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Sur les réseaux sociaux : étudiants cherchent job d'été désespérément

Sur les réseaux sociaux, les jeunes admettent qu'ils galèrent à trouver un job d'été.
Sur les réseaux sociaux, les jeunes admettent qu'ils galèrent à trouver un job d'été. © Twitter
Par Paul Conge, publié le 21 juin 2017
6 min

De Facebook à Snapchat, les étudiants déballent tout. Les réseaux sociaux sont devenus le miroir grossissant de leurs galères. Épisode 4, dégoter un job d'été.

Baccalauréat et partiels se terminent. Si certains étudiants sont déjà en vacances, une grosse partie d'entre eux, de plus en plus significative chaque année, troque Les Sables-d'Olonne ou les trempettes dans la crique de Sisco contre un emploi saisonnier. Serveur, réceptionniste, gardien de plage... À en croire les dernières statistiques de l'INSEE et de France Stratégie, au moins 600.000 contrats salariés sont attribués chaque été "en grande majorité à des étudiants".

"Il faut bac+5 pour avoir un job d'été ici"

Sont-ils si faciles à obtenir ? À l'exception des plus chanceux, comme ceux qui décrochent un job de caravaniers sur le Tour de France, lycéens et étudiants galèrent le plus souvent à trouver un job décent. Ce qui, à lire leurs réactions sur les réseaux sociaux, transparaît de façon flagrante. Sur Twitter, mi-juin, Lucie se désole :

En BTS tourisme au lycée Lebrun de Coutances (50), la jeune fille guette les emplois saisonniers qui seraient dans ses cordes... et en phase avec ses études. "Je cherche principalement dans les petites annonces que je trouve sur Internet (tourismes-espaces, leboncoin...), l'application Jobs Etudiants, mais également dans la presse locale."

Lire aussi : Trouver un job d'été à la dernière minute

Selon elle, les voies plus traditionnelles, tel l'envoi de CV par courriel notamment, sont obsolètes et peu productives. "J'ai envoyé des mails et courriers à une vingtaine de structures touristiques, avec seulement quatre retours ! C'est toujours un peu pénible." Originaire de la Manche, elle a dû considérablement élargir son rayon de prospection. "J'ai postulé jusque dans les Landes", dit-elle. Soit à près de 800 kilomètres de chez elle. 

Lucie n'est pas la seule à exprimer son désarroi face à sa recherche, à la dernière minute, d'un job d'été :

Sans expérience, Julie, étudiante en LEA anglais-japonais à l'université de Cergy et fan de jeux vidéo, cherche un "petit boulot pour payer son permis". "Je ne recherche pas de domaine précis, et je ne me mets pas vraiment de limites", explique-t-elle.

Entraide sur les groupes Facebook

À l'heure d'été, les fils Facebook fleurissent de doléances d'étudiants "en galère". On y déniche toutes sortes de petites annonces pour des jobs estivaux : poste de vendeuse à temps plein dans une boucherie à Stella Plage, job d'animateur à Fréjus... Hauts-lieux d'entraide, les groupes Facebook étudiants (toulousains, bordelais, lyonnais) deviennent des centrales à offres d'emploi. Entre ceux qui demandent et ceux qui offrent un travail, il y remonte toutes sortes d'emplois : convoyeur en CDD à temps partielanimateurs sans BAFA...

Sur le groupe "Étudiants de Bordeaux", on oriente Lauriane, en DUT carrières sociales, qui souhaite garder des enfants, vers le site de mise en relation nounoutop. À Quentin, étudiant en histoire à l'université Toulouse-Jean Jaurès, et "à la recherche d'un job d'été (garde d'enfants, aide aux devoirs, distribution de tracts, journaux...)", on suggère "d'envoyer un CV et une lettre de motivation à la mairie", laquelle offre quelques postes l'été. Quant à Stella, une étudiante qui cherche "urgemment" un job d'été sur un groupe Facebook de petites annonces de Seine-et-Marne, on conseille de postuler dans des supermarchés, car, "avec les soldes, ils recrutent".

Un job, quitte à travailler en-dessous du SMIC ? 

Quel que soit le réseau social, la pêche à l'emploi révolutionne les petites annonces. Lycéen et sapeur-pompier, Charles, 16 ans, guette les offres d'emploi à Draguignan ("ou dans les alentours"). Dans un visuel qu'il a créé et mis en circulation sur Facebook, il n'hésite pas à se vendre en mettant en avant un avantage... compétitif : mineur, il coûte seulement "80 % du SMIC". "Alors ça si c'est pas un CV d'un gars motivé", commente David, sous la publication qui a récolté plus de 100 likes :

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Lire aussi : Jobs d'été : moins de 18 ans, quels sont vos droits ?

Une demande d'emploi virale

CV insolites en patchwork de tweets, ou détournant des publicités... Pour sortir du lot face à une concurrence pléthorique, certains s'appuient sur les tendances en ligne pour attirer l'attention. Johana, [le nom a été changé], étudiante à Polytech, s'est créée un compte Twitter totalement dédié à sa recherche d'emploi :

Orné d'émoticônes colorées, son appel à effectuer "n'importe quel job (ou presque) à partir d'août 2017" ne remporte pas, pour l'heure, un franc succès. Elle interpelle les comptes des sites d'emploi. "J'ai eu l'idée en lisant des articles qui parlaient d'appels lancés sur les réseaux sociaux, que ce soit pour des offres d'emploi ou autre chose. Généralement, ça permet de faire circuler l'info assez rapidement !", explique-t-elle. Du moins, si le tweet devient viral.

Ce travail, elle aimerait le trouver à l'étranger, car il viendrait valider sa mobilité internationale. Obligatoire pour tout élève-ingénieur, elle peut consister en un stage, un semestre d'étude... ou un travail. Trop tard pour le semestre à l'étranger. Comme sa date limite est le 31 octobre, son champ des possibles rétrécit de jour en jour. "Mes profs m'ont conseillé 2 mois à McDo à Monaco...", atteste Johana, désabusée, qui préférerait éviter cette opportunité.

Hélas, si les réseaux sociaux sont souvent plutôt pertinents pour créér le buzz, ils ont le mauvais goût d'être peu efficaces en ce qui concerne la recherche d'emploi

Retrouvez les autres épisodes de notre série "réseaux sociaux" :

Épisode 1 : Sur les réseaux sociaux, la sous-alimentation des étudiants s'exprime sans fard
Épisode 2 : 
"Gouffre à temps libre", "l'enfer"... Quand les étudiants taclent leur administration
Épisode 3 :
 Sur les réseaux sociaux, les étudiants angoissent avec leurs partiels

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