davide Ballestra, directeur de clientèle de l’agence Plan.Net.

Du coup, les agences de publicité sont très friandes de chefs de projet technique, avec des compétences en développement et capables de conseiller leurs clients sur le choix de la meilleure technologie pour répondre à leurs besoins. "Le cœur du métier n’a pas changé. On opère toujours en fonction de la volonté du client, qu’elle soit d’augmenter ses ventes ou d’avoir plus de visibilité. Mais les outils mis à notre disposition ont beaucoup évolué", explique encore Davide Ballestra. Un bon exemple de publicité née du Web et qui a eu son heure de gloire est celle de Tipp-Ex sur YouTube.

La Web community

Tout nouveau, tout beau, le chargé de partenariats est né de la culture spécifique du Web. "On échange gratuitement, entre sites, nos savoir-faire, on mutualise nos compétences. Par exemple, nous offrons à un site un moteur de recherche d’emploi contre un peu de visibilité sur sa page d’accueil", explique Fabrice Mazoir, responsable éditorial du site RegionsJob.com.

Autre métier qui fait le buzz aujourd’hui, celui de community manager. Facebook, Twitter, le site officiel d’une marque, le Web instantané, les applications mobiles… "Le community manager s’assure de la cohérence du message envoyé par l’entreprise sur tous ces supports Web. Il gère toute l’identité d’une marque ou d’une entreprise en ligne", explique Pierre Doulcet, directeur de programme Web mobile game à ISART Digital, l’école du jeu vidéo.

Pour Richard Menneveux, directeur de la publication du site FrenchWeb, son rôle va plus loin : "Les marques ont réalisé qu’elles ne maîtrisaient pas cette communication entre internautes qui peuvent les dénigrer ou les critiquer. Le community manager identifie ces signaux et lance des actions, comme le contact immédiat avec l’internaute." Par exemple, en cas de problème technique avec votre récepteur ADSL, vous en parlez sur Twitter avec vos amis, le community manager vous contacte et vous met en relation avec un technicien. Il s’agit d’un métier de contenu, avec une dose de communication et de marketing, et qui nécessite une bonne compréhension des nouvelles technologies. Néanmoins, les compétences requises peuvent varier selon que vous travaillez pour une marque de luxe ou d’informatique.

Mais attention ! La course au nouveau métier est à double tranchant. Étienne Candel, maître de conférences au CELSA prévient : "Aujourd’hui, le buzzword c’est le community manager. Mais demain ? Les entreprises commencent à être agacées par tous ces nouveaux termes. Surtout quand, pour elles, se cache derrière un métier qui reste flou."

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Le témoignage d’Erwan, social media marketer, au sein de la division audience et publicité d’Orange
« Mon rôle est d’accroître l’audience des portails Web du groupe via un levier particulier que sont les médias sociaux et communautaires. On parle ici de "media social optimization". Avec mon équipe, j’élabore des stratégies de communication. Par exemple : comment socialiser les portails Orange comme les chaînes d’actualité ? Comment y intégrer Facebook ? Je cherche également à renforcer notre présence, en dehors du site officiel, sur des sites comme Dailymotion. Dès que l’on travaille sur de l’audience, on travaille sur des cibles. Il s’agit donc d’un métier très varié qui nécessite des compétences en sciences humaines et sociales, mais aussi en communication, en marketing, en publicité et, surtout, en nouvelles technologies.
Après un DUT SRC (diplôme universitaire de technologie services et réseaux de communication), j’ai intégré le master médias informatisés et stratégies de communication du CELSA. Mais il faut aussi avouer que je suis toujours sur le Net à gérer mes blogs : je suis un geek accompli ! »

Ludivine Coste

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